La célèbre chocolaterie est dans la tourmente. Son CEO Salvatore Iannello a quitté l’entreprise liégeoise et le conseil d’administration vient de nommer Sébastien Desclée comme successeur ad interim. Un homme de pub et de marketing pour colmater les pertes et remettre Galler sur la voie de la rentabilité.
Pour Salvatore Iannello, c’est la fin d’une aventure au long cours. L’homme s’est investi durant de nombreuses années dans la chocolaterie Galler, mais la fin de sa mission en tant que CEO vient d’être actée par le conseil d’administration de l’entreprise liégeoise.
Salvatore Iannello avait rejoint Galler au début des années 2000 pour y travailler une dizaine d’années en endossant une première fois le poste de directeur, avant de quitter subitement la société en 2013 pour réaliser un rêve d’enfant: parcourir le monde en voilier avec femme et enfants. Cette expérience maritime l’avait occupée pendant plus de trois ans, avant que l’aventurier ne reprenne finalement les commandes de la chocolaterie Galler en 2019 pour lui donner un cap résolument durable (cacao certifié Fairtrade, réduction de l’empreinte C02, management participatif, etc.
Crises à répétition
Mais cette ‘‘deuxième vie’’ chez Galler n’a pas été de tout repos. Successivement, Salvatore Iannello a dû affronter l’épidémie de Covid en 2020, les inondations catastrophiques de l’été 2021 qui ont dévasté l’atelier de production à Vaux-sous-Chèvremont, la crise énergétique suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022, l’envolée épique des cours de la fève de cacao en 2023 et 2024… De sacrées tuiles qui ont mis à mal les performances de l’entreprise et plombé ses résultats financiers avec des pertes à répétition et, au final, le départ de son désormais ex-CEO.
‘‘Je n’ai pas été ‘remercié’ comme on l’a laissé sous-entendre, déplore Salvatore Iannello. Comme dans un couple qui ne s’entend plus, le conseil d’administration et moi-même avons décidé de nous séparer car nous n’avions plus la même vision sur la direction à prendre. Galler doit encore supporter le triste héritage des inondations de 2021, l’entreprise manque toujours de fonds de roulement, mais le board et moi ne sommes tout simplement plus d’accord sur la manière de la refinancer pour absorber cet héritage.’’
Nouveau souffle
Aujourd’hui, la chocolaterie Galler est en fâcheuse posture financière (le dernier exercice s’est soldé par une perte nette de 1,7 million d’euros sur un chiffre d’affaires de quasi 30 millions) et le conseil d’administration a donc décidé de reprendre les choses en main en désignant un nouveau CEO ad interim en la personne de Sébastien Desclée qui connaît déjà bien l’entreprise liégeoise.
Ce diplômé de la Louvain School of Management a fait ses premiers pas professionnels chez Procter & Gamble de 2000 à 2007, avant d’être débauché en 2007 par Publicis pour redynamiser la filiale belge du groupe de publicité français. Fort de ses bons résultats, il est ensuite devenu CEO de Publicis Belgique en 2011, avant d’opter, deux ans plus tard, pour une carrière davantage internationale au sein de FCB, un vaste réseau d’agences qui appartient au groupe de communication Interpublic, l’un des poids lourds du monde de la pub (en passe d’être intégré au géant Omnicom). Sébastien Desclée y a d’abord été president of international markets, avant de rejoindre la Nouvelle-Zélande en 2021 pour y endosser le rôle de CEO durant deux ans avec 160 employés sous sa coupe.
De retour en Belgique en 2023, il a été furtivement directeur général du groupe de presse IPM (La Libre Belgique, La DH, L’Avenir, etc.) durant moins d’un an, avant de mener des missions de consultance avec sa propre structure Maredco SA.
Un nouvel investisseur?
La voilà à présent aux commandes provisoires de la chocolaterie Galler. La surprise n’est pas totale puisque l’homme a déjà siégé au conseil d’administration de l’entreprise liégeoise durant presque trois ans, de début 2021 à fin 2023. Il connaît bien la marque et, à la demande des principaux actionnaires, il remet donc les mains dans le chocolat pour tenter de redresser la barre. ‘‘Je suis là pour analyser la situation, commente sobrement Sébastien Desclée. Le chocolat Galler est un produit magnifique et je vais aider l’entreprise à trouver son modèle pour la rendre financièrement pérenne.’’
En coulisse, on chuchote qu’un appel à capitaux est déjà lancé pour réinjecter du cash dans l’entreprise qui en a bien besoin. Aujourd’hui, la société est toujours majoritairement détenue par le groupe qatari Al-Afia (50,4%) et par plusieurs actionnaires belges, à savoir les structures Wallonie Entreprendre, Noshaq et Invest for Jobs (qui possèdent ensemble environ 46% des parts), ainsi qu’un groupement d’entrepreneurs liégeois (Luc Pire, Renaud Jamar, Didier Leclercq, mais aussi Salvatore Iannello) qui en détient près de 4%.
Pour Sébastien Desclée, c’est donc un nouveau défi qui se dessine aujourd’hui pour relancer la machine Galler sur les rails de la rentabilité avec, sans doute, une prolongation de son mandat si la chocolaterie parvient à séduire de nouveaux investisseurs.