Mineralio rend notre plat typiquement belge plus écologique
La jeune start-up récolte les coquilles de moules auprès des restaurateurs dans le but de les revaloriser. Décoration, ameublement, cosmétique, peinture, isolation…, les débouchés sont nombreux. Et c’est tout bon pour l’environnement car, n’en déplaise aux amateurs de notre plat national, l’incinération des coquilles génère une grande quantité de CO2.
Un contrat conclu avec Lunch Garden et tout s’est précipité. C’est ainsi que Mineralio fut officiellement portée sur les fonts baptismaux fin juin pour lancer dans la foulée sa phase test de collecte auprès des cinq restaurants bruxellois de l’enseigne. « Ça démarre fort, sourit le Liégeois Simon Gillet, tout juste 25 ans et seul à la barre de l’activité. Depuis le lancement de notre communication, de nombreux restaurants de la capitale nous ont contacté pour envisager des collaborations. Notre objectif est de récolter un maximum de coquilles auprès des restaurateurs souhaitant entrer dans notre démarche d’économie circulaire. »
Un matériau utile à de nombreux secteurs
Depuis cet été, des tonnes de coquilles de moules sont ainsi récupérées et transportées jusqu’à Tour & Taxis via les vélos-cargos de la société Recyclo, spécialisée dans la collecte de déchets organiques. Elles y sont nettoyées, broyées et rincées. « Nous tamisons le tout pour obtenir différentes granulométries, ce qui permet des esthétiques variées. Au final, le volume des coquilles est réduit par quatre, ce qui facilite le transport. » Le matériel ainsi obtenu peut être utilisé pour toute une série de secteurs. « La coquille est un matière très intéressante, c’est un minéral, donc de la pierre. Revalorisée, elle peut être utilisée dans l’alimentation animalière (principalement pour la volaille), en cosmétique, dans la peinture, l’ameublement, la construction, ou même en plasturgie pour solidifier les plastiques et les charger en matière, leur donner des propriétés et des esthétiques différentes… »
Impact positif
La démarche de Simon Gillet est avant tout environnementale. L’objectif est d’avoir un réel impact positif sur l’environnement, explique-t-il. Car autant la moule semble être une source alimentaire durable, autant la gestion de sa coquille pose un réel problème. Ne se compostant pas, ce biominéral doit être incinéré. Et c’est là que le bât blesse. Les moules absorbent le CO2 dans l’eau pour concevoir leur coquille et lors de l’incinération, la moitié de ce gaz à effet de serre est libéré dans l’atmosphère. « On estime à 20.000 tonnes les déchets de coquilles en Belgique, le rejet de 10.000 tonnes de CO2 pourrait donc être évité, sans l’incinération. »
Il y a les coquilles de moules certes, mais tous les types de coquilles peuvent être revalorisés. « Coquilles d’huître, d’escargot, de bigorneau, etc., c’est la même matière à 1 ou 2% près. Même la coquille d’œuf à 3% près. Ces matières sont composées de carbonate de calcium, du calcaire. Nous commençons avec les moules mais pourquoi pas, par la suite, se tourner vers d’autres types de biominéraux. Notre objectif est de nous diversifier dans les types de déchets valorisables. »
Les débouchés à terme sont donc très vastes. Pour l’heure, Simon Gillet se concentre sur la décoration, un secteur qui permet d’obtenir des marges sans devoir traiter d’énormes flux. Une partie des revenus de Mineralio provient des restaurateurs qui paient pour la collecte des déchets. Mais le principal doit être généré par la vente des produits finis ou des coquilles. « Dans un premier temps, on se concentre sur les produits finis car c’est là qu’il y a la plus grande marge à aller chercher. A plus long terme, on vendra les coquilles revalorisées. »
« La décoration va nous permettre de mieux connaître la matière, la développer, l’améliorer, pour ensuite nous tourner vers l’aménagement d’intérieur, pour produire des plans de travail sur mesure, du mobilier et même des sols en Terrazzo. » Les premiers produits finis (bougeoirs, cache-pots, sous-verres) seront disponibles fin de l’année. Une vente de lancement est prévue durant tout le mois de décembre dans un pop-store de la Galerie Saint-Lambert à Liège. Le jeune entrepreneur, suivi par l’incubateur VentureLab, fait actuellement tout lui-même. « Oui, j’y passe beaucoup de temps, sourit-il. On est dans l’artisanal aujourd’hui, mais à terme nous travaillerons avec une entreprise à finalité sociale pour la production à plus grande échelle. »
Coopérative
Le Liégeois pense se développer en coopérative. Les démarches en ce sens sont en cours. « Je tiens à un projet à impact que ce soit au niveau environnemental mais aussi sociétal. Le système de financement à beaucoup d’importance pour moi. » Niveau investissement, 30.000 euros ont été investis en phase de démarrage (pour la collecte, le nettoyage, le broyage), en partie en fonds propres et en partie avec des Chèques-entreprises et le soutien de la Fondation pour les générations futures.
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