Okret : collecter les données sur les vêtements usagés pour mieux combattre la fast fashion

Sara Kovic, fondatrice d'okret © Annabel Lucas

L’objectif principal de la start-up okret est de collecter des données sur les modèles de consommation et les comportements des consommateurs, et ce afin d’améliorer la qualité et la longévité des vêtements.

Sara Kovic est d’avis que le système de vente en seconde main via Vinted et les traditionnelles collectes de vêtements dans les bulles-conteneurs pourraient bientôt être chamboulés. Avec sa start-up okret, elle entend bien transformer l’industrie textile pour la rendre plus circulaire. Bientôt, nous pourrons louer un vêtement moyennant une caution ou aller le rendre au magasin quand nous ne voulons plus le porter.

Sara Kovic a fondé la plateforme de « re-commerce » okret (révolution en serbe) il y a un an. Duror Fashion Group, plus connu du grand public sous la marque Terre Bleue, est son premier grand client. Pour eux, Sara Kovic a mis en place un système de reprise des vêtements de la marque directement dans leurs magasins. Les articles collectés de cette manière sont triés en trois catégories. Les vêtements en bon état seront revendus, ceux légèrement abîmés seront réparés et les pièces qui sont jugées très abîmées serviront à nouveau sous forme de matière première.

Car si presque toutes les entreprises textiles étudient les possibilités d’une logistique inversée, cela demande du temps et de l’énergie. “Il ne me semble ni utile ni significatif que chaque marque développe son propre système de retour de son côté”, affirme Sara Kovic.

L’entrepreneuse sait que de nombreuses marques souhaitent devenir plus durables et que l’UE les incite à le faire, mais bien souvent celles-ci ne savent pas toujours par où commencer. C’est pourquoi elle considère sa société comme un guichet unique pour les marques souhaitant se lancer dans l’aventure de l’économie circulaire. “Au lieu que chaque marque reste isolée, je rassemble toutes les connaissances. Je veux lever les obstacles qui les empêchent de passer à l’économie circulaire en leur fournissant des solutions prêtes à l’emploi”, précise-t-elle.

Collecter de données

« Okret ne se lance pas seul dans cette aventure, il s’agit d’une communauté qui collabore, souligne sa fondatrice dans un communiqué. Notre société ne s’attarde pas assez sur la question, mais les personnes déjà intéressées et l’innovation joueront un rôle clé dans la transition vers l’économie circulaire. Pas nécessairement en se mettant à vendre des vêtements d’occasion, mais surtout parce qu’avant de les vendre, toute une série d’optimisations des processus et une nouvelle organisation de l’entreprise sont nécessaires. »

Car c’est là que réside l’objectif principal de la start-up : collecter des données sur les modèles de consommation et les comportements des consommateurs. Sara Kovic travaille actuellement avec trois employés et une équipe informatique qui gère la plateforme depuis la Serbie. Son but est d’en apprendre plus sur l’histoire des articles retournés. “Si nous savons combien de temps un consommateur porte un vêtement, s’il a été réparé, ce qui ne va pas dans sa coupe, alors nous pouvons étendre ce schéma afin d’améliorer la forme, la qualité et la longévité des vêtements.”

Aujourd’hui, le tri est généralement l’apanage des magasins de seconde main classiques. Selon Kovic, on ne peut pas leur confier l’entièreté de cette tâche : “Ils pensent encore souvent de manière très linéaire : collecter, revendre ou recycler, c’est fait.” Les consommateurs récupèrent les vêtements de seconde main. “C’est bien de revendre nos vêtements par l’intermédiaire de Vinted, mais cela ne nous permet pas de collecter des données”, estime Mme Kovic. “L’information sur le produit est alors perdue. »

La location de vêtements, la nouvelle norme

Dans le cadre de la directive européenne sur les REP (abréviation pour “responsabilité élargie du producteur”), les marques seront tenues de reprendre les vêtements dont les consommateurs ne veulent plus. Kovic entend bien préparer les marques belges à cela.

Avec cette ligne de conduite, Sara Kovic s’inscrit dans la lignée de la mesure européenne concernant un passeport numérique pour les produits textiles. Les marques qui rejoindront okret seront automatiquement guidées dans cette démarche d’une plus grande transparence. “Je ne veux pas que ce soit un service secondaire. Un passeport est un moyen, pas une fin. Pour l’instant, on ne sait pas encore très bien ce que l’Europe veut savoir sur les produits. » Pour Sara Kovic, cette politique ne va pas assez loin. À terme, la location de vêtements doit devenir la nouvelle norme.

Sarah Vandoorne

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