Richemont, numéro deux mondial du luxe, a racheté le maroquinier Delvaux
En devenant propriétaire à 100% de la maison Delvaux, le groupe Richemont ne s’achète pas seulement une marque. Il s’offre toute une histoire, en promettant un avenir davantage radieux au maroquinier belge.
“Encore un bijou de famille qui s’en va !” Voilà ce que diront probablement les grognons à la lecture de ces quelques lignes. Véritable institution de la mode belge, la maison Delvaux passe en effet sous pavillon suisse, comme un certain chocolat Côte d’Or vendu au groupe Jacobs Suchard à la fin des années 1980.
Le groupe Richemont, numéro deux mondial du luxe, vient de s’offrir l’entreprise de maroquinerie fondée en 1829 à Bruxelles qui, à vrai dire, n’était plus vraiment belge. Seuls 20% des actions étaient encore aux mains de la famille Schwennicke (propriétaire de la maison depuis 1933), la majorité du capital étant détenu par la société hongkongaise Fung Brands Limited depuis 2011.
C’est donc une page qui se tourne dans l’histoire de la maison Delvaux, pour débuter toutefois un nouveau chapitre sous les meilleurs auspices. Dans l’escarcelle de Richemont, le maroquinier va en effet rejoindre de très grandes marques de luxe – Cartier, Montblanc, Piaget, Baume & Mercier, Van Cleef & Arpels, etc. – et sera donc porté par une vraie stratégie dédiée au savoir-faire raffiné, ce qui n’était pas vraiment le cas ces dernières années.
Doublement gagnant
Pour les deux partenaires, on peut véritablement parler d’une transaction win-win. Avec l’acquisition de Delvaux, le groupe Richemont s’offre une très belle histoire – la plus ancienne maroquinerie de luxe au monde – et donc un argument marketing qui lui permettra désormais de tenir tête aux concurrents directs que sont LVMH (Louis Vuitton, Tiffany, Givenchy, etc.) et Hermès, disposant d’une belle longueur d’avance dans les articles en cuir. “En 1908, Delvaux fut le premier à déposer un brevet officiel pour un sac à main en cuir et peut ainsi être qualifié d’inventeur du sac à main de luxe moderne”, rappelle Richemont dans le communiqué qui annonce cette nouvelle acquisition comme un tournant stratégique.
Le numéro deux mondial du luxe mettra certainement les moyens pour doper cet héritage précieux et aussi la marque à l’international, ce qui représente sans doute le meilleur scénario pour l’avenir de Delvaux qui n’est pas sorti intact de la crise sanitaire. Le maroquinier, fournisseur officiel de la Cour de Belgique depuis 1883 (un autre argument de poids), a vu en effet son chiffre d’affaires chuter de 40% en 2020, avec un plan de restructuration qui prévoyait la suppression de 26 emplois sur les 155 recensés en Belgique (environ 500 collaborateurs à l’échelle mondiale).
Convaincu du potentiel énorme de cette marque presque bicentenaire, le groupe Richemont pourra l’aider à se relever facilement et surtout lui donner une nouvelle aura, grâce à une stratégie certainement mieux ficelée. Avec l’expertise de ce géant du luxe, Delvaux verra sans doute, de son côté, le développement futur de son réseau de boutiques – le maroquinier compte actuellement 55 points de vente – et, peut-être, le déploiement d’un nouveau site de production (à côté de ses trois sites actuels qui se trouvent à Bruxelles et en France).
Même sous pavillon suisse, la belge histoire continue…
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