Domicilix, plateforme belge au potentiel mondial pour accompagner les vieux jours à domicile 

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Goran Kranjec a créé dans le Hainaut une start-up pour faciliter l’accès aux garde-malades et permettre aux personnes âgées de rester chez eux. Le projet est promis à un développement fantastique. Mais en Belgique, le secteur reste très politisé. 

C’est une idée simple, mais géniale: créer une plateforme pour faciliter l’accès aux garde-malades à domicile, fédérer une communauté et simplifier toutes les formalités administratives. Âgé d’à peine 25 ans, Goran Kranjec a lancé Domicilix dans le Hainaut il y a deux ans. Il songe déjà à étendre le projet à Liège et en France. Un seul regret: le caractère trop politiqué du secteur. Il raconte son histoire à Trends-Tendances. 

Votre idée répond au besoin criant de simplifier l’accès aux garde-malades? 

Tout à fait. Notre logiciel, lancé en février dernier, permet de simplifier, d’automatiser, mais aussi d’encadrer ce secteur qui est parfois un peu compliqué à gérer. On prend vraiment le problème par les deux facettes: offrir le choix des prestataires aux familles des patients, mais aussi permettre aux prestataires de gérer leur emploi de façon simple. Notre plateforme est, en outre, très flexible et pédagogique parce que l’on s’adresse à un public qui est parfois très à l’aise avec internet, parfois pas du tout. Notre projet fonctionne aussi pour les personnes âgées qui n’ont même pas internet chez eux. 

Comment faites-vous avec eux? 

Nous avons gardé notre ligne téléphonique, tout simplement. Nous n’avons pas créé une plateforme pour laisser tout le monde se débrouiller, sans nous en soucier, nous avons un rôle proactif et sommes accessibles à tout moment, tant pour nos prestataires que pour nos bénéficiaires. Nous organisons des plannings, nous suivons ce qui se passe durant les prestations, ce qui permet aux familles d’avoir une certaine quiétude. Ce nouveau système nous permet aussi de nous étendre davantage, de simplifier les processus et d’avoir du temps pour les patients. Les factures et les plannings sont automatisés. 

Comment Domicilix a-t-elle évolué depuis sa naissance, il y a deux ans? 

Nous avons commencé en janvier 2022 avec un système classique, dans la région de Mons, Ath, Soignies. Nous avions nos prestataires et nos bénéficiaires en prenant une marge, de façon assez classique. Mais c’est rapidement devenu ingérable. Il faut également savoir qu’en Belgique, les services de garde-animal sont très peu remboursés, jusqu’à 1000 euros maximum par an dans certaines mutuelles. Nous devions aussi résoudre ce problème-là. Désormais, nous avons complètement changé notre business model. Nous ne prenons plus de marge et nous nous contentons d’un abonnement mensuel pour le logiciel.

Avec la possibilité de vous étendre?

Ce système automatisé responsabilise les prestataires et nous permet de nous étendre, en effet. Nous avons entamé un élargissement de nos activités à Charleroi et à Liège, puis nous comptons viser la France. Mais nous voulons nous étendre étape par étape, en préservant notre qualité de service. On continue à recevoir nos prestataires un par un, au début, pour apprendre à la connaître et veiller à la qualité de leur service. Une fois cela garanti, on ne s’occupe potentiellement plus de rien.

Nous nous y retrouverons en augmentant le nombre d’abonnés.  Nous visons 200 prestataires cette année. L’idée, c’est de proposer à des acteurs du milieu paramédical un job complémentaire, flexible, qui permet de compléter son horaire et d’améliorer ses revenus. 

Vous êtes un peu l’Uber des garde-malades? 

Je ne l’identifie pas comme ça, non. Uber est très détaché de ses prestataires et mise uniquement sur la loi de l’offre et de la demande. Nous, nous fonctionnons comme une équipe, nous sommes en contact tout le temps avec tout le monde via un groupe WhatsApp. Nous offrons un service et, pour les bénéficiaires, tout est gratuit, ils ne payent que le prestataire. Dans notre cas, il y a une dimension sociale et humaine très importante. 

Le potentiel de développement est vraiment important. Une étude de Sciensano rappelait que d’ici à 2050, pour répondre à la demande du vieillissement de la population, il faudrait employer 4000 personnes en plus chaque année. Soit 125 000 emplois. C’est énorme! Et 80% à 90% ont envie de finir leurs jours à domicile, une proportion qui a grandi avec les scandales des dernières années dans les maisons de repos. Mais à mon sens, la demande va être tellement énorme qu’il faudra composer avec tous les services proposés, que ce soit en maison de repos ou à domicile. Cela vaut d’ailleurs pour les autres pays d’Europe, les Etats-Unis ou la Chine. Notre plateforme pourrait servir là-bas aussi, tout en devant être adapté, pour chaque marché, aux réglementations locales. 

En Belgique, êtes-vous bien soutenu dans votre projet? 

Nous évoluons dans un secteur qui est très politisé, j’imagine que vous vous en doutez. Il y a des mutuelles avec qui on peut travailler, d’autres comme Solidaris avec qui c’est tout simplement impossible parce qu’elles sont complètement fermées à l’idée de travailler avec le secteur privé. C’est aberrant: ils préfèrent refuser de proposer un service que de faire appel à nous. Mais que ce soit clair: nous venons en complément, on ne vise pas à marcher sur leurs plates-bandes. 

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