Les compléments Be-Life au-delà de la Wallonie
La PME gembloutoise spécialisée dans les compléments alimentaires appuie sur l’accélérateur depuis l’arrivée à bord de Korys, le fonds d’investissement de la famille Colruyt.
Quand les fondateurs décident de passer le relais, une PME traverse généralement une période délicate. Le producteur de compléments alimentaires Be-Life (Gembloux) semble jusqu’ici réussir parfaitement cette traversée, avec une croissance de 15 à 20%, un chiffre d’affaires qui dépasse désormais les 10 millions d’euros et des perspectives d’extension en France et en Flandre. “Notre marque, présente depuis 1991, est bien connue d’un public plutôt averti en Belgique francophone, résume le CEO Thomas Lienard. Le moment est venu de la faire rayonner au-delà.”
Lire aussi | Korys rachète Newpharma avec le groupe Colruyt
Pour réussir ce pari, le couple fondateur (Bruno Thysebaert et Sandra Lennertz) s’est tourné vers Korys, le fonds d’investissement de la famille Colruyt, qui est devenu l’actionnaire majoritaire de l’entreprise en 2020. Ils ont ensuite choisi d’amener à bord, l’année suivante, un gestionnaire expérimenté en la personne de Thomas Lienard, que l’on a connu auparavant chez Bone Therapeutics, Lundbeck et Lilly.
“Une série d’évolutions qui étaient en gestation depuis deux ans se concrétisent maintenant, explique le CEO. Nous avons une nouvelle entité visuelle, une nouvelle gamme de produits spécifiques pour les femmes et avons procédé à une extension de nos bâtiments, afin de pouvoir augmenter nos capacités de production.”
Cette stratégie était esquissée avant le covid mais celui-ci n’a pas contrecarré les plans, que du contraire. Durant cette période, tout le secteur des compléments alimentaires a connu une forte hausse de ses ventes, le grand public se préoccupant soudain beaucoup plus de sa santé et de la teneur des aliments qu’il ingurgite.
“La progression a depuis globalement ralenti pour le secteur mais Be-Life conserve une croissance à deux chiffres”, assure Thomas Lienard. L’entreprise propose une centaine de produits, susceptibles de répondre à une large palette d’indications: de la lutte contre le stress (les ventes de Magnesium Quatro, leur produit- phare, ont doublé depuis 2019) aux douleurs articulaires en passant par la prévention des allergies et, depuis cette année, la santé féminine.
Ni médicaments ni bonbons
“Ce ne sont pas des médicaments, mais des compléments, précise le CEO de Be-Life. Ils ne soignent pas mais apportent des nutriments nécessaires au bon fonctionnement du corps humain. Une alimentation, même saine, ne nous fournit pas toujours tous ces nutriments en quantité suffisante. On ne prend pas nos produits ‘à la place de’ mais en complément.” Et le CEO de rappeler dans la foulée que la plupart des Belges sont en risque de carence de vitamine D (utile pour son rôle immunitaire et de formation des os) et que plus de 70% sont en risque de carence de magnésium.
“On n’ingère pas nos produits n’importe comment, surtout si l’on en prend plusieurs.”
Mais s’ils ne sont pas des médicaments, les compléments alimentaires ne sont pas non plus des bonbons, aime aussi souligner Thomas Lienard. C’est pourquoi Be-Life s’en tient à une distribution dans des lieux où le consommateur pourra obtenir des conseils avisés, comme les pharmacies, parapharmacies ou magasins bios spécialisés. Ses produits ne sont donc pas présents dans la grande distribution et la présence de la famille Colruyt dans l’actionnariat ne devrait rien y changer.
“On n’ingère pas nos produits n’importe comment, surtout si l’on en prend plusieurs”, précise le CEO. Selon le métabolisme, l’alimentation et les épisodes de vie de chacun, les effets peuvent en effet varier. D’ailleurs, si les compléments alimentaires ne sont pas enregistrés comme des médicaments, les allégations de santé, la composition et l’étiquetage sont très strictement cadrés par les autorités.
Contenants en plastique végétal
Be-Life est l’une des rares entreprises belges du secteur à assurer elle-même la production de tous ses compléments alimentaires. Une production très scientifique car il faut à la fois connaître les meilleurs ingrédients et les substances avec lesquelles les combiner. “Tous les sels de magnésium n’ont pas la même qualité, illustre Thomas Lienard. Notre expertise est de savoir à quelles doses les utiliser et avec quelles vitamines les associer pour faciliter ensuite l’assimilation du produit par le corps humain. Il y a un savant travail de formulation ; ce n’est pas juste mettre de la poudre dans des gélules.”
Il y a surtout une série de produits dits “complexes”, qui combinent plusieurs ingrédients. L’entreprise emploie une quarantaine de personnes, pour la production, les ventes, la logistique et bien sûr la recherche. L’un des axes de développement envisagés par Be-Life est d’intensifier les partenariats avec le monde académique et d’autres entreprises du secteur, afin de soutenir la capacité d’innovation dans une sorte de cluster du complément alimentaire.
L’une des innovations de Be-Life, ce sont les emballages en plastique végétal. Les gélules sont en effet commercialisées dans des petits pots, réalisés à partir de déchets de l’industrie céréalière. Ils ont été conçus en partenariat avec une société française spécialisée dans les emballages. Cela répond aux ambitions de durabilité affichées par l’entreprise gembloutoise, qui se traduit aussi dans le choix d’une ossature bois pour ses nouveaux bâtiments, dans la réduction des additifs entrant dans la composition des compléments alimentaires (certains sont techniquement indispensables aux produits) ou dans le choix d’un enrobage végétal et transparent pour les gélules (le blanc impliquerait un colorant chimique).
Et les ingrédients? Be-Life privilégie bien entendu les matières issues de l’agriculture biologique ou de la biodynamie mais tous ses ingrédients ne sont pas biologiques. “Ce label n’existe tout simplement pas pour les minéraux, comme le magnésium, explique Thomas Lienard. En herboristerie, toutes nos plantes sont issues de l’agriculture biologique. Nous privilégions bien entendu le local, nous travaillons par exemple avec du quinoa belge, mais tout n’est pas disponible en Belgique, ni même en Europe.”
De la biotech aux compléments alimentaires
Ingénieur de gestion, Thomas Lienard a effectué l’essentiel de sa carrière dans l’industrie pharmaceutique, et notamment les biotechnologies. “Le point commun avec Be-Life, c’est que l’on s’occupe toujours de la santé des gens, confie-t-il. Ici, nous le faisons de manière préventive plutôt que curative. Mais dans la pharma comme dans les compléments alimentaires, on contribue au bien-être physique et mental des gens. La grande différence par rapport aux biotechs, c’est qu’ici, nous avons des produits commercialisés (rires). On peut voir directement comment nos efforts sur la qualité de nos produits résonnent chez les gens. Nous disposons d’une marque bien installée et nous allons maintenant essayer d’avancer vers une meilleure reconnaissance auprès du grand public. Nous avons des ambitions de croissance, sur le marché belge comme sur les marchés voisins. Il n’est par ailleurs pas exclu que ces ambitions se concrétisent un jour via des acquisitions. La page est blanche pour l’avenir mais nos fondations sont très solides.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici