Lizy: “Nous voulons être le Revolut du leasing de voitures”
Forte d’une levée de 11,5 millions d’euros auprès notamment de D’Ieteren et Marc Coucke, Lizy, scale-up de leasing de voitures d’occasion, compte partir à l’assaut de l’Europe avec son approche 100% digitale. Rencontre avec ses deux fondateurs.
On les a pris pour des fous. Quand ils ont commencé à partir à la rencontre du marché et des investisseurs, Sam Heymans et Vincent Castus avaient respectivement 24 et 37 ans. Ils n’ont pas tout de suite réussi à convaincre tout le monde qu’ils allaient pouvoir digitaliser l’univers du leasing automobile. Souvent, on les a regardés avec interrogation… voire avec doute. Mais en 2019, leur entreprise, Lizy, lève 1 million d’euros auprès du groupe D’Ieteren, alors en plein focus innovation au travers de Lab Box, son incubateur maison de start-up. Le spécialiste automobile leur met le pied à l’étrier.
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“Le marché du leasing était (et est encore) très peu orienté sur la tech, analyse Sam Heymans, CEO de Lizy. Cela explique notamment l’investissement de D’Ieteren dans notre start-up voici cinq ans. Il ont compris plusieurs choses : que la technologie allait s’emparer de ce secteur, mais aussi que les véhicules d’occasion allaient devenir un axe important de développement. Pour nous, démarrer assez tôt avec le soutien d’un actionnaire comme D’Ieteren s’est révélé capital, tant au début pour l’accès aux voitures que pour la connaissance du marché et leur expertise.”
Cinq ans après, Lizy a fait du chemin. La scale-up emploie 40 personnes et vient d’annoncer une levée de fonds à 11,5 millions d’euros (dont 4 en capital et le reste en dette) qui complète celle à 40 millions (dont 32 en dette) en 2022. La firme a déjà réussi à séduire 3.500 clients, sa plateforme compte 1.000 voitures et la start-up revendique, pour 2023, un chiffre d’affaires d’environ 10 millions d’euros, soit 200% de plus qu’en 2022. Une croissance que les deux fondateurs expliquent en partie grâce à l’évolution du marché. “La demande de voitures électriques abordables augmente énormément : aujourd’hui, environ la moitié de nos contrats portent sur des modèles électriques ou hybrides. En choisissant des voitures d’occasion récentes, Lizy peut proposer des véhicules électriques de qualité à des prix de leasing inférieurs”, poursuit Sam Heymans.
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Promesse claire
Mais au-delà de l’évolution favorable du marché, les fondateurs se montrent aussi convaincus de la pertinence de leur approche 100% digitale pour expliquer l’importante croissance de leur boîte, qu’ils définissent résolument comme une société de la tech. La promesse est claire pour le client : il peut en effet réaliser l’ensemble du processus de leasing sur la plateforme de la scale-up, du choix de la voiture à la signature du contrat.
Mais si la scale-up se définit comme une entreprise technologique, c’est aussi en bonne partie pour l’usage du digital dans ses propres processus internes. Les deux fondateurs, non issus du secteur du leasing, ont réinventé les opérations avec un œil nouveau et résolument orienté tech, Vincent Castus étant par ailleurs à l’origine d’autres projets start-up comme Assisto qui voulait réinventer le constat d’accident en mode numérique. “Nous avons mis en place notre infrastructure en partant d’une page blanche et avec les principes de la tech moderne”, insiste celui qui occupe le poste de CTO. “On a beaucoup observé les Saas même si ce n’est pas cela qu’on a voulu faire. Mais la simplicité, l’expérience client et la réponse à leurs besoins nous ont totalement guidés. Cela nous a menés à de longs débats entre fondateurs pour faire les bons choix. Par exemple, nous avons pris la décision de ne faire que de la vente sur le net et de refuser des opérations en dehors de la plateforme qui auraient pu générer du chiffre… mais auraient occasionné beaucoup d’administration et de perte de temps.”
“Nous pouvons être opérationnels sur un nouveau marché en moins de trois mois.”
Pensé pour grandir
Par ailleurs, dès le départ, le duo a vu grand et devancé son ambition de croissance. “Nous avons toujours réfléchi à mettre en place une start-up qui puisse scaler, soulignent les deux fondateurs. Et toujours avec une question en tête : qu’est-ce qui pourrait buguer si l’on multiplie nos demandes et notre activité par 100?” C’est ainsi que toute la partie software a été développée en mode international, dès le départ. “Là où d’autres entreprises développent un logiciel pour leur activité belge et puis doivent l’adapter pour l’international, chez Lizy, nous avons fait le contraire: nous avons travaillé en vue de l’international et la partie Belgique comme si on la développait pour un pays spécifique, explique Sam Heymans. Certaines sociétés de leasing qui ont grandi par acquisition utilisent des softwares différents sur chaque marché. A ce titre, Lizy est très différent.”
Avantage de cette stratégie? Non seulement éviter d’avoir des développements trop spécifiques et donc deux équipes techs qui bossent sur des solutions semblables mais, surtout, offrir l’opportunité de lancer techniquement de nouveaux marchés assez rapidement. “Il ne nous faut pas plus de quelques semaines pour disposer d’un site web et d’un funnel (parcours d’achat) complet à disposition des clients, se félicite Vincent Castus. En moins de trois mois, nous pouvons être opérationnels sur un nouveau marché.”
Et bien sûr, en bonne start-up tech, Lizy analyse toutes les options d’intelligence artificielle pour devenir encore plus efficace. Ainsi, chaque amende routière qui lui parvient est désormais traitée de manière totalement automatisée. “Auparavant, les entreprises disposaient de systèmes de reconnaissance de caractères. Mais aujourd’hui, l’intelligence artificielle permet de lire les P.V. mais aussi de comprendre leur contexte et de renvoyer les données principales (prix, voiture, communication structurée, etc.). Cela nous fait gagner beaucoup de temps.” Car c’est bel et bien sur ce ressort que mise Lizy: automatiser au maximum des processus dans une activité complexe. “Nous voulons en quelque sorte devenir le Revolut des entreprises de leasing”, glisse le duo.
Pour y parvenir, la prochaine étape sera d’accélérer sur le marché français où la scale-up s’est déjà lancée mais où le business n’en est qu’à ses débuts. Puis le lancement d’un autre marché. C’est bien la raison de cette nouvelle levée de fonds…
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