Ryanair poursuit sa croissance à Charleroi, mais boude Zaventem

Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le CEO de Ryanair, Michael O’Leary, a annoncé l’ouverture de quatre nouvelles liaisons au départ de Charleroi, tout en maintenant son gel des activités à Zaventem, jugé trop coûteux. La compagnie prévoit une croissance de 12 % en Belgique cette année, portée principalement par l’aéroport de Charleroi.

De passage à Bruxelles pour rencontrer plusieurs commissaires de la nouvelle Commission européenne, Michael O’Leary, le CEO de la compagnie aérienne Ryanair, a dévoilé les nouvelles destinations prévues pour l’été 2025. La saison débute, dans l’aérien le dernier dimanche de mars. Il s’agit de Katowice (Pologne), Nea Anchialos (Grèce), Rome Fiumicino et Salerne (Italie). Par ailleurs, la compagnie augmentera la fréquence de ses vols vers Dubrovnik, Faro, Marseille, Palma, Sarajevo et Zadar. Au total, Ryanair desservira 132 destinations au départ de Charleroi.

Brussels Airport trop cher, Brussels South en plein essor

Malgré sa présence à Zaventem, Ryanair n’y ajoutera aucun vol supplémentaire, la compagnie dénonçant une nouvelle hausse des tarifs de 5 % cette année. « Cet aéroport n’est toujours pas revenu à son niveau de trafic d’avant Covid », souligne Michael O’Leary. À l’inverse, Charleroi a largement dépassé son record pré-pandémie de 8 millions de passagers, frôlant les 10 millions en 2023.

« Nous connaîtrons une croissance de 12 % en Belgique cette année, essentiellement à Charleroi », a-t-il ajouté. Depuis 2023, la compagnie ne stationne plus d’avions à Zaventem, supprimant ainsi les vols tôt le matin. En revanche, 18 avions sont basés à Charleroi, dont 14 Boeing 737 Max, plus économes en carburant et offrant une capacité accrue. Ryanair représente aujourd’hui plus de 80 % du trafic de l’aéroport wallon.

Un espoir dans la nouvelle Commission européenne pour Ryanair

Michael O’Leary se montre nettement plus optimiste vis-à-vis de la nouvelle Commission européenne, bien que présidée par Ursula von der Leyen, reconduite dans ses fonctions. Il a rencontré plusieurs commissaires, dont Apóstolos Tzitzikóstas, en charge des transports, ainsi que le commissaire irlandais.

« J’ai bon espoir avec le nouveau commissaire grec aux transports. La Grèce dépend fortement des compagnies à bas coût. » Un changement de ton, alors que le patron de Ryanair n’avait cessé de critiquer la précédente Commission, qu’il accusait d’avoir « très peu réalisé » et d’avoir surtout pénalisé le secteur aérien au nom des enjeux environnementaux.

Il fustige notamment les taxes sur les émissions de CO₂ (ETS), qui touchent uniquement les vols intra-européens : « Les compagnies américaines, du Golfe ou asiatiques en sont exemptées. » Selon lui, la nouvelle Commission et le Parlement européen, à majorité centre-droit, seraient plus soucieux de la compétitivité.

Il insiste néanmoins : « Nous ne remettons pas en cause les objectifs environnementaux. Nous investissons 35 milliards de dollars dans des avions plus économes en carburant. Mais nous devons mettre fin à ces ‘bullshit taxes’ qui pénalisent l’Europe. »

Le patron de Ryanair espère également que la nouvelle Commission s’attaquera au problème des grèves des contrôleurs aériens, qui, selon lui, provoquent 90 % des retards dans l’UE.

Charleroi et les nuisances sonores : débat en vue

Enfin, Michael O’Leary a commenté, non sans provocation, le renouvellement du permis d’environnement de l’aéroport de Charleroi, dont le processus vient de débuter. Il a estimé que le bruit des avions n’était plus un problème majeur, grâce aux appareils de nouvelle génération, avant d’ajouter : « Même les oiseaux dorment tranquilles à Charleroi. »

Une déclaration qui ne risque pas de convaincre le Collectif citoyen Stop aux nuisances de l’aéroport de Charleroi, très actif ces dernières semaines. Le collectif s’oppose aux projets d’expansion de l’aéroport, qui ambitionne d’atteindre 16,2 millions de passagers d’ici 2045 (+50 % par rapport à 2024) et de passer de 85 912 à 91 370 mouvements d’avions (atterrissages et décollages).

Les documents relatifs à la demande de renouvellement du permis d’environnement sont disponibles sur le site de l’aéroport.

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