Revirement d’Elon Musk: Tesla va rester coté en Bourse
Trois semaines après avoir stupéfait les marchés en annonçant sa volonté de retirer Tesla de la cote, le patron du constructeur américain de voitures électriques de luxe Elon Musk a opéré un revirement spectaculaire en décidant de le maintenir en Bourse.
Dans la nuit de vendredi à samedi, il a posté un message sur le site du groupe disant qu’il abandonnait son idée de retrait et qu’il avait informé l’équipe dirigeante “que la voie la meilleure pour Tesla était de demeurer en Bourse”.
“La direction a donné son accord”, a-t-il écrit.
Le milliardaire très médiatique avait surpris le 7 août en tweetant qu’il voulait retirer son groupe de la Bourse, lorsque l’action atteindrait 420 dollars.
Ce montant valorisait Tesla à plus de 71 milliards de dollars et aurait requis au moins 50 milliards de financements si M. Musk gardait sa participation de 20%.
Mais l’action a perdu plus de 20%, passant de près de 380 dollars le jour du tweet à 322,82 dollars vendredi.
Elon Musk a admis vendredi que, sur la base de discussions avec des actionnaires et d’expertises financières des banques Goldman Sachs et Morgan Stanley et de la société d’investissement Silver Lake, “il est évident que la plupart des actionnaires pensent qu’il est préférable que nous restions une société cotée” en Bourse.
Même si la majorité des actionnaires “ont affirmé qu’ils resteraient avec Tesla si nous sortions de la Bourse, le sentiment, en un mot, était +s’il vous plaît, ne faites pas ça+”, a-t-il écrit.
Le Comité spécial du groupe –une émanation du Conseil d’administration, chargée d’étudier la faisabilité du projet d’Elon Musk– a pris acte de ce revirement samedi dans un communiqué, et a prononcé sa propre dissolution.
“Elon a informé le conseil qu’après avoir considéré tous les facteurs, il pensait que la meilleure voie était de ne plus poursuivre cette transaction”, ont expliqué ces membres du conseil d’administration.
– Musk confirmé –
“Le conseil et l’ensemble de la société restent concentrés sur la réussite opérationnelle de Tesla et nous soutenons pleinement Elon pour continuer à diriger l’entreprise”, ont-ils conclu.
La position du patron emblématique de Tesla avait en effet été fragilisée ces dernières semaines.
Le PDG de 47 ans était notamment apparu épuisé dans un entretien au New York Times la semaine dernière, confiant “entre rires et larmes” traverser “l’année la plus douloureuse de sa carrière”, au rythme de “120 heures de travail par semaine” et au prix de somnifères puissants.
Ses déclarations et propositions autour de Tesla ont fait l’objet d’un décryptage minutieux, notamment quand il a affirmé que le financement nécessaire pour une sortie de la Bourse était “assuré”.
Ce projet inopiné, motivé par le désir d’échapper à la pression des obligations d’un groupe coté et tweeté en pleine séance, a suscité l’ouverture d’une enquête par le gendarme boursier (SEC).
Des investisseurs ont aussi porté plainte, accusant Elon Musk et Tesla d’avoir gonflé “artificiellement” le cours de l’action.
Pour Tesla, qui fait encore des pertes colossales mais promet de gros bénéfices sur le long terme, savoir comment satisfaire le marché boursier à chaque publication trimestrielle de résultats reste un casse-tête.
Le constructeur de Palo Alto n’a jamais dégagé de bénéfice sur une année entière en quinze ans d’existence et brûle presque un milliard de dollars par trimestre en investissements et fonctionnement.
Il doit relever le défi de son dernier-né le Model 3, censé transformer Tesla en une marque automobile grand public mais dont les retards de production ont été un boulet boursier.
Mais le patron visionnaire ne semble pas totalement abandonner l’idée d’être un jour indépendant de la Bourse.
“Cela dit”, écrit-il samedi, “ma conviction qu’il existe plus que suffisamment de financements pour sortir Tesla de la Bourse a été renforcée” pendant cet épisode.