Newtree Impact lance son augmentation de capital

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Après avoir attiré des investisseurs particuliers, des “family offices”, des invests publics, la holding à impact lance ce 16 mai au travers des plateformes de crowdfunding Spreds et Ecco Nova une augmentation de capital originale,  d’un montant maximal de 5 millions d’euros.

« Nous avons cassé les codes ». Benoit de Bruyn, le CEO de Newtree Impact, la holding  cotée sur Euronext Access, explique avec passion la nouvelle étape dans laquelle il embarque son entreprise. Cette étape est une augmentation de capital d’un montant minimum de 500.000 euros et maximum d’un peu moins de 5 millions d’euros (1,724 millions d’actions offertes à 2,90 euros par actions)  destinée, cette fois, aux investisseurs particuliers. Ces nouvelles actions sont offertes au public pendant une quinzaine de jours dès de jeudi 16 mai au travers des plateformes de crowdfunding Spreds et Ecco Nova. Une levée de fonds originale, tant pour la société que pour le monde du crowdfunding et qui pourrait inspirer d’autres sociétés à la recherche de capitaux frais.

Un modèle original

Newtree est une entreprise créée au début des années 2000 par Benoit de Bruyn. D’abord spécialisée dans le chocolat et le café bio, équitables et issus de procédés de production neutre en carbone, elle commence à bâtir en parallèle un réseau de bars offrant aussi une petite restauration. Lorsque le covid éclate, il y en a cinq, répartis entre la Californie, la France et Bruxelles. Mais la crise sanitaire a raison de ce réseau et force Newtree à repenser  son activité. La société, cotée sur Euronext Access, abandonne son réseau de bars, conserve  son métier de chocolatier, mais surtout devient une société holding. Newtree devient une société à portefeuilles, dont le but est de prendre des participations dans des entreprises à impact, actives dans l’agriculture et l’alimentation et dans la foulée se rebaptise Newtree Impact pour marquer son objet.

Un projet qui vise un taux de rentabilité interne de 12% et qui se caractérise aussi par une structure simple et des coûts de gestion très faibles. « Le bilan de Newtree impact, ce sont les participations et le cash à l’actif, et les capitaux propres au passif . Nous n’avons pas de dette. Et ce qui est fondamental pour nous, est cet engagement, et nous commençons à nous en rapprocher, d’avoir des coûts totaux limités à 1,75% de notre valeur d’actif net », souligne Benoit de Bruyn.

Du beau monde

Ce nouveau projet séduit du beau monde. De placements privés en placements privés, Newtree Impact, depuis sa renaissance en 2021, a en effet levé 18 millions d’euros, attirant dans son actionnariat des family offices et des investisseurs renommés, ainsi que des investisseurs institutionnels, privés comme le holding Whitestone fondée par des anciens du groupe Frère,  ou publics, comme l’invest liégeois Noshaq  et le brabançon IMBC Spinnova.

“Pour des structures encore assez petites comme la nôtre, il n’est pas facile de lever des capitaux auprès des petits épargnants.” – Benoit de Bruyn, CEO de Newtree Impact

Parmi les investisseurs privés, on trouve Catalanfin (famille Vaxelaire), Fimmobel (famille Saillez), Jérôme et Augustin Lippens, Marc Delvaux, la famille Dallemagne (celle qui a repris le Monde sauvage d’Aywaille). Et plus récemment, la famille de Prêt, grand actionnaire historique d’AB Inbev, a également contribué au développement de Newtree Impact.

 En février dernier, Multifin, le family office des de Pret, a en effet apporté à Whitestone quatre participations, parmi lesquelles une exposition dans le fonds agroalimentaire singapourien Clay Capital. Et dans un second temps, Whitestone a apporté cette participation dans Clay Capital à Newtree Impact.

Elargir l’actionnariat

Aujourd’hui, la holding chapeautée par Benoît de Bruyn a réalisé 17 investissements dans trois domaines cibles : la lutte contre le gaspillage et la recherche de mode de production bien plus économe, le  food-tech et l’agri-tech, des sociétés qui veulent révolutionner l’industrie alimentaire et l’agriculture.

Toutefois, pour  continuer à  grandir et offrir davantage de liquidités aux actionnaires,  il manquait encore une corde à l’arc de Newtree Impact: élargir l’actionnariat aux petits particuliers via une augmentation de capital.  Mais Newtree Impact et ses 18 millions de fonds propres  se trouvait dans un no man’s land financier, trop grande pour attirer les acteurs qui soutiennent les petits projets, mais encore trop petite pour pouvoir réaliser une émission d’actions classique. « Et à un moment, je me suis dit qu’il y avait la possibilité de faire appel au crowdfunding. Je suis donc allé voir Spreds en leur exposant l’idée », poursuit Benoit de Bruyn. Et l’appel ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.

Capitaux. L’idée est d’élargir l’actionnariat aux petits particuliers. © Getty Images

« Depuis un petit temps déjà nous réfléchissons avec Euronext sur le moyen d’amener davantage de sociétés en Bourse et sur la manière de réaliser notre philosophie, qui consiste à démocratiser l’investissement et à en faciliter l’accès au grand public », explique le CEO et co-fondateur de Spreds, Charles-Albert de Radzitzky, qui rappelle que Spreds avait déjà réalisé l’IPO de Mazaro et que le cadre européen sur le crowdfunding approuvé fin 2020, offre la possibilité de lever jusqu’à cinq millions d’euros via des plateformes agréées et moyennant la publication d’une fiche d’informations simplifiée, un document bien moins lourd à concevoir qu’un prospectus.

Opportunités

Lorsque Benoit de Bruyn appelle Spreds, la plateforme y voit donc une belle opportunité d’opérations cochant toutes les cases. Et assez vite aussi, Newtree Impact propose que cette levée de fonds s’effectue via deux plateformes, Spreds et Ecco Nova, pour élargir la base d’investisseurs potentiels.

« Avoir l’opportunité de financer une société dont le cœur est l’investissement à impact était pour nous une chance qu’il fallait saisir parce que c’est vraiment notre mission. Nous ne voulions pas rater cela », note Pierre-Yves Pirlot, directeur associé d’Ecco Nova, qui ajoute : « traditionnellement, le crowdfunding investit dans des sociétés qui portent un projet unique, en souscrivant au capital de sociétés au stade précoce de leur vie ou en finançant des émissions de dettes. On est donc généralement sur un seul projet, la plupart du temps très localisé, territorialement et sectoriellement. Avec Newtree Impact, au contraire, le particulier aura l’occasion d’investir dans un portefeuille de sociétés plus mûres, et qui sont territorialement très diversifiées. Donc il y a une dimension internationale, avec évidemment un potentiel de croissance. C’est très rare pour Monsieur tout le monde d’avoir accès à ce type d’investissement ».

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