Pourquoi le Salon de l’auto Bruxelles risque de disparaitre
Le rideau menace de tomber définitivement sur le Salon de l’Auto. Le quotidien flamand De Tijd révélait que le groupe D’Ieteren ne participerait plus à l’évènement. Le groupe Stellantis (fusion de Peugeot, Fiat, Opel et Citroën) devrait prendre très prochainement une décision qui sera cruciale pour l’avenir du salon, écrit le quotidien néerlandophone.
Une deuxième annulation consécutive d’un acteur principal pourrait sonner le glas du Salon de l’Auto de Bruxelles. L’évolution du comportement des consommateurs menace cet événement essentiel pour la Febiac, la fédération du secteur automobile. Normalement, les participants au Salon de l’Auto sont connus à la fin du printemps et les préparatifs commencent déjà en été. Mais aujourd’hui, à la mi-septembre, on ne sait toujours pas s’il y aura un Salon en 2022.
Volvo a été le premier à annoncer, déjà au mois de juin, qu’il ne participerait pas au Salon de l’Auto en 2022. Selon plusieurs sources du quotidien économique néerlandophone De Tijd, D’Ieteren (l’importateur de Volkswagen, Audi, Skoda, Seat et Porsche) a envoyé mardi sa lettre d’annulation à la Febiac. Nouveau coup dur, car avec une part de marché de 23 %, le groupe D’Ieteren est l’un des principaux distributeurs des concessionnaires automobiles belges.
En outre, il s’avère que le groupe Stellantis envisagerait également de se retirer de l’évènement. Le nouveau groupe, résultant de la fusion entre FCA (Fiat, Cuhrysler et Jeep) et PSA (Peugeot, Citroën, DS et Opel), avait déjà refusé de s’engager en mai, lors des premières déclarations d’intention pour le Salon. Selon des sources bien informées, le dossier serait sur le bureau du CEO de Stellantis Carlos Tavares, qui devra prendre une décision très bientôt. Tous les regards convergent donc vers lui, car sans Stellantis et D’Ieteren, il n’y aurait pas de Salon de l’Auto, c’est certain. En effet, bon nombre d’autres marques ont conditionné leur participation sur la présence d’au moins deux tiers des acteurs du marché. Ensemble, les groupes D’Ieteren et Stellantis représentent presque la moitié des ventes de voitures neuves dans le pays. Sans ces deux-là, le Salon de l’auto n’aura donc aucune chance de survivre.
Un endroit de ventes
Ces dernières années, le Salon de l’auto de Bruxelles semblait plus ou moins immunisé contre la crise qui frappait les différentes foires du style en Europe. Et s’il y a longtemps échappé, c’est parce que, contrairement aux autres salons, il était connu pour être un endroit de ventes. Cette tradition signifie que le Salon de Bruxelles, qui se tient en janvier, revêt une importance capitale pour les concessionnaires automobiles : au cours de ces premières semaines de l’année, un tiers des nouvelles voitures (de toute l’année !) y étaient vendues.
Mais faire de bonnes ventes n’est possible qu’avec une bonne et grande exposition de voitures, et cela a été la règle d’or des concessionnaires automobiles pendant des années. Mais désormais, suivant l’exemple d’Apple, les constructeurs automobiles préfèrent en effet de plus en plus choisir eux-mêmes le moment opportun afin de lancer leurs nouveaux modèles, et ils n’ont plus besoin de stands coûteux dans ces foires commerciales.
Déplacement vers les concessionnaires
Ces dernières années, les ventes de voitures pendant le salon se sont d’ailleurs déplacées vers les concessionnaires. Les acheteurs ne doivent ainsi plus se rendre à Bruxelles pour profiter des fameuses conditions. Une simple visite chez un revendeur de quartier suffit. Les modules de configuration sur les sites web des marques ont rendu les visites chez les concessionnaires superflues : les acheteurs peuvent aujourd’hui composer la voiture de leurs rêves depuis leur fauteuil.
La crise sanitaire du covid et l’annulation du salon en 2021 ont renforcé cette tendance. De nombreuses marques ont cherché des moyens alternatifs afin de chouchouter les amateurs de voitures. BMW a transformé son siège social à Bornem en une grande salle d’exposition et a fait des efforts supplémentaires tant auprès des concessionnaires qu’en ligne. Ce fut un tel succès que cette formule sera répétée en janvier prochain, qu’il y ait ou pas un Salon de l’Auto.
Si le Salon de l’Auto est de moins en moins indispensable pour les marques, il reste d’une importance capitale pour son organisateur : la Febiac. C’est ce qui ressort des chiffres du rapport annuel 2020-2021 de la fédération du secteur automobile. Le chiffre d’affaires de la Febiac a chuté l’an dernier de 80 % pour atteindre la bagatelle de 3,3 millions d’euros et ce principalement en raison de l’annulation de cette grande messe de l’automobile. Cela s’est traduit par une perte d’exploitation de 4,7 millions d’euros, supérieure au chiffre d’affaires.
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