“On a peu de bonnes données sur l’e-commerce belge”
L’association SafeShops.be a récemment publié des chiffres sur l’e-commerce dans notre pays, évaluant à 33% la croissance de ce marché en 2021 par rapport à 2020. Avec un chiffre d’affaires de 11,7 milliards d’euros.
1. Que vous inspirent ces données?
Ils montrent que l’e-commerce a toujours le vent en poupe et cela confirme la tendance de terrain selon laquelle la vente de produits sur internet a rencontré un franc succès, dopée par le confinement et la crise sanitaire. Mais il faut rester prudent: il est probable que les données de SafeShops ne tiennent pas compte d’un certain nombre d’éléments car si l’on ose faire un comparatif avec la tendance aux Etats-Unis, on remarque une régression au troisième trimestre 2021 qui s’explique par un retour des consommateurs vers les magasins physiques. Du coup, outre-Atlantique, on voit peu d’impact de la crise au final: 2020-2021 sont des années qui restent dans la tendance des 10 dernières années.
2. Cela veut-il dire que vous ne considérez pas l’augmentation de 33% comme un chiffre fiable?
Ces chiffres ont le mérite d’exister. Mais il faut les prendre avec énormément de précautions, comme l’ensemble des chiffres belges sur l’e-commerce. En effet, aucune donnée n’est vraiment totalement parfaite, peu importe l’organisme qui les réalise. Le marché de l’e-commerce est compliqué et recouvre pas mal de réalités différentes, qu’il est difficile de mesurer selon une seule méthodologie. Ici, SafeShops.be se base sur les infos de paiement. Or, cela pose un certain nombre de questions: cela mesure certainement le B to C mais pas le B to B. Cela reprend les produits mais seulement une partie des services. Quant aux flux internationaux, ils sont difficiles à cerner: comment est repris un Français qui achète à un vendeur belge sur une marketplace américaine?
3. Comment se fait-il qu’en Belgique les chiffres sur le marché soient à ce point compliqués à obtenir?
Nous sommes un petit pays, très ouvert dans le domaine de l’e-commerce avec plein de transactions entrantes et sortantes: beaucoup de commerçants vendent à l’international et beaucoup de clients achètent à l’étranger. Cette activité est compliquée à analyser. De plus, chez nous, plusieurs organismes réalisent des statistiques mais se basent sur une méthodologie et une approche différentes. Sans compter que chez nous, un certain nombre d’acteurs, comme bpost, ne partagent pas vraiment de chiffres. Et les marketplaces, elles, ne donnent pas non plus d’informations en ce qui concerne le marché belge.
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