Ryanair va fermer sa base de Zaventem pour la saison d’hiver
Ryanair va fermer provisoirement, durant la saison aéronautique d’hiver, sa base de Zaventem, à Brussels Airport, où sont stationnés deux avions, ont appris mercredi les syndicats lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire. La compagnie irlandaise à bas coûts a confirmé dans la foulée cette décision. Environ 80 emplois sont concernés par cette décision.
S’il a été dit au personnel que les deux appareils reviendraient au mois de mars, Michael O’Leary, le CEO du groupe Ryanair, a, lui, affirmé qu’il n’y avait aucune garantie en ce sens.
Quarante-quatre stewards et hôtesses et 17 pilotes sont notamment concernés par cette décision, ainsi que des ingénieurs et du personnel de soutien à l’aéroport de Zaventem. Au total, ce sont donc près de 80 personnes qui sont touchées.
Aucun membre du personnel de cabine n’est belge. Le personnel sera reclassé dans une autre base, en fonction de ses préférences et/ou de sa nationalité, ou un système de navette sera mis en place entre Zaventem et Charleroi. La situation reste en effet inchangée à l’aéroport carolo (BSCA), où sont basés 15 avions pour l’hiver.
La mesure entrera en vigueur le 29 octobre et les deux avions seront déployés dans d’autres aéroports moins chers, Brussels Airport étant devenu moins compétitif depuis quelques mois en raison des coûts plus élevés, selon la compagnie. “Nous continuerons à nous développer dans d’autres aéroports européens qui comprennent que la baisse des tarifs aéroportuaires est nécessaire à la reprise du trafic aérien après la pandémie de coronavirus”, met-elle en garde.
“Le prix à Zaventem représente 300 à 400% des prix à Charleroi qui reste bon marché”, a illustré Michael O’Leary, pour qui d’autres bases en Europe risquent fort de fermer cet hiver, à l’image de ce qui a été décidé récemment pour Athènes, Berlin, Francfort ou Budapest.
Taxes aéroportuaires et nouvelle taxe fédérale sur les billets
Selon Didier Lebbe, secrétaire permanent de la CNE, ce départ provisoire est en effet dû aux taxes mises en place par l’aéroport de Zaventem et par celles instaurées par le gouvernement fédéral en avril dernier sur les billets d’avions. Les difficiles négociations sociales en Belgique sur le sort du personnel de cabine et des pilotes et les grèves qui en ont découlé au début de l’été n’ont par contre rien à voir dans cette décision, a-t-il été dit aux syndicats. Ce qu’a confirmé Michael O’Leary.
Ce dernier a dénoncé de “folles” et “idiotes” taxes aéroportuaires ainsi qu’une “fausse écotaxe” sur les billets d’avions, qui est “stupide” et “mal conçue”.“Une décision absurde du gouvernement”, a-t-il asséné. Cela alors que Ryanair, grâce à sa flotte d’avions modernes, propose les vols les plus efficients à Brussels Airport d’un point de vue environnemental, a fustigé le CEO.
“La réduction des redevances aéroportuaires est la clé de la croissance à long terme du trafic pour les aéroports et les régions. Cela est impossible à Zaventem à la suite de l’augmentation des coûts aéroportuaires et à la décision idiote du gouvernement belge d’augmenter ses taxes ‘écologiques’. Cet hiver sera extrêmement difficile en raison des prix élevés du pétrole et les aéroports à coûts élevés, comme Zaventem, ne sont pas viables“, justifie-t-il.
“Outre l’augmentation des coûts à Zaventem, le gouvernement belge a introduit de nouvelles taxes ridicules, notamment une taxe de 2 euros par passager au départ sur les lignes de l’UE et une fausse “écotaxe” de 10 euros pour chaque passager effectuant un vol de moins de 500 km. Dans le même temps, les vols long-courriers (et les vols de correspondance) les plus polluants continuent de ne payer aucune taxe environnementale. Si le gouvernement belge voulait vraiment lutter contre le changement climatique, pourquoi exempter les passagers en correspondance (les plus pollueurs de tous) de l’écotaxe de 10 euros ?“, interroge Ryanair.
Aucune garantie d’un retour
Michael O’Leary a prévenu qu’il n’y avait aucune garantie que les deux avions reviennent à la fin mars, lors de la saison d’été, si les tarifs de Brussels Airport ne sont pas revus à la baisse et que les contours de la taxe fédérale sur les billets ne sont pas revus afin que celle-ci s’applique de manière équitable à toutes les compagnies aériennes. “La base ne pourra et sera rouverte qu’à ces conditions”, a-t-il dit.
Il y a quelques jours, le patron irlandais avait déjà indiqué qu’il ne voyait “aucune” croissance en Belgique pour les 12 prochains mois.
“Les clients devront payer plus cher en prenant l’avion avec Brussels Airlines et le groupe Lufthansa, qui ont pourtant été subsidiés par des aides d’Etat”, a lancé Michael O’Leary dans une attaque habituelle contre les soutiens publics qui ont été octroyés à travers l’Europe à la plupart des compagnies aériennes au plus fort de la crise du Covid-19.
Malgré ce départ, Ryanair continuera de desservir Brussels Airport durant l’hiver, à raison de douze routes au lieu de dix-neuf. Les fréquences seront cependant réduites et il n’y aura plus de départs très matinaux, contrairement à aujourd’hui.