Nvidia passe à l’offensive en Europe

Nvidia © Belga

Infrastructures, plateforme cloud, centres technologiques: Nvidia, géant américain des puces d’intelligence artificielle (IA), renforce sa présence en Europe à travers des partenariats pour que les pays bâtissent “leur propre écosystème”.

“En deux ans, nous allons augmenter la capacité de calcul dédiée à l’intelligence artificielle en Europe par dix”, a promis Jensen Huang devant une salle comble. Le dirigeant a également annoncé un nouveau partenariat avec le champion français de l’intelligence artificielle (IA), Mistral AI. Le plus grand évènement européen consacré à la “tech”, qui s’achèvera samedi, accueille dans l’après-midi Emmanuel Macron. A partir de 16h30, le président déambulera dans les allées et s’entretiendra avec plusieurs start-up européennes, avant d’échanger avec Jensen Huang et le patron de Mistral AI, Arthur Mensch, sur la scène principale à 17h30. La journée se conclura par un dîner à l’Elysée en présence de plusieurs personnalités dont la liste n’a pas été détaillée, avant la visite jeudi du premier ministre François Bayrou dans les allées du salon.

Partenariats

Les annonces à destination de l’Europe se sont multipliées lors de la première conférence de Nvidia à Paris. Le plus gros producteur de puces dites GPU (Graphics Processing Unit), considérées comme indispensables au développement de l’IA générative, concevra donc avec Mistral AI une plateforme cloud (informatique à distance). Baptisée “Mistral Compute”, elle sera dotée de “18.000 superpuces Blackwell”, parmi les plus avancées de Nvidia. Cette plateforme, hébergée et gérée en Europe, offrira de la capacité de calcul aux entreprises et doit leur garantir “une autonomie stratégique” pour renforcer “le leadership technologique européen”, a indiqué Arthur Mensch à l’AFP. D’autres partenariats avec des entreprises européennes, telles que le géant français des équipements électriques Schneider Electric et l’industriel allemand Siemens, seront quant à eux renforcés, à annoncé Jensen Huang.

La firme prévoit par ailleurs d’aider au développement de centres technologiques dans plusieurs pays d’Europe.

Le continent accuse un retard important dans le domaine de la puissance de calcul, avec “moins de 5%” des capacités mondiales et “20% de la consommation”, a pointé l’Elysée lors d’un échange avec la presse en amont de VivaTech.

Souveraineté technologique

Tandis que le nouveau président américain Donald Trump souffle le chaud et le froid sur l’économie mondiale au rythme de ses mesures sur les droits de douane, le secteur européen de la tech est secoué par des interrogations sur la souveraineté technologique.

Un mois après le sommet Choose France, destiné à attirer les investissements étrangers dans l’Hexagone, et quatre mois après le sommet sur l’IA qui a réuni plusieurs chefs d’États et de gouvernements à Paris, Emmanuel Macron sera à VivaTech pour vanter “la souveraineté technologique européenne” face aux Etats-Unis et à la Chine, a précisé la présidence française. Le développement de l’IA est dans tous les esprits et “cette technologie n’a jamais été aussi politique qu’aujourd’hui”, a aussi déclaré la ministre chargée du numérique et de l’intelligence artificielle, Clara Chappaz, en ouverture du salon.

“La France et l’Europe doivent (…) aujourd’hui investir, innover. C’est très important, on doit regagner en compétitivité”, a martelé Véronique Torner, présidente du syndicat professionnel des entreprises du numérique Numeum, sur Radio Classique mercredi matin. La question de la dépendance aux outils numériques américains est renforcée par un écart massif de financements entre le Vieux Continent et les États-Unis, qui se maintient depuis les mesures protectionnistes de Donald Trump.

“Le sujet de la souveraineté, qui n’était pas aussi important dans les discussions il y a encore un an ou deux ans, est devenu une priorité absolument stratégique”, conclut François Bitouzet, directeur général de VivaTech interrogé par l’AFP.

Avec 14.000 start-up, dont plus de la moitié sont françaises, et plus de 3.000 investisseurs venus du monde entier, les organisateurs du salon attendent une affluence d’au moins 165.000 visiteurs pour cette neuvième édition.

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