Elpix, la nouvelle filiale de Partena, veut améliorer la durabilité des entreprises

Anne-Sophie Noël, general manager d’Elpix : "Plus une entreprise augmente sa réputation en termes de durabilité, plus les employés sont fiers d’y travailler." © Olivier Pirard

Partena Professional, deuxième secrétariat social du pays, innove. Il propose désormais d’accompagner les entreprises dans le développement de leur durabilité et dans leur mise en conformité avec les régulations européennes et fédérales. Cet accompagnement prend la forme, au sein du groupe, d’une nouvelle société appelée Elpix.

Elpix tire son nom d’Elpis qui représente l’espoir dans la mythologie grecque. La seule personnification qui soit restée au fond de la boîte de Pandore quand tous les maux s’en sont échappés. On a changé le s en X pour symboliser l’engagement de la société à améliorer l’eXpérience employé et l’eXpérience client. Voilà l’origine du nom de la nouvelle société lancée par Partena Professional.

Elpix a pour vocation d’améliorer la durabilité, sous tous ses formes, de nos entreprises et de les accompagner dans leur mise en conformité avec les régulations européennes et fédérales à venir. Il s’agit du reporting non financier qui découle de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et la Pay Transparency Directive dont on a abondamment parlé ces dernières semaines. L’une comme l’autre n’ont pas encore été transposées dans la législation belge.

Pour la première, le temps presse (la Belgique vient de se faire taper sur les doigts). En effet, si depuis le 1er janvier les grandes entreprises déjà soumises à la directive sur la publication d’informations non financières en vigueur depuis 2018 sont déjà concernées, la CSRD va entrer en vigueur au début de l’an prochain pour les grandes entreprises non cotées qui répondent au moins à deux des trois critères suivants : plus de 250 employés, un CA supérieur à 50 millions d’euros, ou un bilan d’actifs supérieur à 25 millions d’euros. Les critères de la CSRD sont environnementaux, sociaux et de gouvernance.

De l’usage des ressources matérielles à la pollution, en passant par les travailleurs et la biodiversité, les grandes entreprises vont devoir publier des données qui évaluent les risques que leurs activités font peser sur leur environnement, mais aussi sur les risques auxquels elles sont exposées, y compris au niveau de leurs fournisseurs, et même une fois leurs produits ou services vendus à leurs clients.

Complexité

Quant à la directive sur la transparence salariale, elle doit entrer en vigueur en 2026. Elle va engendrer de profonds changements dans les entreprises en termes de droit à l’information et de comparaison des rémunérations. Avec reporting externe obligatoire et mesures de correction si la différence homme-femme dépasse les 5 %. Selon plusieurs études récentes, la Belgique est dans les clous dans les bas niveaux jusqu’au middle management mais les choses se gâtent à partir des cadres intermédiaires, tant au niveau des salaires que de la diversité liée au sexe. Ces deux directives européennes sont d’une grande complexité. C’est à ce niveau qu’intervient Elpix qui, la semaine dernière, a accueilli son premier client : la RTBF.

“L’entreprise publique autonome ne s’y retrouve pas trop dans cette vaste nébuleuse régulatoire”, explique Anne-Sophie Noël, general manager d’Elpix et sustainability director de Partena Professional. La directrice des ressources humaines souhaite élaborer une roadmap pour savoir ce qui commence pour eux et quand et comment intégrer ces nouvelles obligations dans leur propre feuille de route RH. “Il nous revient d’analyser l’impact potentiel de ces deux directives sur la RTBF. Une fois cette analyse complétée, nous entamerons une série de workshops avec eux pour déterminer de quel degré de maturité ils font montre dans les deux législations. À titre d’exemple, la télé publique est déjà à la pointe en termes de diversité et d’inclusion, un des éléments de la CSRD. Elle n’est pas plus menacée par un écart salarial de plus de 5 %. Ces workshops permettront aussi de déterminer un phasage stratégique pour combler les manquements et anticiper les évolutions.”

Degré de préparation

Pour initier le travail, Elpix a mis au point en interne un outil basé sur l’IA, qui détermine l’état de préparation aux problématiques (Readyness Check). Dix-huit questions couvrent l’environnement, le social, la gouvernance, le reporting et la connaissance du cadre régulatoire. Outre son score, l’entreprise reçoit un rapport de 16 pages ainsi que des conseils sur les cinq matières couvertes.

“C’est la porte d’entrée, poursuit Anne-Sophie Noël. Si ce check est offert, derrière, nous proposons une série de services. Le premier axe, c’est inspirer et sensibiliser les entreprises. Des services de consultance sur mesure font partie du deuxième axe pour réussir la mise en conformité et mettre en place des stratégies durables. Nous pouvons, par exemple, aussi accompagner les entreprises dans la labellisation EcoVadis (très répandue dans le monde, cette labellisation analyse l’ESG de façon holistique et décerne des médailles aux entreprises, ndlr) qui n’est pas simple à obtenir mais qui est, de plus en plus, demandée par les clients et dans les appels d’offres. Elpix, comme troisième pilier, propose aussi un accompagnement durable à tous les niveaux. Dans les entreprises qui n’en disposent pas, nous pouvons détacher un consultant ESG à long terme. Nous sommes ici dans le flux courant et pas dans le mode projet. Enfin, comme quatrième axe, nous sommes en train de développer un outil digital avec ResultX pour automatiser, jusqu’à un certain point, le reporting sur base des datas fournies.”

Levier de croissance

À ce stade, Partena Professional, via Elpix, est le seul secrétariat social et pourvoyeur de solutions RH à proposer cet accompagnement. Il offre une alternative, moins chère, à la consultance d’un des Big Four. Elpix est accessible à toutes les entreprises, y compris celles qui ne sont pas clientes de Partena Professional. Cela offre évidemment des possibilités de cross-selling et permet d’entrer dans de nouveaux marchés via une solution qu’elle est seule à offrir. Mais telle n’est pas la philosophie de base du projet.

“Si nous voulons être leader dans notre secteur, c’est notre devoir de faire ce que l’on fait en profondeur avec Elpix, souligne Roeland Van Dessel, le CEO de Partena Professional. Toutes les entreprises, les petites comme les grandes, qui nous font confiance, se trouvent devant une montagne de questions. Les responsables ne sont pas tous formés pour assumer les changements demandés en termes de durabilité et de régulation. C’est donc notre responsabilité de les aider. Par rapport aux Big Four, nous avons l’avantage d’être en contact avec eux tous les mois, voire plus. À nous de les avertir des démarches à accomplir.”

“Les cadres régulatoires sont bons car ils forcent à évoluer, renchérit Anne-Sophie Noël. Mais il ne faut pas les voir comme de la durabilité punitive. Pour nous, la durabilité s’appréhende comme un levier de croissance. Plus une entreprise augmente sa réputation en termes de durabilité, plus les employés sont fiers d’y travailler. Cela contribue à la rétention mais dope aussi l’attractivité de la marque entreprise pour les clients et pour les futurs collaborateurs. L’ESG renforce la compétitivité à long terme.”

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