De plus en plus de personnes quittent leur emploi pour reprendre des études ou voyager 

Photo d'illustration © Getty images

Quête de sens, volonté d’améliorer son cadre de travail ou désir de faire un pause : ils sont de plus en plus nombreux à quitter leur emploi pour des raisons personnelles ou éducatives.

De nombreuses analyses l’ont montrées : la période covid a été l’occasion pour beaucoup de personnes de repenser leur rapport au travail et de parfois changer de carrière. Une période qui a engagé à la réflexion, entrainant une augmentation des départs des employés pour des raisons personnelles ou éducatives. C’est ce que montre les chiffres publiés il y a quelques jours par Eurostat, l’agence de statistiques européenne.

Ainsi, au troisième trimestre de 2022, 3,5 millions d’européens âgés de 25 à 54 ans ont quitté leur emploi au cours des trois derniers mois. 

Voyager et étudier au lieu de travailler

La raison prédominante de la perte d’emploi est la fin d’un contrat à durée déterminée. Au total, au troisième trimestre 2022, 53% du total des personnes ayant quitté leur emploi l’ont fait en raison de la fin de leur contrat. Néanmoins, ce motif est en baisse de près de 4 points de pourcentage (pp) par rapport au même trimestre de 2021.

A contrario, la perte d’emploi suite à un licenciement ou à la fermeture de l’entreprise pour des raisons économiques concerne 16% de l’ensemble des personnes ayant récemment quitté leur emploi, en augmentation de 0,7 pp par rapport au troisième trimestre 2021.  

Mais le motif qui est de plus en plus avancé par les personnes qui quittent leur emploi, c’est la reprise des études, le désir de voyager ou d’avoir plus de temps libre. Ainsi, 9% des personnes ayant quitté leur emploi au troisième trimestre 2022 l’ont fait pour ces raisons-là.

Par rapport au troisième trimestre 2021, cette part a augmenté de près de 2 points, passant de 246 000 personnes à 312 000 au troisième trimestre 2022. Cette augmentation est plus prononcée chez les personnes ayant un faible niveau d’éducation (+2,6 pp, passant à 6%) et chez celles ayant un niveau d’éducation élevé (+2,5 pp, passant à 11%).

“La période covid a eu une grande influence sur ma prise de décision”

Clara, ancienne infirmière aux urgences, a démissionné et repris ses études à l’UCL en septembre dernier afin d’obtenir un master en sciences de la santé publique. “J’ai repris mes études car à l’hôpital où je travaillais, il y avait beaucoup de problèmes d’organisation. Et cette mauvaise organisation devait être gérée tant bien que mal par les infirmiers. Toute l’équipe était frustrée, et il n’y avait pas de volonté de la direction de changer les choses. Il n’était plus possible pour moi de continuer comme ça.”

La période covid a eu une grande influence sur ma prise de décision. J’ai beaucoup réfléchi à ce moment-là car cela a été une période tellement dure. Je me suis demandée si à long terme, je voulais vraiment rester infirmière, et surtout continuer à travailler dans ces conditions. Je me suis dit que j’avais les capacités de faire mieux, donc j’ai choisi de reprendre des études pour apprendre à gérer un service, un département, un hôpital et ainsi être en capacité d’améliorer l’organisation des soins. Et je suis aujourd’hui très contente d’avoir pris cette décision.”

Exerçant aussi dans le milieu médical, Sara a quant à elle décidé de quitter son travail pour voyager, en Espagne, au Pérou ou encore au Mexique. “Je me sentais oppressée au travail. J’avais l’impression qu’on me demandait d’agir comme un robot, et d’être dans un milieu où les lignes budgétaires étaient plus importantes que l’humain. J’ai donc décidé de prendre du temps pour moi et voyager. Je ne voulais plus appartenir à ce genre de système.

Après la dépression, le burn-out, la démotivation, j’ai décidé de voyager pour me retrouver. Je me suis rendue compte que je n’étais pas faite pour travailler dans un environnement inflexible, mal payé, et trop exigent. J’ai décidé que je voulais travailler autrement. Et la période covid a influencé cette décision : à ce moment-là, j’ai réalisé qu’on allait tirer aucune leçon de ce qui s’était passé et continuer dans les mêmes conditions, c’est-à-dire le strict minimum. Aujourd’hui, je cherche un emploi qui soit en concordance avec mes valeurs.

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