Cinq conseils pour mieux gérer la génération Z : “Les entreprises sont les nouvelles universités”
La génération Z, ce sont les jeunes nés entre 1997 et 2010. Ils débarquent aujourd’hui en masse sur le marché de l’emploi. Eliza Filby, experte britannique en différences générationnelles, explique aux entreprises comment mieux comprendre cette génération si différente de la précédente.
1. Le travail en constante évolution
En moyenne, les représentants de la génération Z auront 17 employeurs et cinq carrières différentes, affirme Eliza Filby.
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“Ma mère a travaillé pour la même entreprise de ses 16 à ses 65 ans, alors que moi j’ai déjà eu trois carrières avant l’âge de 40 ans”, explique-t-elle. En effet, Eliza Filby a d’abord travaillé pour une université, puis pour de grandes banques, avant d’entamer maintenant sa troisième carrière comme indépendante. Elle était il y a quelques jours en Belgique suite l’invitation du centre international Full Circle, basé à Bruxelles. “Les jeunes voient le travail comme quelque chose de fluide, qui va de soi et qui s’adapte à l’endroit où ils vivent ou à leur mode de vie, dit-elle. La vitesse à laquelle les technologies se développent contribue également à atteindre cette moyenne de 17 emplois, car les gens doivent rapidement revoir et actualiser leurs compétences, et ce en permanence. Les entreprises les plus performantes seront celles qui permettront à cette génération de changer d’emploi ou de carrière au sein même l’entreprise et de se perfectionner.”
2. Le bien-être mental et physique
Le bien-être mental est aussi important que la santé physique. “Cette génération est très consciente des dangers de l’épuisement professionnel, du surmenage, des choix de vie multiples et des réseaux sociaux”, explique Mme Filby. “On est passé d’une société où la santé physique avait un rôle central à une société où le bien-être mental devient tout aussi important.”
« L’éducation est source de stress et d’anxiété pour la génération Z, car elle est de plus en plus déterminante en ce qui concerne la réussite », affirme Eliza Filby. “Votre avenir dépend, en quelque sorte, de certains examens. C’est une culture où l’on vous jette à l’eau et il ne vous reste plus qu’à voir si vous savez nager.”
“La génération Z a grandi avec les réseaux sociaux. Le harcèlement et les brimades ne s’arrêtaient pas à la porte de l’école mais se poursuivent en ligne”, dit-elle. “En plus de cela, il y a eu la pandémie de Covid. Ce n’est donc pas étonnant d’avoir une génération qui accorde autant d’importance au bien-être mental qu’au bien-être physique. Les managers doivent faire preuve de sensibilité et créer une culture où leurs collaborateurs osent répondre honnêtement à la question : est-ce que tout va bien pour vous ?”
3. Un profond fossé entre les générations
Selon Eliza Filby, le fossé entre les différentes générations au travail est beaucoup plus profond que ce que supposent la plupart des gens. “L’âge est l’une des composantes de notre identité, mais il n’est pas souvent valorisé. La plupart des entreprises comptent quatre générations sur un lieu de travail. Vous les voyez travailler l’un contre l’autre, (et non les uns avec les autres). Ce qui fait que toutes sortes de choses coincent dans la communication. La technologie rend, également, la création d’un lien, avec une personne d’une autre génération, plus difficile. Par le passé, les jeunes étaient engagés en tant qu’apprentis et apprenaient des collègues plus âgés et avec plus d’expérience, mais aujourd’hui, les jeunes en savent plus sur la technologie que les travailleurs plus vieux.” Ils commencent un nouvel emploi en étant plus autonomes, explique Filby. “Ils ont grandi en pouvant critiquer les politiciens, les services et les marques en ligne. Ils ont une voix et ils comptent bien l’utiliser.”
L’experte en questions générationnelles propose dès lors quelques conseils pour y faire face. “Je connais des entreprises qui ont des « shadow boards » (des groupes de conseillers, ndlr) avec des jeunes. Je suis également une grande fan du “reverse mentoring” (où ce sont les jeunes qui sont les mentors de personnes plus âgées, NDLR).
4. La programmation est la nouvelle langue
“Dans une économie de connaissance qui veut suivre l’évolution de l’intelligence artificielle, vous devez constamment affiner et compléter les compétences de vos employés. Se baser sur un seul diplôme obtenu au début de notre carrière n’a plus beaucoup de sens”, déclare Mme Filby.
“Il existe une nouvelle langue dans les entreprises. Et ce n’est pas l’anglais, mais la programmation. Une partie de la population active restera sur le carreau si vous ne lui donnez pas la possibilité de l’apprendre. Oubliez les universités. Elles ne pensent pas que les compétences des gens devraient s’élargir pour le marché du travail. Les entreprises doivent savoir que ce sont elles les nouvelles universités.”
5. L’hypocrisie est vite percée à jour
Eliza Filby se réjouit que de plus en plus d’entreprises se vantent d’agir sur le changement climatique et s’engagent en faveur de la diversité et de la vie privée. Mais duper les jeunes est une mauvaise idée. “Votre engagement doit être authentique, sinon les jeunes vous cloueront au pilori. Ils sentent l’hypocrisie de loin. La génération Z baigne dans une bonne dose de scepticisme et c’est très bien”, déclare Eliza Filby. “C’est pourquoi Greta Thunberg est si importante. La façon dont elle a remis Andrew Tate à sa place, oh mon dieu.” Filby fait référence à un tweet de l’activiste climatique suédois. En quelques mots, elle a mis KO le machisme du kickboxeur-entrepreneur britannique. “Un certain cynisme est très sain” précise encore Filby.
Génération alpha
La génération Z (1997-2010) vient après la génération Y aussi baptisée les millennials (1981-1996), la génération S (1965-1980) et les baby-boomers (1946-1964). Après génération Z vient la génération alpha (soit ceux nés à partir de 2011). Et à quoi peut-on s’attendre des enfants des millennials ?
“La génération alpha s’attendra à ce que sa vie suive un algorithme”, explique Eliza Filby. “C’est la génération qui sera la plus exposée à l’intelligence artificielle”. Ils sortiront, consommeront et travailleront de manière complètement différente. La guerre froide leur semblera aussi lointaine que la bataille de Waterloo, et ils remettront tout en question, selon Filby. “De la démocratie aux concepts occidentaux de progrès ou de domination en passant par l’idéal de l’homme soutien de famille. Ce sera également la génération dont la vie sera définie par les données et qui connaîtra un manque de vie privée”, estime Eliza Filby. “En moyenne, ils auront 100 images d’eux-mêmes en ligne avant leur premier anniversaire. La génération alpha pourrait même être la première génération à poursuivre ses parents pour atteinte à la vie privée.”
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