Start-up: l’Europe muscle (enfin) sa stratégie de croissance

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Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

La Commission européenne dévoile un plan d’action ambitieux pour faire émerger davantage de scale-ups technologiques. Reste à convaincre les investisseurs privés et les États membres de suivre.

Avec sa nouvelle stratégie start-up and scale-up, la Commission européenne affiche un objectif clair : faire de l’Union un terreau fertile pour les entreprises technologiques à forte croissance. Ce tout nouveau plan vise à répondre aux faiblesses récurrentes du marché européen : fragmentation réglementaire, manque de capital-risque, lenteur administrative et « exits » limitées sur les marchés financiers.

L’enjeu est stratégique : malgré un quadruplement du nombre de jeunes pousses depuis 2015, seules 8 % des scale-ups mondiales sont basées en Europe. Et près de 30 % des licornes créées sur le continent entre 2008 et 2021 ont choisi de s’implanter… ailleurs, aux Etats-Unis majoritairement. La Commission veut inverser la tendance, en misant sur un cadre réglementaire unifié, une meilleure mobilisation des financements privés et une simplification administrative.

La stratégie s’articule autour d’une série de priorités : réglementation, financement, accès au marché, talents, infrastructures et mesure des progrès. Plusieurs initiatives concrètes sont annoncées. Parmi elles :

  • un 28e régime pour simplifier la création d’entreprise, dès l’année prochaine,… et permettre leur création en 48h comme c’est le cas par exemple dans le Delaware (USA) ou… en Estonie grâce à une procédure online, facilitée par l’e-residency permettant à tout fondateur de créer sa boite là-bas sans y être résident physique.
  • un Scaleup Europe Fund privé-public pour répondre aux besoins de financement supérieurs à 100 millions d’euros,
  • des mesures d’attraction des talents via un programme Blue Carpet avec, entre autres, une harmonisation des régimes d’options sur actions,

Le tout s’inscrit dans une logique d’intégration progressive avec les États membres et les pays candidats, et prévoit une première évaluation d’ici fin 2027.

Plusieurs limites subsistent

Évidemment, malgré l’ambition affichée, plusieurs limites subsistent. Le calendrier reste étalé : la majorité des mesures ne seront effectives qu’en 2026 ou au-delà. À l’échelle des start-up, c’est une éternité… De plus, la mise en œuvre dépendra largement des États membres, alors que les réglementations fiscales, sociales ou sur l’insolvabilité restent de leur ressort, ce qui devrait créer des disparités locales…

Le document de l’UE reconnaît aussi les lacunes actuelles : la faible représentation des femmes dans les équipes dirigeantes, le sous-investissement des fonds de pension (7 % du capital-risque) ou encore les difficultés d’accès aux marchés publics pour les start-ups. Sans une mobilisation accrue du secteur privé – notamment via des initiatives comme le European Corporate Network – le risque de voir les innovations européennes partir sous d’autres drapeaux reste réel.

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