Plein gaz vers une agriculture plus durable
Un nouveau tracteur fonctionnant au méthane était présenté cet été à la Foire de Libramont. En complément d’une unité de biométhanisation, cette innovation ouvre la voie à une agriculture plus circulaire et respectueuse de l’environnement.
Une ressource renouvelable
Le biogaz, qui résulte de la méthanisation des déchets organiques (effluents d’élevage, pulpes, etc.) dans des digesteurs constitue une ressource renouvelable. Brûlé tel quel, il permet d’obtenir chaleur et électricité. Epuré, il donne du biométhane, qui autorise les mêmes usages que le gaz naturel. Entre autres avantages, la biométhanisation valorise la biomasse, capte le méthane (gaz à effet de serre plus puissant que le CO2) et préserve les ressources naturelles.
Autonomie énergétique et circularité
Le schéma vertueux de la biométhanisation est assez simple: le lisier, par exemple, permet de produire le biogaz qui va alimenter l’exploitation agricole en énergie, et les résidus (le digestat) va servir à fertiliser les champs qui, à leur tour, produiront de l’alimentation pour le bétail. “Une ferme, et a fortiori une exploitation laitière ou viandeuse, équipée d’une unité de biométhanisation peut rapidement couvrir ses besoins en électricité et en chaleur, et même très largement, confirme Matthieu Schmitt, chef de projet chez Valbiom, une ASBL spécialisée dans la promotion des secteurs biosourcés. C’est pourquoi on voit désormais progressivement apparaître le terme d’énergiculteur.” Pour boucler la boucle de l’autonomie énergétique, il restait à fournir un carburant vert – le biométhane – aux engins agricoles. Avec le T6 Methane Power, c’est désormais en partie chose faite, même si le succès de cette technologie dépendra des capacités d’approvisionnement en biogaz mises en place et de la volonté politique de financer cette filière, conclut l’expert.
Un tracteur 100% méthane
Premier tracteur à rouler à 100% au méthane, le T6 Methane Power de la marque italienne New Holland dispose des mêmes caractéristiques techniques que son équivalent équipé d’un moteur diesel: une puissance de 180 chevaux, un couple similaire et la capacité de remplir les mêmes tâches. Si l’autonomie offerte par les sept réservoirs de gaz comprimé est plus faible que celle d’un engin agricole classique, ce défaut est en partie compensé par un temps de remplissage d’à peine une dizaine de minutes, ainsi que par trois réservoirs supplémentaires et optionnels positionnés à l’avant. Ceux-ci entraveront toutefois certaines capacités du tracteur.
Quelques bémols
Pour qu’il soit réellement vert, le T6 Methane Power doit fonctionner au méthane biosourcé. S’il est alimenté par du méthane fossile (GNV), l’engin agricole reste toujours polluant en termes de CO2, même s’il offre l’avantage non négligeable d’émettre beaucoup moins de particules fines qu’un moteur diesel. Autre inconvénient, le tracteur au méthane coûte environ 20% plus cher que son équivalent diesel. Il se rattrape néanmoins un peu grâce à des coûts d’usage inférieurs. Enfin, le processus de biométhanisation qui produit le carburant exige une maîtrise technique suffisante pour, entre autres, prévenir les risques de pollution des sols, et l’investissement financier est encore assez conséquent pour une petite exploitation agricole.
7,8 tonnes
La capacité de levage du T6 Methane Power de New Holland
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