Quand les entrepreneurs soutiennent les entrepreneurs

LES ASSOCIéS DE PROFINPAR Thomas Walgraffe, Dimitri de Failly et Rodolphe Blondiau.

Profinpar lève un nouveau fonds de 50 millions d’euros pour accompagner les PME rentables et en croissance. Derrière ce club d’investisseurs, on retrouve des entrepreneurs qui apportent aux entreprises davantage que du financement.

La Belgique est une terre de PME. Ainsi, selon des données européennes, les PME de moins de 250 personnes représentent près de deux millions d’emplois dans notre pays, soit près de 70% de l’emploi dans le secteur privé non financier en 2019. Selon l’UCM, on dénombrait, en 2021, environ 1,3 million de PME, soit 30% de plus par rapport à 2012. Autant dire que ces dernières contribuent au dynamisme économique de notre pays, tout en ne négligeant pas le poids que représentent les grandes entreprises qui jouent également un rôle important aux niveaux local et régional, entraînant dans leur sillage nombre de plus petites sociétés.

Nombreuses sont d’ailleurs ces PME à connaître la croissance, puisqu’elles figurent souvent chaque année, depuis plus de 20 ans, dans nos classements des Gazelles, ou en affichent l’ambition. Mais la croissance nécessite des ressources humaines et financières qu’il convient de mobiliser, et dont ces PME ne disposent pas nécessairement. C’est ici qu’interviennent notamment des fonds d’investissement, tels que Profinpar, qui peuvent accompagner ces entreprises afin de leur permettre de progresser et de relever les défis qui se profilent.

L’enjeu de la transmission

Parmi ces défis figure celui de la transmission. Cela fait déjà quelques années que différents acteurs tels que Wallonie Entreprendre (WE) nous avertissent du départ annoncé des babyboomers et du nombre grandissant de sociétés à transmettre. Selon WE, quelque 10.000 entreprises pourraient ainsi être à remettre en Wallonie rien que pour la période 2020-2025. Le risque est donc réel que certaines entreprises disparaissent, notamment en cas de transmission ratée. En effet, on constate un manque d’enthousiasme à la reprise de certaines sociétés familiales.

“Nous constatons que de nombreuses PME sont freinées dans leur développement ou peinent à trouver un repreneur en raison d’un manque de structuration ou une forte dépendance à leur dirigeant, souligne Dimitri de Failly, associé de Profinpar. Notre intervention vise à renforcer les entreprises en investissant, entre autres, dans la professionnalisation des structures de gestion. C’est un prérequis indispensable pour une croissance saine.”

Fondé en 1997 sous la forme d’un club d’investisseurs, Profinpar accompagne les PME depuis maintenant plus d’un quart de siècle. En 2017, Pierre Robin, son fondateur, s’associe avec Dimitri de Failly et Thomas Walgraffe afin de lancer un premier fonds de 38 millions d’euros. L’objectif était de combler un manque dans le paysage francophone du capital à risque, ce type de fonds fédérant des entrepreneurs-investisseurs étant davantage présent en Région flamande.

Au fil des années, ce projet a séduit de nombreux entrepreneurs parmi lesquels on retrouve des personnalités connues et reconnues comme François Belfroid (ex-groupe Ronveaux), Francis Blake (Imperbel), François Blondel (KitoZyme, OncoDNA), Christophe Leclercq (Newelec), Paul Portier (groupe Portier), Etienne Rigo (Octa+), Thierry Quertinmont (ex-Trafic), Serge Bassem (ex-eWON), Louis Amory (Maisons Blavier) ou encore Cédric Pierrard (Efficy, Haulogy).

Investissements et expertise

La particularité de Profinpar est de combiner, grâce à ces entrepreneurs, non seulement du capital mais également une expertise de l’entreprise. “Nos investisseurs sont des entrepreneurs qui partagent leurs expériences et leurs réseaux avec nos sociétés partenaires pour les faire grandir, confirme Dimitri de Failly. Nous intervenons en tant que partenaire actif, en rachetant des parts ou en injectant des fonds et en accompagnant l’équipe dirigeante au sein du conseil d’administration pour nourrir la réflexion stratégique et prendre part aux décisions clés. Ceci nous permet d’apporter une réelle valeur ajoutée à la PME.”

Nos investisseurs sont des entrepreneurs qui partagent leurs expériences et leurs réseaux avec nos sociétés partenaires pour les faire grandir.

Dimitri De Failly

associé

L’équipe qui gère Profinpar s’est récemment enrichie d’un nouvel associé en la personne de Rodolphe Blondiau. Celui-ci a occupé la même fonction au sein du cabinet M&A Merodis. S’il demeure senior advisor et investisseur dans le nouveau fonds, Pierre Robin n’est plus en charge de la gestion opérationnelle. Le quatuor compte plus de 70 transactions à son actif en Belgique et à l’étranger.

Dans le fonds lancé en 2017, les investisseurs-entrepreneurs et patrimoniaux (familles) ont représenté les trois quarts des fonds récoltés (38 millions d’euros) – le solde étant composé de Belfius Insurance et SFPI, ainsi que l’équipe de gestion. Avec ce premier fonds, Profinpar a investi dans une dizaine de PME et arrive tout doucement au terme de sa période d’investissement (2027). Pointons parmi les réussites, la société MiD Finance, active dans le secteur du courtage en crédit personnel et hypothécaire, ou encore Nexum qui fournit des conseils et formations en gestion du changement. Fort de cette première expérience, Profinpar a décidé de remettre le couvert et de lancer un nouveau fonds de 50 millions d’euros dans lequel on retrouvera des entrepreneurs et sociétés patrimoniales mais aussi des investisseurs institutionnels belges tels que SFPIM, WE, finance&invest.brussels, Noshaq, etc.

PME à potentiel de croissance

“Nous sommes à la recherche de PME à potentiel, de diamants bruts qui éprouvent des difficultés à financer leur développement, précise Rodolphe Blondiau. Notre modèle d’investissement est adapté aux défis spécifiques de ce type d’entreprises. Celle que nous ciblons est soit trop grande et/ou trop chère pour être reprise par un repreneur individuel, soit trop petite et/ou insuffisamment structurée pour intéresser un acteur stratégique.”

Nous sommes à la recherche de PME à potentiel, de diamants bruts, qui éprouvent des difficultés à financer leur développement.

Rodolphe Blondiau

associé

En pratique, Profinpar vise des sociétés qui emploient entre 10 et 200 personnes, affichent un Ebitda compris entre 0,5 et 3 millions d’euros, ont un cash-flow positif et dont la valeur d’entreprise oscille entre 5 et 25 millions d’euros. Les entreprises doivent être localisées en Belgique francophone, même si le club d’investisseurs n’exclut pas d’intervenir dans le nord du pays, au Luxembourg, ainsi que dans le nord de la France.

“Les investisseurs privés en capital-risque et désireux de réaliser un accompagnement actif sont plus présents en Flandre et moins dans le sud du pays, ajoute Thomas Walgraffe. Notre offre comble clairement un trou dans la raquette. En ce qui concerne la transmission d’entreprises, notre approche est souvent complémentaire à celle des investisseurs publics avec qui nous travaillons volontiers.” Profinpar s’intéresse à tous les secteurs, à l’exception de la construction, de l’horeca et des biotechs. De son côté, le fonds Profinpar II prendra des participations minoritaires ou majoritaires pour des montants variant entre 2 et 6 millions d’euros contre 4 auparavant. Il exigera d’avoir minimum deux représentants au conseil d’administration afin de pouvoir jouer un rôle actif au sein de l’entreprise.

En ce qui concerne la transmission d’entreprises, notre approche est souvent complémentaire à celle des investisseurs publics.

Thomas Walgraffe

associé

Partenariat actif et stratégique

Profinpar travaille sur les deux piliers que sont la structuration (CA, équipe dirigeante, organisation, etc.) et la croissance (organique et externe). “Le patron est souvent seul, reprend Dimitri de Failly, et l’entreprise est souvent trop dépendante de son dirigeant. Nous veillons à compléter l’équipe avec les compétences nécessaires, ainsi qu’à augmenter l’excellence opérationnelle en dotant la PME des outils adéquats (ERP, digitalisation, logistique, etc.). Enfin, nous sommes également attentifs à la complexification du cadre réglementaire et des enjeux liés à l’ESG.”

Pour ce nouveau fonds, Profinpar a décidé de mettre en place les exigences de l’article 8 du règlement de l’Union européenne sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers.

Le fonds n’apporte donc pas que des capitaux mais également de l’expertise et des conseils qui vont aider le dirigeant qui est souvent confronté, outre le manque de liquidités, à une série de défis tels que la structure de son entreprise, la stratégie, le problème de taille critique, pour en citer quelques-uns. Les objectifs affichés par Profinpar visent clairement à créer de la valeur, tant pour l’entreprise que pour ses actionnaires. Un peu plus d’une trentaine de millions d’euros ont déjà été levés pour Profinpar II.

Un premier closing est attendu avant la fin de l’année afin de réaliser les premiers investissements dans la foulée. L’équipe étudie une centaine de dossiers par an, dont plus de la moitié sont présentés par les propriétaires. Profinpar peut aussi s’appuyer sur quelques belles entreprises, dont l’une est active dans la digitalisation et l’autre dans la santé animale.

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