MOSC, le surveillant belge des prix de l’e-commerce

Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Constatant les fluctuations incessantes des prix sur l’ensemble des plateformes d’e-commerce, un jeune entrepreneur a lancé MOSC, un appli qui scrute les évolutions tarifaires en ligne. Un projet encore tout petit, mais qui commence à se faire remarquer en France.

Est-ce que cette paire de chaussures que j’achète aujourd’hui en solde sur ce site internet est à son prix le plus bas ? Est-ce intéressant sur cet e-shop d’acheter un appareil à fondue aujourd’hui ou dois-je attendre? Pas toujours évident de savoir si l’on fait vraiment des affaires quand on achète en ligne. Les plateformes d’e-commerce affichent très régulièrement des prix réduits, des promotions ou des ventes flash, même en dehors de la période des soldes. Cela, Mathieu Guffens a pu le constater lorsqu’il bossait dans l’e-commerce. “J’étais aux premières loges pour constater que les réductions sur les articles n’étaient pas limitées aux périodes de soldes, de Black Friday, etc. Les consommateurs partent souvent du principe qu’il faut attendre ces moments pour bénéficier de tarifs préférentiels. Ce n’est pas vrai.”


Pour pallier ce manque d’information et offrir un meilleur service aux consommateurs, Mathieu Guffens a imaginé MOSC, une application mobile permettant de surveiller les prix des articles en ligne. Le concept est simple : les utilisateurs téléchargent l’application et peuvent, via MOSC, chercher les produits qui les intéressent dans les différents webshops (Amazon, Bol, etc.) et l’ajouter à leur liste de produits suivis. L’application les informera dès qu’une baisse de prix est détectée. Cela, c’est le point de départ de MOSC. “Le premier prototype de MOSC avait pour but de suivre des articles et de notifier aux utilisateurs lorsqu’il y avait une baisse de prix, enchaîne Mathieu Guffens, le fondateur. Par exemple, si une paire de chaussures passe de 90 à 70 euros, une notification est envoyée.” Mais progressivement, le patron s’est rendu compte que les prix fluctuaient encore bien plus qu’il ne le pensait. “C’est fou, les prix fluctuent tout le temps, principalement chez les géants de l’e-commerce, avec des changements pouvant survenir jusqu’à 15 fois par mois, ajoute-t-il. Cette information est inestimable pour les utilisateurs qui ne savent pas que le prix était 30% moins cher quelques jours auparavant.” Aussi, l’idée a rapidement évolué pour inclure des graphiques et un historique des prix. “En utilisant MOSC, les consommateurs peuvent ainsi être mieux informés et prendre des décisions d’achat plus éclairées.”

50.000 produits 
dans le viseur

Aujourd’hui, l’application est en mesure de scruter les articles dans pas loin de 1.400 e-shops, en France ou en Belgique. Et le choix des articles suivis par MOSC se fait de manière collaborative. Ce sont les utilisateurs qui font leur choix et mettent sous suivi des produits. C’est à partir du moment où un utilisateur intègre un produit dans son cart de suivi que commence le tracking et donc la création de l’historique. En effet, à ce stade, MOSC ne suit pas de manière systématique tous les prix de l’ensemble des articles mis en vente sur les plateformes. Ce serait, de fait, très onéreux à organiser. Et inutile puisque mieux vaut suivre les produits qui intéressent vraiment les consommateurs. “On ne peut pas tracker tous les articles de tous les shops, mais nous couvrons les articles les plus vendus, ce qui représente environ 20 à 25% des articles d’un e-shop. Ce processus collaboratif permet de limiter les coûts”, précise Mathieu Guffens, affirmant suivre l’évolution de prix de 50.000 articles aujourd’hui.

Mathieu Guffens , fondateur de MOSC


Mais où MOSC fait-elle son business exactement ? Pour l’instant, la start-up fondée en 2019, adopte un modèle freemium. Les utilisateurs peuvent ajouter jusqu’à cinq articles gratuitement. Mais pour un suivi plus étendu, un abonnement trimestriel de 6,99 euros est proposé, mais pas encore très souscrit. “L’objectif principal à ce stade n’est pas de générer des revenus mais d’accroître la base d’utilisateurs, répond le fondateur de MOSC. Une fois que nous aurons atteint une masse critique d’utilisateurs, plusieurs modèles de revenus pourront être envisagés, comme des commissions sur des ventes que l’on aura générées ou la mise à disposition d’un dashboard pour les e-commerçants.” Un dashboard peut, en effet, leur permettre d’accéder à des données sur l’évolution de leurs prix, voire des prix de leurs concurrents sur certains articles. Une version bêta du dashboard pour les e-shops locaux est en cours de test, ce qui offre à MOSC un retour précieux pour affiner le produit.

Créer l’audience

Mais la jeune pousse n’est pas encore au stade de commercialiser ses solutions aux e-shops. Mathieu Guffens travaille encore essentiellement sur la notoriété de MOSC et fait tout pour faire connaître son projet. Il faut dire qu’il n’en vit pas : MOSC reste à ce stade un site project à côté de son boulot de chef de projet chez Deuse, firme spécialisée en développement informatique. MOSC est un projet dans lequel il croit et dans lequel il investit modestement sur fonds propres. Avec des premiers résultats dont il n’a pas à rougir : il compterait quelque 30.000 utilisateurs qui ont déjà été informés de 36.000 réductions de prix. Et la base d’utilisateurs devrait continuer de croître s’il parvient encore à faire parler de lui. Le jeune homme sait s’y prendre pour attirer l’attention : il est déjà passé sur les antennes de médias français grand public comme M6 ou Europe 1 dans le cadre de reportages sur les soldes. Car Mathieu Guffens voit grand : “L’objectif est d’atteindre 100.000 utilisateurs, un chiffre atteignable dans la structure actuelle sans levée de fonds ni marketing à outrance”, estime-t-il.


Bien sûr, les défis sont nombreux pour parvenir à s’imposer sur le créneau du B to C : séduire (et fidéliser) une masse importante de consommateurs n’est généralement pas simple. Le bouche-à-oreille suffit rarement et la case marketing et mot-clés, un poste onéreux, risque bien de s’imposer. Viendra ensuite l’étape de la monétisation auprès du public, comme des e-shops. Dans les deux cas, MOSC devra prouver sa valeur et montrer aux utilisateurs qu’ils peuvent réaliser de belles économies pour s’imposer dans leur quotidien de shopping online. Pas toujours évident quand on sait que pas mal d’internautes achètent sur le moment même sans réaliser d’analyse de prix et… sans attendre.

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