Reprise de Filigranes: quel avenir pour son management?
Le ‘‘nouveau Filigranes’’ repris par l’homme d’affaires Mehmet Sandurac continuera son aventure sans son fondateur Marc Filipson, ni sa directrice générale Véronique Croisé. Confidences des intéressés sur leur avenir à court et moyen terme.
Ce dimanche, ce sera le grand ‘‘basculement’’. L’enseigne Filigranes passera officiellement dans le giron de Mehmet Sandurac, l’homme d’affaires qui a fondé le concept-store Mayfair à Bruxelles et qui vient de remporter l’offre de reprise de la célèbre librairie. Sur les 45 employés répertoriés, 31 garderont leur emploi et poursuivront leurs activités ‘‘comme si de rien n’était’’, en attendant un déménagement du magasin de l’avenue des Arts vers de nouveaux locaux situés au boulevard de Waterloo, probablement au mois de février.
Pour le duo qui était jusqu’ici aux commandes de Filigranes, c’est une autre vie qui s’annonce. ‘‘Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire à présent, confie le fondateur Marc Filipson. Mes sentiments sont partagés. D’un côté, je suis rassuré que l’aventure se poursuive et que la marque continue à exister. Mais de l’autre, je ne trouve pas ça ‘génial’, car tout cela se fera sans moi ! J’ai créé quelque chose d’unique en Belgique et même en Europe, j’ai remis de l’argent pour soutenir l’entreprise ces dernières années, je me suis même endetté et là, je ne vais rien toucher. C’est fini.’’
Payer les dettes
Si le repreneur Mehmet Sandurac a déboursé 305.000 pour reprendre les activités de Filigranes, cet argent n’ira toutefois pas dans la poche de Marc Filipson. ‘‘Ces fonds seront bloqués en attendant la désignation d’un curateur pour payer les créanciers’’, confirme Maître Emmanuelle Bouillon, patricienne de la liquidation au Tribunal de l’entreprise francophone de Bruxelles. Car Filigranes laisse une ardoise de 3 millions de dettes derrière elle et seule une partie des factures pourront être honorées.
‘‘Je suis ravie de l’issue et de la décision du Tribunal d’avoir choisi ce repreneur, mais avec un bémol tout de même, car j’aurais aimé ne pas laisser de créances, enchaîne l’actuelle directrice générale Véronique Croisé. Mais je suis surtout soulagée pour le personnel, car le ‘Filigranes 2.0’ lui donne des certitudes à court terme quant au renouveau du projet, avec une nouvelle société, un déménagement et une réorganisation des activités.’’
De Filigranes à Deficom
Contrairement à Marc Filipson, la directrice générale restera encore quelques semaines dans la libraire bruxelloise pour accompagner le repreneur Mehmet Sandurac dans cette transition en douceur. Ce n’est que fin janvier qu’elle quittera définitivement Filigranes pour rejoindre Deficom où elle deviendra directrice administrative et financière du groupe créé par Philippe Lhomme et actif dans les métiers de la communication, des salons et des loisirs (Batibouw, cinémas I-Magix, le Crazy Horse, etc.).
‘‘Au final, je suis contente, car on a évité une faillite pure et dure, conclut Véronique Croisé. Le nom Filigranes va perdurer et je m’en réjouis, car la marque est un élément important du fonds de commerce. Je veux aussi saluer Marc Filipson, car il a non seulement créé une belle entreprise, mais il s’est également impliqué dans le processus de reprise et il a accompagné cet atterrissage en douceur.’’
‘‘Toute la procédure de transfert s’est faite selon les dispositions de la loi, en très bonne collaboration entre Marc Filipson, Véronique Croisé, le personnel et le repreneur, confirme Maître Emmanuelle Bouillon, patricienne de la liquidation au Tribunal de l’entreprise francophone de Bruxelles. Le jugement a été rendu avec une bonne motivation, dans le respect des dispositions légales.’’
Certes ému, mais pas totalement vaincu, Marc Filipson tourne aujourd’hui la page de cette belle aventure littéraire, entamée il y a quatre décennies déjà. Et n’exclut pas l’idée, à 65 ans, de fonder un jour un nouveau commerce…
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