Qui pourra bénéficier de la “prime corona” de maximum 500 euros ?
Les entreprises qui ont enregistré de bons résultats durant la crise pourront accorder à leurs travailleurs une prime exceptionnelle de maximum 500 euros nets en 2021, en complément de la marge salariale de 0,4%, a décidé le gouvernement fédéral. Qui en sera bénéficiaire ?
Dans l’accord conclu au gouvernement, il y a la possibilité d’une prime supplémentaire unique allant jusqu’à 500 euros nets pour les travailleurs des entreprises qui ont obtenu de bons résultats pendant la crise sanitaire. Ces 500 euros sont plafonnés, ils peuvent être inférieurs, voire nuls, si l’entreprise en question n’a pas obtenu de bons résultats. Pour les employeurs, cette prime est plus élevée, car il y a également une contribution sociale de 16,5 % afin de ne pas porter atteinte à la sécurité sociale.
Les employés ne recevront pas cette “prime corona” directement en espèces, mais recevront un bon de consommation, qui pourra être utilisé pour acheter des produits locaux, précise-t-on jeudi au cabinet du ministre de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne (PS). La liste des commerces et des établissements où le chèque pourra être utilisé devrait être élargie. Sa durée de validité devra également être définie.
Le montant exact de la prime, qui sera versée sur base volontaire, doit encore être défini par les partenaires sociaux en commission paritaire ou, à défaut, à l’échelle de l’entreprise elle-même, ajoute le cabinet du ministre socialiste. Lors de la concertation sociale entre syndicats et employeurs, il a été question d’une prime de 250 euros, dans les entreprises ayant réalisé un chiffre d’affaires supérieur de plus de 30 % à celui de l’année précédente, détaille De Morgen. Cette limite n’était pas acceptable pour les syndicats. Le gouvernement a donc doublé cette prime, mais n’a en même temps fixé aucune condition de bénéfice ou de chiffre d’affaires.
Une notion floue
La notion d’entreprises qui “ont bien traversé la crise” reste floue. La Vivaldi n’a pas fixé de critères précis pour identifier les entreprises qui ont performé pendant la crise. Le gouvernement a juste indiqué que cette prime pourra être accordée par des “établissements”. Les syndicats plaidaient pourtant pour une approche sectorielle et contraignante.
Les employeurs auraient préféré un critère de démarcation clair pour les “entreprises performantes”. Or, la Fédération des entreprises de Belgique craint que les entreprises qui ont connu une mauvaise année ne doivent encore accorder cette prime “sous la menace de grèves, avec toutes les conséquences que cela implique pour leurs chances de survie et leurs projets d’investissement à court terme”. Cela entraînera des pertes d’emploi, prévient la FEB. “Ce faisant, le gouvernement prend un énorme risque qui aurait pu être facilement évité si on avait imposé, comme pour beaucoup d’autres mesures corona, une certaine augmentation du chiffre d’affaires, par exemple, comme condition“.
Donner un coup de pouce à l’économie intérieure
Selon la FEB, cette décision est conforme aux propositions formulées par les employeurs lors de la concertation du Groupe des Dix. Elle souligne que l’octroi d’une telle prime n’est pas une obligation et que son champ d’application est élargi, ce qui permettra “de donner un coup de pouce” à l’économie intérieure. “Comme il s’agit d’une prime unique plafonnée, cela n’influence pas de manière permanente la compétitivité ni la marge salariale pour l’avenir“, poursuit la fédération.
Dans les faits, l’octroi ou non de cette prime dépendra donc du rapport de forces et du dialogue entre l’employeur et les représentants des travailleurs. Ce qui pourrait pénaliser les travailleurs des plus petites structures, parfois dépourvues de toute représentation syndicale. Dans les grandes entreprises où les syndicats sont très présents, cela sera probablement beaucoup plus facile que dans les petites entreprises où c’est beaucoup moins le cas. Miranda Ulens, présidente de la FGTB flamande, n’est pas très positive quant à l’accord conclu. “D’après les premières informations que nous recevons, cela semble être une occasion manquée.
M. Ulens estime que la prime devrait être négociée au niveau sectoriel, afin que “ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix ou qui n’ont pas le rapport de force nécessaire” puissent également bénéficier de cette prime.
Pia Stalpaert, présidente d’ACV Food and Services, est également déçue. “Pour les salariés des petites entreprises, où il n’y a pas de concertation sociale, les salariés sont à la merci du bon vouloir de l’employeur et ce n’est plus de ce temps.” Stalpaert estime que 50 % des entreprises de notre pays n’ont pas de représentation syndicale. “Pour les Colruyts et les Delhaizes, il n’y a pas de problème, mais il y a aussi beaucoup de magasins avec seulement une dizaine d’employés, où il n’y a pas de représentation syndicale.“
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