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Restons optimistes

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Etre dirigeant d’une entreprise n’a jamais été un chemin pavé de roses, mais plutôt un chemin de croix. Il faut avoir la foi chevillée au corps et garder un optimisme à tout crin pour s’en tirer.

Je ne parle pas ici des patrons des très grandes entreprises. Je parle du patron de la PME d’à côté, ou de la TPE du bout de la rue. Bref, de ces hommes et femmes qui font le tissu économique de notre pays.

Aujourd’hui, ces dirigeants de PME et de TPE savent qu’ils vont payer l’inflation au moins trois fois. La première fois via la hausse de leur coût d’énergie. La deuxième fois via l’indexation automatique des salaires. Et la troisième fois, parce qu’ils ne se font aucune illusion, ils paieront de nouveaux impôts pour financer tel ou tel chèque que l’Etat signera pour tel secteur ou catégorie aux abois. Pour les entreprises, si on devait résumer la situation, il faudrait parodier une série bien connue et dire, WINTER IS COMING. L’hiver arrive pour les entreprises, exactement comme pour les ménages.

Avec le recul, et si on fait fi de ce qui s’écrit ou se dit dans les médias, sommes-nous à ce point condamnés à un hiver rude et sans fin ? Plusieurs patrons de grandes banques et économistes avec qui j’ai pu parler ne partagent pas à 100% le pessimisme ambiant. Oui, l’hiver sera rude, mais pas nécessairement insurmontable. D’abord, comme me le disent ces banquiers, qui se basent sur les chiffres de leur portefeuille crédit et non pas sur un ressenti, il faut se souvenir que le consensus a presque toujours tort. Hier encore, on nous disait qu’il n’y aurait pas d’inflation. Quand elle est apparue, les mêmes experts nous disaient que cette inflation était provisoire. On a vu aujourd’hui la qualité de leurs prévisions, mais on continue de les écouter. Ensuite, l’épargne des Belges est abondante grâce au COVID et elle permet aux citoyens d’amortir le choc de la crise de l’énergie et donc, de soutenir vaille que vaille la consommation. Si on regarde les entreprises, elles ne souffrent pas de la demande, elles ne souffrent pas de ne pas pouvoir vendre. Non, leur carnet de commandes est au contraire plein. Elles souffrent, par contre, de ne pas pouvoir produire, ou de ne pas avoir assez de matière première ou de manquer de main-d’oeuvre qui leur fait rater certains contrats. Et puis, grâce à la récession qui se profile – oui, je dis bien, grâce à cette récession – le prix des matières premières est en baisse, et donc, l’inflation finira par baisser. Après avoir fortement monté, les taux d’intérêt redescendront pour tenir compte de cette baisse de l’inflation. C’est d’ailleurs la première fois que je vois des observateurs économiques souhaiter la récession, car elle va calmer l’inflation.

Ce discours n’est pas un discours naïf, il est tenu par des personnes sérieuses, aussi sérieuses que celles qui nous prédisent la fin du monde. Mais ce discours plus positif est inaudible aujourd’hui. N’oublions pas que l’économie est d’abord une affaire de confiance, notamment dans la capacité des ménages à faire preuve de sobriété en ces temps difficiles. Il faut aussi garder espoir dans la capacité de réactivité de nos dirigeants d’entreprises. A ce propos, je voudrais rappeler ce que disait Churchill des patrons de PME : “on considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre ou une vache à traire. Mais peu voient en lui le cheval qui tire le char”.

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