Les scale-ups belge ont de bons produits, mais une structure trop fragile pour soutenir la croissance

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Vincent Genot
Vincent Genot Coordinateur online news

Malgré des produits solides et une ambition de croissance affirmée, les scale-ups belges peinent à grandir. Leur organisation interne reste le principal frein à une expansion durable.

La dixième édition du Rising Star Monitor menée par Deloitte Belgium et le Vlerick Scale-Up Centre met en évidence une dynamique contrastée dans l’écosystème entrepreneurial belge. Les scale-ups (NDLR: entreprise qui a déjà dépassé le stade de la start-up et qui entre dans une phase de croissance rapide) continuent d’afficher une ambition de croissance élevée. Environ 37 % d’entre elles projettent une expansion rapide, un niveau stable par rapport aux années précédentes. Les plus ambitieuses anticipent une quarantaine de recrutements supplémentaires et une progression de leurs ventes au cours des cinq prochaines années.

Mais cette ambition se heurte au même obstacle que lors des éditions précédentes. La maturité organisationnelle reste insuffisante et recule même de dix-sept points par rapport aux PME établies. Les lacunes les plus marquées concernent la gouvernance, la gestion des talents et la capacité à structurer des processus reproductibles. L’étude souligne que la compétence liée aux personnes, qui englobe les mécanismes de recrutement, de développement et de rétention, demeure le levier le plus déterminant pour soutenir un véritable passage à l’échelle.

Product trap

L’excellence produit constitue toujours le point fort des entreprises belges. Elle n’est toutefois plus un différenciateur. Les sociétés moins ambitieuses obtiennent même des résultats légèrement supérieurs à celles qui visent une croissance rapide. Le rapport y voit l’illustration du product trap, un phénomène dans lequel l’innovation avance plus vite que l’organisation interne. Les ventes et les opérations en témoignent. Les scores liés à la réplicabilité commerciale et à la scalabilité opérationnelle demeurent faibles. Les processus reposent encore largement sur les connaissances individuelles, ce qui rend la croissance difficile à reproduire lorsque le volume augmente.

La maturité financière suit une logique comparable. Les entreprises surveillent correctement leurs flux de trésorerie mais rencontrent encore des difficultés lorsqu’il s’agit de planifier et de prévoir. Cette faiblesse limite leur capacité à engager sereinement des investissements ou de nouvelles embauches. Les scale-ups bénéficiant d’investisseurs externes affichent de meilleurs résultats, ce qui confirme l’effet structurant de la responsabilité externe.

Enfin, l’intelligence artificielle reste principalement utilisée pour automatiser des tâches administratives. Une intégration réellement stratégique exige des données de qualité, des compétences adaptées et une gouvernance plus solide, trois éléments qui manquent encore à une partie du tissu entrepreneurial.

En synthèse, le rapport confirme que les scale-ups belges ne manquent ni d’idées ni de produits performants. Leur principal défi consiste désormais à construire des organisations capables d’absorber la croissance et de la rendre durable, en réduisant peu à peu la dépendance aux fondateurs et en renforçant la structure interne qui soutient leurs ambitions.

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