TikTok voit une lueur d’espoir aux Etats-Unis avec Oracle
Le gouvernement américain va étudier cette semaine une “proposition” transmise par le groupe chinois ByteDance, incluant la société américaine Oracle, pour tenter de résoudre le différend sur la plateforme à succès TikTok dont les activités américaines sont sous la menace d’une fermeture imminente.
“Nous avons reçu une proposition au cours du week-end qui inclut Oracle comme partenaire technologique de confiance, avec de nombreuses recommandations en matière de sécurité nationale”, a affirmé lundi sur la chaîne CNBC le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Le ministre de Donald Trump n’a pas précisé sous quelle forme le partenariat pourrait se faire entre le groupe chinois et le californien Oracle, spécialisé dans les logiciels et services à destination des entreprises.
De son côté, une porte-parole de TikTok a indiqué que cette proposition “pourrait résoudre les problèmes de sécurité” redoutés par l’administration Trump.
“Cette proposition nous permettrait de continuer à soutenir notre communauté de 100 millions de personnes aux États-Unis qui aiment TikTok (…) ainsi que les centaines de milliers de propriétaires et de créateurs de petites entreprises qui comptent sur TikTok pour développer leurs moyens de subsistance”, a-t-elle ajouté.
Plus tôt, Oracle avait confirmé de son côté dans un communiqué, que sa proposition faisait partie de celle “soumise par ByteDance (maison mère de TikTok) au département du Trésor au cours du week-end”.
Pour l’heure, aucun détail sur la nature de cette proposition n’a été officiellement dévoilé.
Une source proche du dossier a toutefois indiqué au Wall Street Journal que l’accord ne sera “probablement pas structuré comme une vente pure et simple” tandis que certains médias, citant des sources chinoises, évoquaient lundi un “partenariat technologique privilégié” et non pas une vente des activités américaines de TikTok.
CNBC a aussi évoqué la possibilité qu’Oracle prenne une participation minoritaire au capital de TikTok.
Donald Trump avait exigé par décret une vente des opérations. Reste donc à savoir si un partenariat pourrait satisfaire l’hôte de la Maison Blanche.
Le temps presse puisque la date butoir a été fixée au 20 septembre, soit dimanche, a précisé Steven Mnuchin.
Le président américain, qui accuse TikTok d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois, avait, lui, évoqué mardi comme échéance.
TikTok, qui a toujours rejeté de telles accusations, avait porté plainte cet été contre le gouvernement américain.
“Sécurité nationale”
La proposition d’Oracle sera examinée “cette semaine au comité Cfius”, qui passe en revue les investissements étrangers aux Etats-Unis, a précisé Steven Mnuchin.
“Puis nous ferons une recommandation au président et l’examinerons avec lui”, a-t-il ajouté.
Steven Mnuchin s’est refusé à “entrer dans les détails de la négociation”, martelant que la condition sine qua non était la préservation de la sécurité nationale.
L’administration Trump va s’assurer “que la technologie sur les téléphones américains est sûre”, a-t-il poursuivi, évoquant “une grande confiance en Microsoft et Oracle”.
Pour Carl Tobias, professeur de droit à l’université de Richmond, “il est difficile de savoir ce qu’Oracle veut dire en affirmant vouloir servir de fournisseur technologique de confiance de Tiktok.”
“Cette notion est cruciale car l’une des raisons principales des décrets de Trump venait des inquiétudes au sujet de la menace que fait peser TikTok sur la sécurité nationale”, ajoute M. Tobias, qui se demande si l’accord sera suffisant pour empêcher l’interdiction de la plateforme aux Etats-Unis.
Microsoft hors course
A Wall Street, le titre d’Oracle a terminé en hausse de 4,32%. Sa cotation avait été suspendue peu après l’ouverture.
Microsoft avait fait part dès début août de son intérêt pour le rachat des opérations américaines de TikTok. Le groupe de supermarchés Walmart s’était allié avec lui dans ces négociations avant que l’opération ne soit rejetée dimanche par ByteDance.
De son côté, le ministère chinois du Commerce avait allumé un contre-feu en amendant — pour la première fois depuis 2008 — sa liste des technologies soumises à des restrictions ou interdictions d’exportation.
Celle-ci comprend désormais, entre autres, des technologies d’intelligence artificielle (traitement des données, recommandation de contenus, etc.) qui ont fait le succès de l’application TikTok, où les vidéos s’affichent sur l’écran des utilisateurs principalement en fonction de leurs goûts, et beaucoup moins de leurs contacts.
ByteDance avait dans la foulée fait savoir qu’il “respecterait strictement” les nouvelles règles de Pékin, c’est-à-dire l’obtention d’une licence d’exportation auprès des autorités.
En plus d’être un enjeu diplomatique, le sort de TikTok aux Etats-Unis pose des questions de taille au niveau économique et sociétal.
En août, l’application, plébiscitée par les adolescents, a dépassé les 2 milliards de téléchargements dans le monde et revendique une présence dans plus de 200 pays.
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