Pas d’ouverture jusqu’à nouvel ordre pour Audi Brussels

“Audi Brussels restera fermée jusqu’à ce que le personnel soit prêt à reprendre le travail normalement et à expédier les véhicules aux distributeurs”, a indiqué Peter D’hoore, le porte-parole de l’usine forestoise. Jusqu’à cette date, les travailleurs ne seront pas payés.

La tension est montée d’un cran, dimanche soir, devant l’usine forestoise. Une soixantaine d’ouvriers se sont rassemblés devant l’entrée principale du site dimanche soir et ont bloqué le boulevard de la Deuxième Armée Britannique. Plusieurs dizaines de travailleurs du constructeur automobile Audi à Forest sont toujours présents ce lundi matin devant l’usine a confirmé à Belga, le délégué CNE Ludovic Pineur peu avant 06h00 lundi. “La situation est calme, mais le boulevard est toujours bloqué”, a fait part M. Pineur.”Pour l’instant, la situation est calme”, a précisé Mme Frederickx. La police “veillera à ce que cela reste pacifique” et surveillera l’évolution de la situation. Des discussions sont en cours avec la bourgmestre de Forest afin de mettre en place des déviations pour fluidifier le trafic et sécuriser les abords du site.  

Un huissier de justice s’est rendu ce lundi matin devant l’usine à la demande des syndicats, pour constater la fermeture de l’usine. “Notre huissier de justice a quitté les lieux pour dresser son procès-verbal. Nous attendons le suivi juridique”, a indiqué le délégué CNE Ludovic Pineur, vers 07h30. “Concernant la direction, silence radio”, a-t-il ajouté. Selon le syndicaliste, aucune évacuation n’est prévue et les manifestants ont l’accord de la police et de la bourgmestre de Forest, Mariam El Hamidine.

“lock-out” 

Ce mouvement de grogne intervient après l’annonce de la direction, dimanche en début de soirée, de maintenir l’usine fermée jusqu’à ce que les travailleurs acceptent de reprendre “normalement” la production et d’expédier les voitures aux distributeurs. Une pratique appelée “lock-out”, qui constitue une réponse ultime des employeurs dans les conflits sociaux quand ceux-ci estiment qu’il y a trop peu de travailleurs pour maintenir la production ou que les syndicats se sont montrés agressifs. C’est, en gros, l’antithèse de la grève. Selon l’avocat Kris De Schutter dans de Tijd, cette décision est légale, bien que rare. La dernière ayant eu lieu en 2012 dans une entreprise à Deurne.

Les syndicats se réunissent ce lundi

“La direction doit retirer cette annonce immédiatement”, enjoint M. Hillal. “Nos délégués sont en discussions pour évaluer la situation et organiser la réaction à cette communication agressive et complètement intolérable de la direction. Nous ne resterons pas les bras croisés”, annonçait-t-il dimanche.  Il dénonce “une déclaration de guerre”, de la part de la direction du constructeur automobile, “alors qu’elle est responsable d’une incertitude inacceptable pour plus de 4.000 familles”.

Les syndicats se réunissent ce lundi afin d’examiner “la façon la plus appropriée de réagir demain et les prochains jours”.  “Il est à présent clair que la direction recherche la confrontation directe avec les travailleurs”, déplore le camp syndical. “Nous devons nous entretenir entre organisations syndicales et aussi consulter nos avocats sur la suite à donner”, a encore indiqué le délégué CNE Ludovic Pineur, avertissant d’ores et déjà que la réunion risquait d’être longue.

Alors que la production devait progressivement reprendre à partir de mercredi, après des semaines de fermeture et de chômage économique, les ouvriers ont décidé collectivement de se croiser les bras. Cette décision est notamment intervenue après l’annonce du groupe Volkswagen, la veille, de ne pas attribuer de nouveau modèle à l’usine bruxelloise. Les syndicats avaient alors indiqué qu’aucun véhicule ne quitterait l’usine tant qu’ils n’obtiendraient pas d’éclaircissements quant à l’avenir de l’entreprise. Face aux nombreuses interrogations, les employés de tous les départements ont été informés ces derniers jours de la situation actuelle. “Chacun a également eu l’occasion de dialoguer avec son responsable et les partenaires sociaux et d’échanger des points de vue avec ses collègues. Les collaborateurs en ont profité et sont restés calmes. Nous leur en sommes très reconnaissants”, a indiqué M. D’hoore.

Pas d’ouverture jusqu’à nouvel ordre

Malgré la présence du nombre d’employés attendu dans toutes divisions, aucune voiture n’a été produite la semaine dernière et aucune expédition vers les distributeurs n’a eu lieu. “Le vendredi 6 septembre, tous les collaborateurs des deux équipes étaient présents. La semaine dernière, Audi Brussels avait l’intention explicite de reprendre progressivement la production en deux équipes. Cela n’a pas été possible, car il n’y avait pas assez de collaborateurs prêts à démarrer la production normale et à permettre la livraison des voitures aux distributeurs”, a expliqué le porte-parole. “En outre, il a été indiqué que le travail ne reprendra pas non plus le lundi 9 septembre.

L’usine restera donc fermée jusqu’à nouvel ordre. Il est difficile pour nous de prendre une telle décision”, a poursuivi le porte-parole. Celui-ci  précise que l’entreprise “a l’intention de maintenir un dialogue constructif avec son personnel et ses partenaires sociaux”.  “L’entreprise a clairement communiqué et montré qu’elle souhaitait reprendre ses activités. Dès que la volonté de reprendre des activités normales et d’expédier des voitures aux distributeurs sera présente, l’usine rouvrira ses portes”, a-t-il encore dit.

Quid des 200 clés de voiture confisquées ?

Samedi soir, la direction d’Audi avait adressé une lettre aux syndicats leur intimant de restituer, avant lundi midi, les 200 clés des véhicules produits, qui ont été confisquées par les travailleurs. Dans le cas contraire, une plainte serait déposée au pénal.

De son côté, la direction affirme être en mesure d’identifier les “auteurs” de cette confiscation grâce aux images de vidéosurveillance. Cette action des travailleurs intervient après l’annonce de la direction d’évacuer des véhicules vers des garages, alors que les syndicats exigent des garanties quant à l’avenir du site avant toute sortie de véhicules. “Les clés ont été confisquées pour cette raison et sont conservées en lieu sûr”, ont-ils déclaré.

Face aux menaces de poursuites judiciaires brandies par la direction d’Audi Brussels, les syndicats se réunissent actuellement afin de définir une position commune.

“Nous avons proposé à la direction de se rencontrer le plus rapidement possible”, a indiqué Ludovic Pineur de la CNE Industrie, à l’issue d’une réunion syndicale. Peu avant 13h00, la direction n’avait toujours réagi à cette invitation. Les syndicats affirment qu’ils sont disposés à rendre les clés, qui se trouvent à l’intérieur de l’usine, mais seulement en présence d’un huissier. “Car la méfiance est énorme”, a souligné Jan Baetens, syndicaliste à l’ACV Metea.  Outre la présence d’un huissier, les syndicats ont émis une autre condition à la remise des clés, à savoir la réouverture de l’entreprise. 

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