Egalité homme-femme au travail: “C’est encore bien pire qu’on ne le pensait”
Les femmes ont plus de mal qu’on ne le pensait à accéder au travail et l’écart des conditions de travail et de rémunération s’est à peine réduit entre les sexes en 20 ans, a alerté l’ONU.
L’Organisation internationale du travail (OIT) a développé un nouvel indicateur qui permet de mieux détecter les personnes sans emploi souhaitant travailler que ne le font les actuelles méthodes de mesure du chômage. “Il brosse un tableau beaucoup plus sombre de la situation des femmes dans le monde du travail que le taux de chômage plus couramment utilisé”, a affirmé l’agence onusienne dans un communiqué.
“Les nouvelles données montrent que les femmes ont encore beaucoup plus de mal à trouver un emploi que les hommes”, explique l’OIT, ajoutant que selon ses nouvelles données, 15% des femmes en âge de travailler dans le monde aimeraient travailler mais n’ont pas d’emploi, contre 10,5% des hommes. “Cet écart entre les sexes est resté pratiquement inchangé depuis deux décennies”, insiste l’agence.
Le travail domestique non rémunéré affecte les femmes de manière disproportionnée
En revanche, les taux de chômage officiels des femmes et des hommes sont très similaires. Selon l’OIT, cela s’explique par le fait que les critères utilisés pour déterminer si quelqu’un doit être officiellement considéré comme chômeur ont tendance à exclure de manière disproportionnée les femmes. Il a souligné que les responsabilités personnelles et familiales, y compris le travail domestique non rémunéré, affectent les femmes de manière disproportionnée.
De telles activités, a-t-il dit, non seulement empêchent souvent les femmes de travailler, mais aussi de rechercher activement un emploi ou d’être disponibles pour travailler en ne bénéficiant que d’un court préavis. Autant de critères pour être considérées comme étant au chômage. L’OIT a constaté que le déficit d’emplois était particulièrement grave dans les pays à faible revenu, où près d’un quart des femmes ne pouvaient pas trouver d’emploi. Pour les hommes, le taux correspondant était inférieur à 17%.
L’accès à l’emploi n’est pas le seul problème
L’OIT a souligné que les femmes ont tendance à être surreprésentées dans certains types d’emplois vulnérables, y compris d’aider dans les entreprises de proches plutôt qu’un travail à leur propre compte. “Cette vulnérabilité, associée à des taux d’emploi plus faibles, pèse sur les revenus des femmes”, a déclaré l’OIT. “Globalement, pour chaque dollar de revenu du travail que gagnent les hommes, les femmes ne gagnent que 51 centimes.” L’écart de rémunération varie considérablement d’une région à l’autre, les femmes ne gagnant que 33 cents par dollar dans les pays à faible revenu, mais 58 cents par dollar dans les pays à revenu élevé. “Cette disparité frappante des revenus est due à la fois au niveau d’emploi inférieur des femmes, ainsi qu’à leurs salaires en moyenne inférieurs lorsqu’elles sont employées”, selon l’OIT.