Oui, les start-up peuvent encore lever des fonds
Il serait tentant d’estimer le contexte économique actuel peu propice aux levées des fonds par nos start-up. Mais quelques exemples récents démontrent que ces opérations restent possibles.
Détenir un portefeuille de 5.000 chambres réparties dans 11 villes dans le monde, parmi lesquelles Bruxelles, Paris, New York. L’ambition des quatre fondateurs de Cohabs, scale-up qui achète des immeubles et les aménage en espaces partagés de coliving, est énorme. Mais la jeune pousse s’en donne les moyens: elle vient encore de lever plus de 100 millions d’euros. Elle ne partait toutefois pas de rien, puisqu’elle est déjà parvenue à développer 1.500 chambres depuis 2016, notamment grâce à d’imposantes levées de fonds précédentes, dont une en 2021, à 58 millions d’euros. L’annonce récente de cette nouvelle levée de 100 millions auprès d’Ivanhoé Cambridge, Belfius Assurance et la branche immobilière de la SFPI, le fonds souverain belge, peut cependant surprendre alors que le contexte économique et géopolitique tend à rendre ces tours de table compliqués. Récemment, plusieurs experts et acteurs du digital témoignaient d’ailleurs dans ces colonnes du changement de contexte pour les levées de fonds. “Le marché qui était dans les mains des start-up est désormais dans celles des investisseurs”, observait Frank Maene, managing partner du fonds Volta Ventures. Et de souligner une baisse drastique de certaines valorisations et un durcissement des conditions d’obtention. “Toutefois, les bons dossiers trouveront toujours des fonds, glissait Frank Maene. Mais pas forcément à des valorisations exagérées comme cela a pu être le cas ces deux dernières années, qui n’étaient pas des années normales.”
De l’argent pour les bons projets
Si Cohabs se réjouit d’avoir levé d’importants montants pour assurer sa croissance, le processus n’a en effet pas été si simple. “On a commencé notre levée de fonds à une période où tout allait bien, fin 2021, se souvient Youri Dauber, jeune CEO de Cohabs. Les taux d’intérêt étaient bas et il y avait plein de capitaux sur le marché. Mais l’invasion de l’Ukraine, les problèmes énergétiques, l’augmentation des taux ont modifié l’horizon. Plus le temps passait, plus le marché changeait. Cela devenait compliqué…”
Ce qui a vraiment changé? Les discussions sur “les questions liées à la gouvernance de la société et à la valorisation que l’on défendait. De mois en mois, les discussions sur la valeur de Cohabs s’intensifiaient au fur et à mesure que le contexte changeait.” La firme aurait “perdu” 10% de valorisation entre le début des discussions et le deal.
Reste que, comme le répétait Frank Maene, “les fonds sont bien toujours là pour autant que les projets soient bons et sur des marchés porteurs”. Et le coliving, qui affiche une croissance de 7% annuelle en France, semble en être un. Comme le créneau des entreprises à impact qui lient leurs activités à des indicateurs environnementaux et sociétaux. Le fonds belge KOIS viendrait d’ailleurs de lever 50 millions d’euros pour soutenir les scale-up à impact…
50 millions
Montant que le fonds belge KOIS viendrait de lever pour soutenir les scale-up à impact…
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