Pieter Timmermans (FEB): “Notre plan pour que la Belgique retrouve le sommet européen”
La Fédération des entreprises de Belgique propose un plan Horizon 2030, une stratégie globale pour le pays. Celle-ci se veut sans tabous et n’exclut pas une réforme de l’Etat.
1. Vous avez présenté Horizon 2030, un plan ambitieux en vue des 200 ans de la Belgique. On manque d’une vision stratégique?
Il y a plusieurs raisons à notre démarche. Premièrement, nous constatons depuis un certain temps déjà que la Belgique descend dans les classements internationaux dans un certain nombre de domaines importants: enseignement, fiscalité… Il est temps de réagir. Deuxièmement, on reparle à nouveau beaucoup d’une réforme de l’Etat. Mais avant cela, il faut une stratégie. Nous ne devons pas reproduire l’erreur des années 1970 quand nous avions concentré toutes nos énergies sur l’institutionnel en passant à côté de la gestion de la crise pétrolière: le résultat, c’est qu’en 1982, la maison était en feu. Aujourd’hui, l’inflation, la crise énergétique, la guerre en Ukraine… sont des risques majeurs. Troisièmement, il reste deux ans à ce gouvernement fédéral pour mener des réformes structurelles. C’est un message que nous adressons aux politiques mais aussi à tous les corps constitués, dont les syndicats, pour dire que l’on doit défendre notre économie pour assurer notre prospérité.
2. L’objectif, c’est que la Belgique retrouve sa place au sommet européen. Comment?
Nous émettons 30 propositions dans quatre grands domaines: digitalisation, verdissement, modernisation du marché du travail et efficacité des pouvoirs publics. Pour chacune d’entre elles, nous avons réalisé un benchmarking en comparant notre situation avec celle des autres pays européens: Pays-Bas, France, Allemagne, Danemark… qui ne sont quand même pas des républiques bananières. Ne me demandez pas s’il y a une proposition plus importante que l’autre, c’est un ensemble, une vision globale qui fait parfois défaut. En créant davantage d’emploi, par exemple, quitte à toucher à certains tabous, on dégagera des marges de manoeuvre budgétaires pour mener d’autres politiques.
3. En vue de 2030, êtes-vous demandeur d’une réforme de l’Etat?
Nous évoquons cela dans notre Horizon 2030… mais à la fin, ce qui veut tout dire. Je le répète, il convient avant tout de définir une stratégie globale. Mais cela n’empêche pas que l’on puisse modifier les structures. Moyennant quatre conditions. D’abord, il faut une sécurité sociale forte, sinon on risque de scinder le pays. Deuxièmement, il faut distinguer le droit du travail, qui doit rester fédéral, de la politique de l’emploi: nous proposons notamment que les Régions disposent d’une latitude dans l’accompagnement des chômeurs après deux ans. Ensuite, il faut une hiérarchie des normes: quand cela bloque, quelqu’un doit être responsable et doit pouvoir débloquer. Enfin, nous n’avons pas de tabou en matière de régionalisation mais il faut aussi pouvoir parler de refédéralisation. Nous avons, par exemple, perdu beaucoup trop de temps dans la mise en oeuvre de la 5G en raison de problèmes institutionnels.
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