Les premières bouteilles de Corona Cero frappées des anneaux olympiques sont sorties mardi de la brasserie Stella Artois à Louvain. Cette bière sans alcool est en effet l’un des principaux sponsors des Jeux olympiques de Paris. La lager mexicaine sans alcool est produite depuis l’an dernier à Louvain, le plus gros site brassicole européen d’AB InBev, qui dispose d’une unité de désalcoolisation de pointe.
Le marché de la bière est en déclin en Europe, mais s’il y a un segment qui fait de la résistance, c’est le sans alcool. Ce type de produit a connu une croissance annuelle proche des 8% entre 2021 et 2023. La part de marché mondiale reste certes infime, de l’ordre de 1,8%, mais c’est bien une bière de cette gamme qui a été retenue comme produit vitrine des prochains JO.
Cet événement sportif iconique est le parfait endroit pour établir des normes sociales, comme une consommation modérée d’alcool, estime-t-on chez AB InBev. “Nous partageons un ensemble de valeurs communes”, a commenté Michel Doukeris, CEO d’AB InBev, pour justifier le partenariat que le premier groupe brassicole mondial a conclu avec le Comité international olympique et qui comprend également les Jeux d’hiver de Milan (2026) et les estivaux de Los Angeles (2028).
Une innovation 0%
Présent mardi à Louvain, M. Doukeris a rappelé l’importance du site pour l’ensemble du groupe. “Des innovations sont mises au point ici que nous étendons ensuite ailleurs dans le monde.”
Parmi ces innovations, la bière sans alcool. Le tournant a été amorcé dans les années 2010. Jusque-là, ces breuvages manquaient de fraîcheur et présentaient une forte “sucrosité”. Les versions actuelles bénéficient, elles, d’une fermentation complète, et un système de distillation à vide permet d’éliminer l’alcool, tout en préservant les arômes.
Depuis lors, AB InBev revendique, sur son marché domestique, 60% de parts de marché dans le sans alcool. Cette alternative à la bière classique n’est pas tant demandée lors d’opérations comme Tournée minérale, mais bien en été lors des festivals, entre autres. Une version en fût pourrait être proposée prochainement à de tels événements, ce qui pourrait rapprocher encore un peu plus la similitude avec la version classique, une donnée importante pour le consommateur, explique-t-on chez AB InBev.
L’objectif fixé en 2016 par le CEO de l’époque, Carlos Brito, de consacrer d’ici 2025 20% des volumes ABI aux bières faiblement ou non alcoolisées (NABLAB), ne sera pas atteint, mais la hiérarchie actuelle estime qu’on arrivera à ce quota un jour. M. Brito y est allé bravement à l’époque, mais une telle déclaration a permis de faire bouger les lignes et de parvenir à toutes les innovations que nous connaissons aujourd’hui, commente Andres Peñate, vice-président Corporate Affairs chez AB InBev.
Selon lui, la bière, dont la version classique est déjà assez faible en alcool, a un avantage compétitif sur les autres produits alcoolisés comme le vin ou le mousseux qui s’accompagnent de version sans alcool.
“Flexible et dynamique”
L’installation de Louvain est particulièrement “flexible et dynamique”, souligne pour sa part Jason Warner, CEO de la filiale européenne d’AB InBev. D’une capacité annuelle de 10 millions d’hectolitres, la brasserie produit les principales marques du groupe (Budweiser, Corona, Leffe, Stella Artois…) dans tout type de contenant (fût, cannette, bouteilles consignées, bouteilles à usage unique…).
La Corona a atterri dans le portefeuille d’AB InBev après la reprise de Grupo Modelo en 2012. Pour des raisons de concurrence, le géant brassicole a cependant dû laisser la marque à Constellation Brands sur le marché américain. De quoi redoubler d’efforts pour son positionnement en Europe où elle est désormais commercialisée dans 23 pays contre 11 en 2022. Et il va falloir lui faire de la place prochainement sur les lignes d’embouteillage louvanistes. Les responsables du site estiment que la production de Corona Cero va doubler, en raison du partenariat olympique.
