Tintin au pays des NFT
Les ayants droit du dessinateur Hergé se lancent dans la grande aventure de l’art numérique. Deux NFT à la gloire du “Lotus Bleu” seront bientôt commercialisés, marquant une nouvelle étape dans l’histoire de Tintin.
Ces trois lettres suscitent toujours la perplexité au sein du grand public: le principe du NFT, pour “Non Fungible Token” (littéralement “jeton non fongible”), n’a pourtant rien de complexe. Il s’agit tout simplement d’une archive ou d’une oeuvre numérique, dotée d’un certificat d’authenticité scellé dans la blockchain (une technologie de stockage et de transmission d’informations sur le web).
En soi, le NFT n’est donc pas “palpable”, mais il existe bel et bien dans l’univers virtuel et c’est précisément ce monde numérique que la société Tintinimaginatio (anciennement Moulinsart) qui gère l’exploitation de l’oeuvre d’Hergé a choisi d’explorer.
Au cours de ce premier trimestre 2023, les gardiens du temple hergéen mettront sur le marché deux NFT à la gloire du célèbre reporter, version Lotus Bleu. “Continuer à faire vivre Tintin sans la création d’un nouvel album est un vrai défi, explique Yves Février, responsable du numérique chez Tintinimaginatio. Aujourd’hui, le musée de Louvain-la-Neuve est le coeur analogique de l’oeuvre d’Hergé, mais notre ambition est de développer tout un univers digital autour de Tintin et ceci grâce à la technologie NFT.”
Musée virtuel
Les tintinologues avertis se souviendront que la vie numérique du héros d’Hergé a toutefois débuté il y a quelques années déjà. Premier site web en 1996, boutique en ligne en l’an 2000, réseaux sociaux dès 2009, premier podcast de ses aventures en 2017… Tintin connaît bien la planète internet, mais son arrivée dans l’univers des NFT marque aujourd’hui un tournant dans l’exploitation commerciale de ce personnage de BD.
“On peut dire que 85% de l’oeuvre d’Hergé se trouve dans le giron de Tintinimaginatio et que 15% est en circulation dans des collections privées, poursuit Yves Février. On pourrait donc imaginer, à terme, un musée virtuel constitué des oeuvres que nous n’avons pas, mais qui sont toujours protégées par le droit d’auteur. Grâce aux NFT, nous pouvons donc gérer ces oeuvres de manière numérique.”
Près de 3,2 millions d’euros
C’est précisément le cas pour ce projet de couverture du Lotus Bleu qui a battu, il y a tout juste un an, le record mondial d’enchères pour la bande dessinée, avec un achat proche des 3,2 millions d’euros, frais compris, à la maison Artcurial. L’identité du propriétaire reste toujours un mystère, mais rien n’empêche Tintinimaginatio d’exploiter l’oeuvre dans une autre version, puisque le dessin avait été numérisé lorsqu’il se trouvait encore chez son éditeur Casterman.
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Aujourd’hui, l’oeuvre est donc ravivée dans un double NFT. Le premier, présenté comme “collectible” (sic), prendra la forme exclusivement numérique de ce dessin “tiré” à 1.777 exemplaires uniques, numérotés et vendus 350 euros pièce.
Le second, dit “utilitaire”, fera le lien entre le réel et le virtuel puisque le format choisi sera celui du logo NFT officiel de l’oeuvre d’Hergé qui accompagnera cette fois les 777 exemplaires numérotés d’un vrai tirage papier de ce projet pour Le Lotus Bleu et dont le prix sera fixé entre 650 et 750 euros. Cumulées, ces ventes d’un genre nouveau devraient rapporter plus d’un million d’euros à Tintinimaginatio.
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