Qui est Nio, le potentiel candidat repreneur d’Audi ?

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Le constructeur chinois Nio, pionnier des véhicules électriques premium, envisagerait une reprise de l’usine Audi Bruxelles. Connu pour ses “Nio Houses” et stations d’échange de batteries, Nio cherche à réduire ses pertes tout en étendant sa présence en Europe avec des modèles plus abordables.

Nio est l’une des start-ups les plus en vue de l’automobile chinoise. Fondé il y a à peine dix ans, ce constructeur automobile mise sur le 100 % électrique. Il cible le segment premium des véhicules électriques, avec des prix allant de 50 000 à 100 000 euros pour le marché européen.

« Nio Houses » et « swap de batterie »

Nio se distingue surtout par une approche très originale dans le segment premium en offrant une expérience unique à ses clients via ses luxueuses « Nio Houses ». Ces concessions ressemblent à des clubs privés avec services exclusifs, cafés, espaces de coworking et galeries d’art. Cette stratégie a également été exportée hors de Chine, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne. La marque a ainsi ouvert plus de 140 Nio Houses en Chine et 15 en Europe. Pour l’instant, les voitures Nio ne sont toutefois pas en vente en Belgique.

L’idée est de construire une communauté exclusive autour de la marque et de séduire une clientèle aisée, en quête d’un sentiment d’appartenance. L’interaction entre les clients et la marque est encore renforcée par la vente de smartphones Nio. De plus, Nio délaisse les concessionnaires classiques en optant pour un modèle de vente directe via ses Nio Houses ou en ligne.

Nio propose aussi un service innovant avec ses stations de « swap » de batteries. Elles permettent un échange rapide (5 minutes) et économique de batterie (10 euros, plus le coût de l’électricité), sans quitter sa voiture. Il est également possible de louer des batteries plus puissantes pour quelques euros, idéal lors des longs trajets comme les vacances. Nio espère ainsi résoudre le problème du temps de recharge, un frein majeur à l’achat de véhicules électriques. Cette technologie a d’ailleurs séduit d’autres constructeurs chinois.

Trop ambitieux ?

Bien que Nio ait réussi à attirer certains investisseurs, comme le fonds souverain d’Abu Dhabi, la concurrence intense et ses pertes financières menacent sa rentabilité.

Sur le plan économique, la stratégie audacieuse de Nio repose sur de lourds investissements. Le constructeur a massivement investi dans la recherche et développement, déployé 2 200 bornes de recharge rapide et 2 400 stations d’échange de batteries en Chine. Cette approche représente un coût considérable, avec des pertes de 2,7 milliards d’euros en 2023. Ces pertes sont préoccupantes, d’autant que le marché chinois des véhicules électriques est marqué par une guerre des prix féroce.

Malgré l’entrée du fonds souverain d’Abu Dhabi au capital, Nio n’a pas encore atteint la rentabilité, ses ventes restant faibles par rapport à ses coûts. L’entreprise a ainsi réduit ses effectifs de 10 % en 2023 et ralenti son expansion en Europe pour mieux maîtriser ses coûts. Le prix de l’action de Nio a chuté, passant de 60 dollars en 2021 à environ 5 dollars en 2024.

Une gamme plus accessible pour pénétrer le marché européen

Pour augmenter ses ventes, Nio a lancé deux nouvelles marques : Onvo, qui visera le cœur du marché, et FireFly, une gamme plus accessible prévue pour 2025. Cette diversification pourrait permettre à Nio de pénétrer le segment plus abordable, notamment en Europe, où la demande pour des modèles moins coûteux est forte. On annonçait un tsunami, mais selon le cabinet d’analyse indépendant allemand Schmidt Automotive Research, les marques chinoises n’ont conquis que 10,3 % du marché européen des voitures électriques au premier semestre 2024. Nio n’aurait lui vendu que 800 voitures sur les six premiers mois de 2024.

Nio doit également composer avec le durcissement des droits de douane européens sur les voitures électriques chinoises depuis l’été 2024. Comme d’autres constructeurs chinois, il explore désormais des opportunités de production en Europe.

Dans cette optique, Nio s’intéresse potentiellement à Audi Bruxelles. Selon De Tijd, Nio serait l’un des candidats à la reprise de l’usine Audi de Forest, menacée de fermeture. Une délégation de Nio a récemment visité l’usine et prépare actuellement une offre à soumettre au groupe Volkswagen. L’enjeu est important, car le groupe Volkswagen a décidé d’arrêter la production de nouvelles voitures à Forest dès l’année prochaine, et la reprise est une alternative clé à une fermeture définitive du site bruxellois.

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