Comme d’autres entreprises, Ethias, face aux nouveaux modes de travail et aux aspirations des salariés, a complètement revu ses différents sièges. Avec en point d’orgue, son arrivée, au printemps dernier, dans un bâtiment durable et ultramoderne au sein de l’écoquartier Rives Ardentes, à Coronmeuse.
À la fin mars, Ethias a pris possession, en grande pompe, de son nouveau siège liégeois situé voie Gisèle Halimi, en plein cœur de l’écoquartier Rives Ardentes. Développé et construit par le consortium Neolegia (qui regroupe la CIT Blaton et les groupes Willemen, Jan De Nul et Louis De Waele), ce quartier, qui n’est pas encore terminé, doit, sur 25 hectares situés à Coronmeuse, au terminus homonyme du nouveau tram liégeois, accueillir des logements (1.325 unités en construction basse énergie et passive), du commerce, des écoles, des services à la personne (crèches, maisons de repos, etc.).
Il suppose aussi la rénovation complète du parc Astrid, la modernisation et la transformation de la Darse de Coronmeuse en marina, et la transformation du Grand Palais. Un quartier à vocation durable qui cadrait bien avec les ambitions d’Ethias. Cette arrivée est l’aboutissement d’une réflexion entamée avant la pandémie.
Participation du personnel
“En 2019, il m’a été demandé de gérer la stratégie immobilière du groupe pour ses différents bâtiments fonctionnels, confie Julien Balistreri, chief people & organization officer chez Ethias. Demander cela à un responsable des ressources humaines peut paraître étonnant pour certains, mais en réalité, cela fait sens. Déménager ou rénover des sièges en profondeur suppose une solide dose de gestion du changement et nécessite d’emporter les employés et les partenaires sociaux dans votre histoire.
J’ai créé une équipe dédiée et nous nous sommes mis au travail sur base de plusieurs piliers : intégrer les nouvelles méthodes de travail, faire des économies d’énergie et réduire l’empreinte carbone, promouvoir la mobilité durable et donc veiller à ce que nous soyons situés dans des endroits qui la permettent, diminuer la surface des bureaux avec disparition des armoires et suppression du papier grâce à la digitalisation. Le but ultime est de placer nos employés dans un environnement qui garantit leur bien-être et stimule la collaboration. À l’époque, le covid n’avait pas encore frappé et nous venions de démarrer, service par service, le télétravail à raison d’un jour par semaine.”
Depuis l’entame de cette réflexion, Ethias a rénové en profondeur son siège d’Hasselt (depuis décembre 2023, les employés sont logés dans la partie avant ultramoderne du bâtiment existant), a déménagé son siège bruxellois dans le bâtiment Spectrum dans le quartier Madou, est arrivée à la Frankrijklei à Anvers et a construit un siège tout neuf à Liège. En l’espace de six ans, la branche assurance est passée de 60.000 m² à 30.000 m². Six ans, cela paraît court, mais en même temps, c’est très long quand il s’agit de faire vivre un déménagement.
Une majorité pour Rives Ardentes
“Pour Liège, après toutes les études et réflexions, il restait deux options possibles, poursuit Julien Balistreri. Voie Gisèle Halimi ou un bâtiment, sans doute plus spectaculaire sur le plan architectural, situé de l’autre côté de la Meuse à hauteur de Liège Expo, l’autre terminus du tram. Nous avons donc demandé à nos employés de se prononcer : 90% ont participé et 85% se sont prononcés pour Rives Ardentes. Tout au long du processus, qui s’est fait en parfaite harmonie avec nos partenaires sociaux, nous avons impliqué nos collaborateurs. Entre autres, sur le choix du mobilier, sur le concept du restaurant d’entreprise, sur l’aménagement de nos salles collaboratives, etc.
En outre, nous avions réalisé un double digital du futur bâtiment. Cela nous a facilité la tâche pour prendre certaines décisions. Ce double, nous l’avons aussi mis à disposition du personnel. A l’aide de lunettes connectées, chacun a pu se rendre compte de son futur environnement de travail et même du chemin qui y menait. C’est une démarche qui a été très appréciée. Enfin, nous avons quitté l’ancien bâtiment tous ensemble au terme d’une petite fête un vendredi soir. Nous avons mis tout le monde en télétravail pendant 15 jours le temps de déménager le mobilier et de placer les petites caisses personnelles aux bons endroits. Tout le monde est revenu en même temps à la fin mars, même si les accueils personnalisés se sont étalés tout au long de la semaine.”
“À l’aide de lunettes connectées, chacun a pu se rendre compte de son futur environnement de travail et même du chemin qui y menait.” – Julien Balistreri (Ethias)
Taux de satisfaction de 85%
À l’arrivée, le déménagement et le nouveau bâtiment ont obtenu un taux de satisfaction de 85% ! Après la pandémie et avec l’extension du télétravail afférente, Ethias aurait pu réduire la superficie prévue dans son nouveau site liégeois. L’assureur a choisi de ne pas le faire pour multiplier les espaces collaboratifs. Tout au long du bâtiment, outre des salles de réunion modernes et collectives, sont disséminés des espaces de type agora conviviaux qui stimulent les échanges spontanés et les interactions entre collègues. Par exemple, un bar à café a été installé au rez-de-chaussée du bâtiment. En six mois, il est devenu un lieu de rencontre très fréquenté qui fait vivre la culture d’entreprise. Particularité : c’est un espace public qui est ouvert aux clients externes. La même démarche a présidé au déploiement du restaurant d’entreprise.
“La restauration a été confiée à ISS, poursuit Julien Balistreri. Il anime deux des trois kiosques, un chaud et un froid, avec commande et cuisine de finition, placés au centre du restaurant. Le troisième est confié à un restaurateur liégeois qui change tous les six mois. Il s’agit, entre autres, de restaurants qui étaient proches de notre ancien siège situé dans l’hypercentre liégeois. La formule plaît et, en moyenne, le restaurateur vend 250 plats par jour. Outre la possibilité d’emporter les repas, le restaurant, moyennant un léger surcoût, est aussi accessible au public extérieur. C’était une volonté de notre part de nous ouvrir sur notre quartier. Le bar à café comme le restaurant remportent déjà un beau succès public. La même formule, avec le même ISS, est aussi à l’œuvre à Hasselt.”
Neutre en carbone
Le siège de Coronmeuse est un modèle de durabilité. Il est certifié BREEAM Excellent et WELL Platinum. Neutre en carbone, il a aussi la particularité d’être alimenté par un réseau de chauffage urbain innovant. Conçu par Equans, il s’appuie sur la récupération de la chaleur fatale de l’incinérateur d’Herstal. Outre Ethias, il va permettre de fournir de la chaleur et de l’eau chaude aux logements et autres infrastructures de l’écoquartier. Un réseau qui est à 95% indépendant des énergies fossiles.
Le même principe est, d’ailleurs, en cours de développement au départ de l’incinérateur de Neder-Over-Heembeek avec pour mission de chauffer le centre commercial Docks, le château de Laeken et ses serres ainsi que des écoles, une piscine et 500 logements sociaux. Logiquement, la durabilité humaine est aussi au centre du nouvel écrin (comme d’ailleurs de tous les autres sièges).
Pas de réduction du télétravail !
À la mi-octobre, des assureurs belges ont imposé un certain retour au bureau avec durcissement de leur position sur le télétravail. Rien de tout cela chez Ethias. Et c’est logique, car tous les experts sont unanimes. Restreindre le télétravail, c’est se tirer une balle dans le pied en termes de recrutement ou de rétention du personnel.
“C’est, effectivement, une arme cruciale !, assène Julien Balistreri. Une étude récente montre d’ailleurs que la moitié des employés belges démissionneraient si on le supprimait. Chez nous, on ne touche à rien, et pour cause, cela marche très bien. Avec les partenaires sociaux, nous avons mis au point un système transparent et cohérent qui permet trois jours de télétravail. Ce n’est ni un droit ni une obligation. Mais il faut que tous les membres d’une même équipe soient ensemble au bureau un jour par semaine pour des raisons de cohésion sociale.
Les collègues du secteur qui, aujourd’hui, font marche arrière n’ont, je pense, pas structuré le télétravail comme nous. En termes de stratégie RH, le télétravail me permet de recruter dans des bassins qui étaient inaccessibles avant. Notamment pour des actuaires, denrée très rare actuellement. J’ai engagé un profil qui vient de Bruges et un autre de Mons. Venir de Bruges, ce n’est pas si lourd quand il ne faut le faire que deux fois par semaine. A contrario, je pourrais perdre du personnel pour la même raison. Mais ça va, j’ai un taux très bas de démission : 1,2%, soit 20 par an.”

Plus d’agences
Montré du doigt pour des questions d’appartenance à l’entreprise et de productivité, le télétravail n’induit pas ces effets-là chez Ethias. Le métier étant très digital, mesurer la productivité n’est pas compliqué. Chez Ethias, elle reste stable que l’employé soit chez lui ou au bureau. La satisfaction du client demeure très bonne aussi. L’engagement du personnel, lui, n’arrête pas de grimper et est supérieur aux autres entreprises du secteur. Plusieurs facteurs jouent.
Sur un plan immobilier, une démarche similaire à celle des bâtiments d’assurance est en cours pour le siège de NRB à Herstal.
“L’ancrage local est important, poursuit Julien Balistreri. Le centre de décision est belge, ce qui n’est pas le cas chez nombre de nos concurrents. Le CEO est accessible et tout employé peut l’interpeller dans les couloirs. Ensuite, le groupe Ethias, c’est une galaxie de sociétés avec 5.500 collaborateurs, dont seulement 2.000 dans l’assurance. Nous avons aussi NRB, notre pôle informatique et l’un des leaders belges du secteur. Je suis ainsi à même de proposer des carrières durables avec de la mobilité sur l’ensemble de nos activités. Nos packages salariaux sont attractifs et variés. Et je mets un point d’honneur à garantir le bien-être de nos employés et à les placer dans un bon confort de travail.”
Sur un plan immobilier, une démarche similaire à celle des bâtiments d’assurance est en cours pour le siège de NRB, situé dans le parc industriel des Hauts-Sarts, à Herstal. Enfin, contrairement au secteur bancaire, Ethias, assureur direct, entend fortement augmenter son réseau d’agences retail. Il est question de passer de 37 à 47 bureaux dans les trois ans. Le principe est évidemment de poursuivre le maillage du territoire. Des ouvertures sont ainsi prévues à Battice, Nivelles, Wemmel, Wilrijk et Saint-Trond.
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