Parkings d’entreprises: Izix, spin-off de BePark, prend son envol

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Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Née au sein de la scale-up bruxelloise BePark, Izix et son logiciel de gestion des parkings est devenue une start-up indépendante. Aujourd’hui, elle lève des fonds pour attaquer l’Europe. Retour sur une scission nécessaire mais rare dans l’univers des start-up du digital.

Au gré d’une levée de fonds à 3 millions d’euros annoncée la semaine passée, l’écosystème des start-up digitales s’est enrichie d’un potentiel nouveau champion en devenir. Son nom? Izix. Son business? Un logiciel de gestion digitale des parkings de bureaux et d’entreprises. Avec l’appli Izix, il est possible d’optimiser la gestion du parking notamment les accès, la disponibilité des places, l’usage des bornes de recharge électriques, etc.

Izix est déjà présente en France, au Luxembourg et en Espagne, dans 150 bâtiments depuis son lancement en 2021. Et forte de sa récente levée de fonds auprès de finance&invest.brussels et du fonds luxembourgeois (de grandes familles belges) Noia Capital, elle entend grimper à 500 bâtiments d’ici 2025. Pour ce faire, elle pourra s’appuyer sur ses quelque 25 employés présents depuis sa création. Vingt-cinq employés? En effet, la start-up bruxelloise ne part pas réellement d’une page blanche: elle est issue de BePark, une autre boîte bruxelloise, plus connue. Izix n’est autre qu’une spin-off qui, désormais, prend véritablement son envol.

L’histoire d’Izix remonte à 2018. Alors directeur opérationnel chez BePark, Dorian de Broqueville identifie une problématique de plus en plus importante pour les clients de sa firme. “L’évolution des villes était de plus en plus claire, note l’actuel patron d’Izix. Les tendances des villes à 10 minutes, avec moins de parkings en voirie, de la mobilité douce, de l’électrique… Tout cela pouvait commencer à générer une forme de stress pour nos clients. D’un côté, les responsables d’entreprises allaient devoir anticiper cette transition vers l’électrique et les vélos. Il fallait – et il faut toujours – arriver à organiser les flux, la disponibilité des places et donner la priorité aux bons comportements. De l’autre côté, les acteurs de l’immobilier doivent aussi commencer à viser juste et proposer les bons services à leurs entreprises clientes. Sans cela, ils risquent de rendre leurs bâtiments moins attractifs alors qu’aujourd’hui, le marché est offreur. Izix vient avec une solution et peut les accompagner dans cette transition.”

Spin-off dans la start-up

Dans un premier temps, l’idée consiste à développer ce logiciel et à le commercialiser via BePark. De quoi offrir une valeur ajoutée aux services de cette start-up spécialisée dans la rentabilisation des espaces de parkings vides (des entreprises et spécialistes de l’immo) en les partageant avec les particuliers et les entreprises. La solution, qui s’appelait à l’origine BePark for Business, doit aussi offrir de nouveaux revenus et de la récurrence supplémentaire à la firme bruxelloise. Non sans intérêt de la part des clients car le “département” commence à se développer sérieusement en interne.

Mais cela s’accompagne aussi d’un certain nombre de difficultés. D’abord, les commerciaux commençaient à y perdre leur langage et devaient avoir des approches totalement différentes selon qu’ils parlaient de cette solution digitale ou de l’offre de base de BePark. “La base de BePark consiste à valoriser des mètres carrés, à permettre d’opérer et de rentabiliser des parkings, détaille Julien Vandeleene, fondateur de BePark. Tandis qu’Izix commercialise des licences logicielles pour optimiser des parkings. Cela implique des techniques de vente totalement différentes. Pour Izix, il faut faire des démos, vendre un logiciel en mode Saas (software as a service). Tandis que pour BePark, l’activité est plus transactionnelle. Sans compter que les clients commençaient à s’y perdre dans les produits et services que l’on pouvait proposer.” Même avec un nom commercial (Izix) qui allait être trouvé au sein de la firme bruxelloise, cela demandait un dédoublement des équipes. Ce qui pouvait se révéler compliqué…

Dorian de Broqueville (Izix) “Nous devons faire du volume, car nos licences coûtent entre quelques centimes et quelques euros par mois et par utilisateur.”
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“Nous devons faire du volume, car nos licences coûtent entre quelques centimes et quelques euros par mois et par utilisateur.” Dorian de Broqueville (Izix)

Car la naissance de BePark for Business n’était déjà pas sans impact sur les finances de la firme. “Izix nécessitait des capitaux de plus en plus importants, notamment en R&D, enchaîne Julien Vandeleene. Pour se faire une idée: Izix va maintenant investir le double de l’Ebitda de BePark! Par ailleurs, nous devenions une boîte invalorisable par les financiers car nous étions en train de devenir une firme opérationnelle qui voulait être valorisée comme une boîte tech…”

Fossé culturel

Enfin, les gros développements de l’équipe d’Izix créaient aussi un fossé culturel au sein de l’entreprise. “Deux cultures différentes s’étaient développées, confirme le boss de BePark. Chez Izix, ils parlaient anglais tout le temps, avaient des développeurs en remote et fonctionnaient beaucoup en mode consultants d’un point de vue commercial.” Le tout avec des approches et des métriques différentes: la partie tech, qui vise une croissance importante, parle d’utilisateurs et de coûts d’acquisition clients, là où BePark observe surtout son Ebitda. En plus, sachant qu’Izix comptait presque la moitié des employés de la structure, le choc devenait réel. Il aura fallu une année pour réaliser la scission. Et le processus d’entrée du géant français Indigo n’aurait en rien précipité les choses. Selon Dorian de Broqueville, la décision de scinder les deux activités a été actée en juin 2022, soit bien avant les discussions de reprise de la majorité de BePark par Indigo, en juin de cette année.

Izix veut devenir l’operating system (l’OS) des parkings au niveau européen.

Désormais, Izix se positionne comme une start-up totalement indépendante de sa “grande sœur”, ce qui doit aussi lui permettre de s’adresser à l’ensemble du marché. Pour le moment, BePark reste le plus gros client de sa spin-off. Mais sa place fond progressivement au fur et à mesure des nouveaux gros contrats engrangés par Izix.

Libre et ambitieuse, Izix dispose à présent d’un credo fort et veut devenir l’operating system (l’OS) des parkings au niveau européen. Une brique technologique qui aide à faire fonctionner digitalement tous les ingrédients du parking et y ajoute une couche intelligente grâce au traitement des données, offrant ainsi à ses clients un outil pour répondre aux défis ESG. Ses clients sont des entreprises corporate et des acteurs de l’immobilier de bureau essentiellement, à qui elle propose des licences annuelles. Pour un prix variable selon les typologies de clients (nombre de places) et du nombre d’utilisateurs: “Nous devons faire du volume, car nos licences coûtent entre quelques centimes et quelques euros par mois et par utilisateur”, indique Dorian de Broqueville.

Disposant d’un modèle éprouvé auprès des clients de BePark et appliqué depuis la scission, Izix s’attaque désormais à l’Europe, forte de 3 millions d’euros d’apport en capital. Avec un gros focus sur notre voisin hexagonal. Elle vise, en effet, la moitié du marché français, soit 2.500 bâtiments. Ce qui correspond à 16 fois plus qu’actuellement… sur quatre pays. Ambitieux.

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