Studio 100 envisage des acquisitions
Studio 100 souhaite développer son offre de parcs en Europe dans les années à venir. Pour ce faire, il vise principalement à acquérir des parcs existants. “Aujourd’hui, il est pratiquement impossible d’ouvrir un parc de plein air Plopsa en partant de zéro”, explique Hans Bourlon, directeur général.
Studio 100 a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires légèrement inférieur à celui de l’année exceptionnelle qui l’a précédée, comme prévu: 224,5 millions d’euros, contre 229,6 millions en 2022. En net, le groupe de divertissement s’améliore: il a dégagé un bénéfice de 12,7 millions d’euros l’an dernier, contre 7 millions en 2022. Quant au ratio d’endettement, il a été réduit après la pandémie, pour atteindre aujourd’hui un ratio de 1,52.
Studio 100 a en effet repris son souffle en 2022 après cette période difficile au cours de laquelle 40 millions d’euros de capital se sont évaporés. “De nombreux spectacles et événements dans nos parcs, qui avaient été suspendus pendant la pandémie, ont de nouveau pu avoir lieu cette année-là”, explique Hans Bourlon, directeur général.
Le groupe s’est ensuite recentré sur son core business pour relancer sa croissance. “Si vous ne faites que du contenu, vous mettez votre destin entre les mains des grands patrons de studio du moment, résume Hans Bourlon. C’est pourquoi nous avons commencé très tôt à sonder l’industrie des loisirs, dont l’essentiel des revenus provient de la billetterie des parcs à thème et des spectacles.” Pour réaliser cet article, nous nous sommes également entretenus chez Studio 100 avec la CFO Ellen van Elsen et Didier Vuylsteke de Laps, head of business affairs.
TRENDS-TENDANCES. Plopsa, la division des parcs à thème, est-elle le principal centre d’intérêt de Studio 100 ? Plopsa représente environ la moitié de son chiffre d’affaires.
ELLEN VAN ELSEN. Les parcs sont notre principal moteur de croissance. Nous terminons la première quinzaine d’un projet total de 55 villas à La Panne. A terme, notre offre d’hébergement atteindra un millier de lits. A partir de ce moment-là, nous passerons du nom de Plopsaland à celui de Plopsa Resort Belgian Coast. Nous voulons que les gens puissent passer plusieurs jours chez nous.
DIDIER VUYLSTEKE DE LAPS. Le fil conducteur de notre stratégie est que nos parcs à thème en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne s’adressent principalement aux familles. Ils sont moins fréquentés par les adolescents que d’autres parcs d’attractions. Les familles apprécient également nos spectacles et nos parades et y consacrent plus souvent un week-end.
Carl Lenaerts, le nouveau directeur général de Plopsa, a pris ses fonctions en octobre. Quelles idées apporte-t-il ?
D.V.D.L. C’est un véritable people manager qui est souvent présent dans les parcs. Bien sûr, il ne changera pas totalement de cap, mais il apporte de nouvelles idées. Tout d’abord, il y a la politique tarifaire. Les prix d’entrée peuvent désormais varier d’un jour à l’autre, en fonction de l’affluence attendue. Il mise sur des spectacles et de nouvelles parades, en mettant davantage l’accent sur la présence des personnages dans les parcs.
Studio 100 possède des parcs en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Comptez-vous vous lancer dans d’autres acquisitions?
D.V.D.L. Nous disposons d’un budget qui nous permettra d’élargir notre offre en Europe dans les années à venir. Nous voulons d’abord acquérir des parcs existants. Dans de nombreux cas, il s’agit de parcs familiaux qui sont passés d’une sorte de fête foraine à un parc à thème. Ils se transmettent de génération en génération, jusqu’à ce que les nouveaux propriétaires abandonnent. Après avoir acheté un tel parc, nous investissons pour y intégrer nos thèmes et nos personnages. Il y a actuellement plusieurs dossiers sur la table, mais nous n’avons pas en tête un nombre précis de parcs que nous voulons reprendre dans un avenir proche.
HANS BOURLON. Cette semaine, nous visitons quatre parcs allemands en une seule journée. Aujourd’hui, il est pratiquement impossible d’ouvrir un parc de plein air Plopsa en partant de zéro. Il faut obtenir les autorisations nécessaires et les coûts d’infrastructure sont énormes. Sur le plan géographique, la concurrence est également souvent un défi pour les nouveaux parcs. Par conséquent, nous voyons des candidats à l’acquisition appropriés principalement dans les parcs plus anciens, comme Holiday Park en Allemagne, que nous avons acquis en 2010.
Vous avez ouvert quatre parcs Mayaland et un parc aquatique Plopsaqua en Pologne depuis 2018, en coopération avec un fonds d’investissement privé. Sera-ce la même stratégie?
H.B. Je n’exclus rien, mais l’intention est de réaliser les acquisitions entièrement en interne. Sur les parcs en Pologne, nous sommes minoritaires, puisque nous détenons 21 % des parts. Nous avons conçu ces parcs avec nos thèmes pour notre partenaire, Momentum Capital.
D.V.D.L. Nous considérons ces parcs en Pologne comme une forme de diversification des risques. Bien que le personnage de Maya y soit populaire, l’Europe de l’Est n’est pas un marché essentiel pour nous. Nous recherchons principalement des parcs appropriés en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. L’Autriche pourrait également prendre de l’importance. C’est dans ces pays que nos personnages et nos spectacles sont les plus populaires. Nous ne nous lancerons pas de sitôt dans une aventure en Chine ou à Dubaï, car il est beaucoup plus difficile d’y faire des affaires.
“Nous commettrions une gigantesque bêtise si nous négligions l’intelligence artificielle dans notre studio d’animation.” – Hans Bourlon, CEO de Studio 100
Ce caractère international se retrouve aussi plus que jamais dans le travail de production que vous effectuez pour les services de diffusion en continu Netflix et Paramount+. Vous attendez-vous à une forte croissance dans ce domaine ?
H.B. Notre studio de Sydney produit une série animée, dérivée de Stranger Things et le film d’animation Avatar:The Last Airbender qui sortiront respectivement en 2026 et 2025. Je ne suis pas autorisé à révéler les budgets exacts, mais nous nous attendons à une forte croissance des revenus de cette commande. Ces projets nous ont permis d’attirer beaucoup plus de personnes compétentes à Sydney. Cela portera ses fruits dans les grandes productions que nous voulons réaliser.
Que signifie l’essor de l’intelligence artificielle (IA) pour Studio 100 ?
H.B. Nous constatons déjà aujourd’hui que nos droits intellectuels sont convoités. Alors que les coûts de production vont bientôt baisser de façon spectaculaire, il deviendra plus accessible de produire de l’animation. Par conséquent, les droits sur nos personnages prendront de la valeur. C’est pourquoi deux grands noms de l’industrie insistent pour que nous leur cédions une partie de nos droits intellectuels.
E.V.E. Nos droits, c’est un joyau de la couronne que nous tenons à garder. Ils sont extrêmement lucratifs sur le plan financier, puisque les chaînes de télévision achètent encore régulièrement des renouvellements de licences pour nos productions.
H.B. Mais nous commettrions une gigantesque bêtise en négligeant l’IA avec notre studio d’animation. Jeffrey Katzenberg, l’ancien patron des studios Disney, a déjà déclaré que les films d’animation pourraient être réalisés avec un dixième du budget d’ici deux ans grâce à l’essor de l’IA. Les générateurs de vidéo, comme Sora d’OpenAI, semblent prometteurs, mais je ne m’attends pas à ce que les outils spécialisés existent déjà demain.
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