Thibault Léonard: “Depuis ma chimiothérapie, je veille à ne pas être indispensable”

THIBAULT LÉONARD "Ma femme me dit souvent que j'ai acheté Mardaga par patriotisme." © PG/BARBARA GROSMANN
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Surcharge de travail, stress, solitude… Les facteurs de risque s’accumulent pour la santé physique et mentale des patrons de PME. Ceux-ci n’ont cependant pas toujours conscience que leur santé, c’est le premier capital immatériel de leur entreprise et qu’elle mérite une attention prioritaire. Des indépendants et patrons de PME témoignent. Aujourd’hui, c’est le CEO des éditions Mardaga, qui a dû subir une chimiothérapie.

“ C’est fou comme tout peut basculer très vite. L’après-midi, j’étais encore à 200 à l’heure dans le développement de ma boîte et le soir, à deux heures du matin, je me retrouvais avec ma perfusion à l’hôpital.”

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Thibault Léonard, patron du groupe d’éditions Mardaga et des livres digitaux Primento, se rappellera toujours de cette soirée du mois d’avril 2014 où il s’est rendu aux urgences pour une douleur persistante. Une semaine après, on lui enlevait une tumeur maligne. Le début d’une chimiothérapie et d’un combat contre le cancer qui fut une sérieuse épreuve pour ce jeune patron bouillonnant.

“Mentalement, s’arrêter pour une chimio était très difficile à vivre. Car j’étais toujours excité par les challenges, les projets et je bossais à fond”, se souvient-il alors qu’il avait décidé de ne mettre personne au courant. “C’est un sujet qu’on évite de peur que tout le monde ne parte en courant. Je craignais cela si je disais que j’avais un cancer avec le risque de ne plus être là six mois après.”

Une question d’image

Ce n’est qu’au début de sa chimio, quelques mois plus tard, que le sujet est évoqué aux équipes. Peu d’autres personnes sont informées. Le jeune homme ne veut pas renvoyer l’image d’un malade. D’ailleurs, il continue de rester impliqué, à distance, dans la gestion de l’entreprise malgré une motivation parfois fluctuante en raison de son traitement. Il a souvent fallu prendre du recul et dépasser une certaine solitude: “On est vraiment amené à se recentrer et relativiser pas mal de choses”.

Mais pour ce battant, l’entreprise reste “son bébé” et lui permet de “s’occuper”, malgré tout. Aujourd’hui totalement tiré d’affaire, Thibault Léonard tire les enseignements d’une telle épreuve. “Désormais, plus qu’avant, je suis très heureux quand je ne suis pas indispensable et que les équipes prennent de l’autonomie. Je relativise beaucoup ma valeur ajoutée car quand je suis parti en chimio, Primento n’était pas encore bénéficiaire et quand je suis revenu, on l’était: l’équipe avait continué à faire son job. Désormais, je m’attelle à détecter les faux problèmes des vrais, ce qui fait gagner du temps. Enfin, je travaille différemment avec un meilleur équilibre vie professionnelle/privée: je n’ouvre généralement plus le PC les week-ends, ni très tard le soir car je sais que la vie peut être plus courte qu’on ne le pense…”

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