L’intelligence artificielle au service du golf
Valentine Godin a mis au point un logiciel prédictif qui permet de gérer des espaces verts de façon plus efficace et plus respectueuse de l’environnement. Première application? Les clubs de golf.
Valentine Godin a effectué la totalité de son cursus universitaire en Angleterre. Après un premier diplôme en économie, politique et relations internationales, elle s’est tournée vers une formation plus technique à l’University College de Londres: ingénieur en environnement. Elle a rédigé son mémoire de fin d’études sur la gestion de l’eau au sein d’un club de golf. Ce travail l’a confrontée à une réalité bien wallonne: l’interdiction depuis 2018 d’utiliser des pesticides et des produits de biocontrôle naturels dans les espaces publics.
“Ces produits de biocontrôle sont pourtant employés dans l’agriculture bio, souligne Valentine Godin. Ce ‘zéro-phyto’ est en passe de devenir la norme en Europe. En France, il découle de la loi Labbé, déjà en application dans certains secteurs. Elle ne rentrera en vigueur qu’au 1er janvier 2025 dans les clubs sportifs. Mais en France, on n’a pas interdit les produits de biocontrôle. Quand je vois le travail mécanique nécessaire pour les compenser, je ne suis pas certaine que l’environnement en sorte gagnant.”
Collecte et prédiction
Valentine Godin a lancé Global Vision Engineering en 2021 et mis l’expérience de son travail de fin d’études au service du développement de Maya, un logiciel qui exploite les données recueillies par des capteurs (sondes, station météo, etc.) et les observations fournies par les gestionnaires de terrain et les croise avec des données historiques et scientifiques. Le tout sous l’égide d’une intelligence artificielle.
“J’ai codé moi-même une version bêta que nous avons testée auprès de cinq clubs de golf: le Golf de Rigenée, du Bercuit, de l’Empereur, de Liège-Gomzé et de Naxhelet. Les résultats ont été très positifs et nous nous sommes donc lancés, avec des développeurs, dans l’élaboration de la plateforme définitive disponible depuis peu.”
Dans un club de golf, Maya agit à trois niveaux: précision de l’arrosage (jusqu’à 30% d’économie en eau), gestion et prédiction des maladies, gestion plus fine des intrants (sable, azote, etc.). Maya adoucit donc la transition écologique de ce sport. Cette solution a déjà séduit une vingtaine de clubs en Belgique, en France, en Espagne, au Danemark et en Grande-Bretagne (dont le célèbre Royal County Down). L’ambition est d’en convaincre 100 d’ici la fin de l’année.
Après le golf, la viticulture
Initialement, Valentine Godin, avec les habituels fools, family & friends, a investi 200.000 euros dans Maya. Pour financer cette ambition, elle est passée à la vitesse supérieure et vient de lever 500.000 euros auprès d’investisseurs privés et d’Invest BW. Mais ce n’est pas tout…
“La plateforme a été conçue pour s’adapter à tout secteur concerné par la gestion de l’eau, des intrants et des maladies. Logiquement, la viticulture sera notre prochain marché potentiel. Ici, on ne parlera plus de fusariose ou de dollar spot (deux maladies fungiques fréquentes des greens, Ndlr) mais de mildiou ou d’oïdium. Le point de gel y sera plus important que le point de rosée. On travaillera avec des sondes de 120 cm plutôt que de 10. Il s’agit simplement d’un paramétrage différent de Maya. L’IA permet, au fur et à mesure qu’elle apprend, de donner au logiciel une spécificité adaptée au terrain qu’elle étudie.”
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