Il est possible de prévoir l’échec de votre start-up en fonction de votre personnalité
Des universitaires ont cherché le lien qu’il pouvait y avoir entre la personnalité du patron d’une start-up et son succès. Spoiler : une bonne idée et beaucoup de travail ne suffisent pas toujours.
Dans le monde des start-up, la réussite est l’exception plutôt que la règle. Plus qu’une bonne idée novatrice qui répond particulièrement bien à la demande du marché, il semble que se soit la personnalité du ou des fondateurs d’une start-up qui soit déterminante. Elle aurait même un impact significatif sur ses chances de réussite. Une étude a ainsi démontré que sur 101 échecs de start-up “tech”, 23 % étaient dus au fait de ne pas avoir la “bonne équipe”. Ce qui en faisait la troisième cause d’échec, devant le manque de liquidités ou le fait de ne pas avoir un produit répondant aux besoins du marché. Mais lorsqu’on demande aux experts quelles sont les qualités d’une bonne équipe ou celles des fondateurs de start-up qui réussissent, la réponse varie presque à chaque fois.
Déterminer certains traits de caractère
Pour tenter de donner une réponse scientifique à cette question, des chercheurs de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, de l’université d’Oxford et de deux autres universités australiennes ont étudié les données de milliers de fondateurs de start-up.
Plus spécifiquement, les chercheurs ont commencé par définir les critères de succès pour une start-up. Celle-ci devait soit avoir été achetée, avoir racheté une autre entreprise ou qu’elle être cotée en bourse. Ils ont également identifié 21.000 fondateurs de start-up via Crunchbase (l’annuaire mondial le plus important des startups).
Ensuite, ils ont, pour le résumer très sommairement, analysé leurs tweets pour déterminer certains traits de caractère. Cela peut sembler une technique digne d’un doigt mouillé, mais en réalité la méthodologie est moins fantaisiste qu’il n’y paraît. Elle est basée sur une méthode qui a fait ses preuves dans l’orientation professionnelle et permet de « matcher » les travailleurs à leurs professions idéales.
A l’aide d’un algorithme d’apprentissage automatique, ils ont ainsi créé des profils psychologiques pour 128 000 utilisateurs de Twitter (générés à l’aide du langage trouvé dans leurs tweets) et ont synchronisé ces profils avec leurs professions. Leur algorithme a retrouvé les fondateurs de start-up à succès avec une précision de 82,5 %. La preuve que les fondateurs de start-up se distinguent de la masse ?
Une personnalité différente du reste de la population
La publication des résultats de leur étude dans la revue Nature est sans appel. Les fondateurs de start-up qui réussissent ont des traits de caractère que l’on ne trouve généralement pas de façon aussi présente dans le reste de la population. Parmi les facettes clés qui distinguent les start-uppeur prospères des autres personnes qui peuplent se monde, l’étude distingue « une préférence la nouveauté et l’aventure. Ils aiment aussi être au centre de l’attention et donc pas particulièrement modeste. Ils sont plus actifs que la moyenne. Au-delà de ces traits qu’ils partagent dans une mesure variable, il n’y a pas un seul type de personnalité qui émerge. Au contraire l’étude en distingue six.
- Le combattant: soit présentant une stabilité émotionnelle ( peu ou pas de colère, d’anxiété, penchant dépressif ou à l’immodération, vulnérabilité) mais aussi spontanée et impulsifs, robustes, sceptiques et inflexibles.
- L’opérateur : consciencieux, humble et aimable
- L’”accomplisseur” : extraverti, organisé, confiant, pragmatique, satisfait, accommodant, tempéré et sûr de soi.
- Le leader: Aventureux, persévérant, impassible, assertif, maître de soi, résistant à la pression, philosophe, en quête d’excitation et confiants.
- L’Expert/ingénieur : esprit d’initiative, ouverture d’esprit, imagination et intellect.
- Le Développeur : il possède toutes les qualités ci-dessus, mais aucune de façon plus marquée que les autres.
Posséder un seul de ces traits ne suffira pas forcément. C’est surtout une combinaison de ces traits qui serait particulièrement payante. L’étude spécifie des combinaisons particulièrement prometteuses. Par exemple un “Leader” aventureux, un “Accomplisseur” consciencieux ou encore un “Developer” extraverti.
La bonne nouvelle, c’est que ces qualités ne doivent pas forcément être concentrées dans une seule personne. “Les entreprises comptant trois fondateurs ou plus ont plus de deux fois plus de chances de réussir que les start-up fondées par un seul individu”, selon Fabian Stephany, le coauteur de l’étude. Mieux encore, les start-up composées de diverses combinaisons de types de fondateurs ont 8 à 10 fois plus de chances de réussir que les entreprises ayant un seul fondateur. Les combinaisons particulièrement payantes seraient, toujours selon l’étude, «un leader et deux développeurs», «un opérateur et deux développeurs» et «un expert/ingénieur, un leader et un développeur».
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