THETAtRAME, la spin-off liégeoise qui veut révolutionner le traitement du cancer
THETAtRAME va agir sur l’ARN pour s’attaquer aux cancers les plus résistants. Ses premiers candidats-médicaments devraient être développés d’ici deux ans.
La lutte contre le covid avait révélé l’ARN au grand public. Il s’agissait alors d’ARNm (messager) mais il existe aussi l’ARNt (transfert) et c’est le coeur du travail de THERAtRAME. Cette nouvelle spin-off de l’ULiège et de Welbio (institut interuniversitaire de recherche, financé par la Wallonie) ambitionne de développer ainsi des solutions thérapeutiques innovantes contre le cancer.
Les recherches des professeurs Alain Chariot, Francesca Rapino et Pierre Close (centre de recherche Giga à l’ULiège) ont révélé que les cellules cancéreuses modifiaient l’ARNt pour accélérer les métastases et les rendre résistantes aux traitements. En agissant directement sur l’ARNt, il devrait donc être possible d’obtenir les effets inverses. Pierre Close et Francesca Rapino ont fondé THERAtRAME, afin d’approfondir cette voie pour s’attaquer aux cancers les plus résistants. “Le monde de l’ARN émerge depuis une petite dizaine d’années, explique Pierre Close, pharmacien et docteur en biologie moléculaire. Il recèle un très gros potentiel de thérapies innovantes, misant sur l’adaptabilité cellulaire. Elles ont été jusqu’ici très peu exploitées, en particulier en cancérologie.“
Quand il y a peu d’acteurs, on se retrouve plus vite parmi les leaders mondiaux, prêts à saisir les plus belles opportunités. Mais comme c’est neuf, le risque est aussi particulièrement élevé. THERAtRAME dispose heureusement d’un atout spécifique : ses créateurs ont bâti des modèles mathématiques, basés sur l’intelligence artificielle, pour préparer les futures phases cliniques et prédire quels patients recruter pour quelles thérapies. “Cela va accélérer le processus et aussi le dérisquer, assure Pierre Close. Ce sont des éléments importants pour les investisseurs, cela ouvre les opportunités pour ces nouveaux domaines de recherche.” Cela a en tout cas permis à THERAtRAME de lever 2,5 millions d’euros dans un tour de table d’amorçage réunissant Noshaq, la SRIW, l’ULiège et le fonds QBIC3. La Région wallonne apporte en outre deux millions en subsides à la recherche. Ces moyens permettront à la spin-off de poursuivre son travail pré-clinique, avec l’objectif de pouvoir proposer des candidats-médicaments pour les phases cliniques dans les quatre ans.
“Nous souhaitions faire sortir nos recherches de l’institut Giga pour leur donner une orientation plus industrielle, confie Pierre Close. Nous démarrons la grande aventure de l’entrepreneuriat. Nous sommes jeunes dans ce métier, nous avons besoin du soutien de ces investisseurs qui vont nous apporter à la fois leur expérience et leur réseau.” Ils ont aussi choisi de s’adjoindre des compétences entrepreneuriales confirmées. La direction de la spin-off sera en effet assurée par Ching Man Choi, actif dans le développement de biotechs depuis une quinzaine d’années, notamment chez Bone Therapeutics.
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