Sabena Engineering et la Région wallonne misent gros sur le démantèlement et le recyclage d’avions à Charleroi

Sabena Engineering -BELGA PHOTO BRUNO FAHY

Sabena Engineering, Comet et la Région wallonne unissent leurs forces pour créer, à Gosselies, un pôle européen du démantèlement d’avions. Objectif : 50 appareils par an à l’horizon 2030, un investissement de 50 millions d’euros et des retombées industrielles bien au-delà du tarmac carolo.

À deux pas des pistes de l’aéroport de Charleroi, Sabena Engineering veut ouvrir une nouvelle page de son histoire. L’entreprise, spécialisée dans la maintenance aéronautique – principalement militaire – compte désormais se positionner sur le marché encore balbutiant du démantèlement d’avions civils.

“Nous voulons diversifier nos activités et préparer l’avenir”, explique la direction. Le site de Gosselies emploie aujourd’hui 430 personnes, dont 90 % travaillent sur les F-16. Avec ce projet, Sabena vise à réduire sa dépendance à la Défense, tout en misant sur un secteur promis à une forte croissance : entre 700 et 1.000 avions quittent les flottes chaque année dans le monde.

Un projet industriel intégré

Le futur site, développé avec la Société wallonne des aéroports (Sowaer) et Comet, spécialiste du recyclage des métaux, sera conçu comme une chaîne complète : maintenance, réparation, démontage et valorisation des matériaux.

Chaque appareil sera dépouillé méthodiquement : certaines pièces réintégreront directement le circuit industriel, d’autres seront reconditionnées ou certifiées avant revente, et les métaux recyclés sur place par Comet.

L’ambition est claire : atteindre un rythme de 30 à 50 avions traités par an d’ici 2030, soit un à deux appareils démontés chaque semaine. “Nous voulons prouver qu’un démantèlement industriel en Europe peut être économiquement viable face au stockage dans les déserts américains”, résume un responsable.

50 millions d’euros sur la table

Le projet représente un investissement de 50 millions d’euros, dont 18 millions à charge de la Région wallonne — 16 millions pour l’aide au développement et 2 millions pour la formation.

Celle-ci profitera d’ailleurs directement de ces avions “école” : les techniciens pourront s’y exercer sans risque d’endommager des appareils en service.

De nouveaux hangars remplaceront les infrastructures vieillissantes du site, accompagnés d’une dalle d’accueil pour les avions à traiter. La construction devrait démarrer dans les prochaines années, pour une mise en service opérationnelle à l’horizon 2030.

Un modèle exportable

Sabena Engineering voit plus loin : si le modèle fonctionne à Charleroi, il pourrait être dupliqué au Maroc et en Californie, là où des centaines d’avions attendent une seconde vie.

Déjà, l’entreprise a testé son savoir-faire sur plusieurs appareils : un Boeing 737 à Zaventem, un Airbus A330, ainsi que deux avions démantelés à Paris-Charles-de-Gaulle et en Afrique du Sud.

“C’est un pari industriel de long terme”, admet la direction. Rentabilité incertaine, mais positionnement stratégique assuré : “le marché de la maintenance, de la réparation et du recyclage d’avions est en train de se structurer. Nous voulons être dans le peloton de tête.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire