Quatre magasins Delhaize en grève, le mouvement pourrait s’étendre à tout le pays
Trois magasins Delhaize de Bruxelles et un de Jambes (Namur) ont gardé portes closes ce mercredi, indiquent la CNE et le Setca. Mardi, un protocole d’accord a été finalisé entre les syndicats et la direction de Delhaize, et “il y a des endroits où il ne passe pas”, confirme Myriam Delmée du syndicat socialiste. Le mouvement pourrait être beaucoup plus large.
Les quatre magasins concernés sont ceux de Flagey, Westland et de Veeweyde (Anderlecht) et celui de Jambes (Namur). Il est fort probable que d’autres établissements suivent le même chemin. La proposition mardi dans l’après-midi avancée par la direction aux syndicats a été jugée insuffisante par les travailleurs concernés.
Après l’échec des négociations avec la fédération du commerce Comeos, les syndicats négocient avec chaque distributeur des aménagements pour rendre le travail du personnel en magasin plus supportable dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19.
Selon nos informations, la grève était dans l’air depuis quelques jours. Le personnel réclame depuis le début de la crise des mesures plus fortes, notamment en termes de sécurité. De nombreux employés ont peur car ils se trouvent en première ligne et craignent pour leur santé. De plus, le front commun sydnical tente aussi d’obtenir des mesures de bien-être pour le personnel.
Des accords ont déjà été négociés avec Aldi, Lidl, Cora, Carrefour et depuis hier, avec Delhaize. Ce dernier comprend l’octroi de cinq jours de congé supplémentaires et entre 400 et 470 euros de pouvoir d’achat (via différents moyens comme des chèques-repas notamment) pour les travailleurs.
“Les travailleurs veulent des primes”
Les syndicats ont donc présenté le protocole d’accord à leur base. Il n’est pas passé partout, puisque quatre magasins n’ont pas ouvert leurs portes. Et la situation pourrait faire tâche d’huile, même dans d’autres enseignes, estime Myriam Delmée, qui rappelle par la même occasion que “les syndicats ne sont pas là pour jouer les pompiers” et invite les élus politiques à rester à leur place, soit hors de la concertation sociale.
Les déclarations jugées hors sujet ne facilitent pas la sérénité alors que les travailleurs sont mis sous une pression importante, ont peur, font face à l’agressivité de certains clients et doivent parfois faire avec des mesures d’hygiène plutôt bancales, rappelle-t-elle.
Si les raisons de rejet sont diverses, il ressort selon la CNE que “les travailleurs veulent des primes, pas une augmentation des chèque-repas ou des bons d’achat, qui ne permettent pas de payer les factures à la fin du mois”. “De même, nos travailleurs veulent fermer une heure plus tôt le soir pour pouvoir souffler”, rapporte Rosetta Scibillia, déléguée CNE Bruxelles. “En fin de journée, nous n’avons quasiment plus de clients mais par contre en journée, nous avons besoin de mains pour réassortir. La proposition de Delhaize de ne fermer une heure plus tôt que le vendredi n’est pas suffisante.”
La direction estime que “l’accord est équilibré”
Le mouvement pourrait s’étendre plus largement et pourrait concerner l’ensemble des magasins du pays, explique La Libre.
La direction explique de son côté au Soir, via son porte-parole Roel Dekelver, que “l’accord est proposé est pourtant équilibré et correct. Il prévoit cinq jours de congés en plus et des propositions financières sous forme de chèques repas et de réductions supplémentaires sur les achats en magasins”. Il ajoute que “le groupe a pris les mesures nécessaires pour protéger le personnel.”
Toujours selon nos informations, certains employés craignent que ces fermetures n’entraînent un afflux massif dans les magasins toujours ouverts.
Maxime Defays (Avec Belga)