Ce lundi, Mitiska REIM a complété le rachat des sept hypermarchés Cora et de leurs galeries. Pour la première fois depuis l’annonce de l’opération en avril, ses dirigeants s’expriment et dévoilent leurs plans pour les galeries et pour le redéploiement, en plus petites cellules, de l’espace occupé par Cora. Ils collaborent aussi avec la cellule mise en place pour la reconversion du personnel qui sera licencié.
Le 8 avril dernier, le groupe Louis Delhaize annonçait la fermeture de sa dernière enseigne active : Cora et ses sept hypermarchés. Avec, à la clé, le licenciement collectif de 1.779 personnes.
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Cinq mois plus tard, une première page s’est tournée : ce lundi, Mitiska REIM est officiellement devenue propriétaire de la société immobilière du groupe Louis Delhaize, Galimmo, et de ses actifs, à savoir les hypermarchés Cora et leurs galeries commerçantes à Anderlecht, Woluwe-Saint-Lambert, Rocourt, Hornu, La Louvière, Châtelineau et Messancy.
Avant l’annonce du rachat immobilier en avril, concomitante avec celle de la cessation prévue des activités de Cora le 31 janvier prochain, le public n’avait sans doute jamais entendu parler de Mitiska REIM, une entreprise belge basée à Grand-Bigard. “Nous sommes une société d’investissement active dans l’immobilier, en private equity, souligne Axel Despriet, co-managing partner. Nous investissons dans toute l’Europe pour le compte de tiers que nous réunissons dans des fonds. Le but est évidemment de créer de la valeur.”
Montant confidentiel
“Le rachat Cora a été réalisé au nom de Merep 3, le dernier fonds que nous avons créé et qui a été clôturé en mars dernier, renchérit Sylvie Geuten-Carpentier, co-managing partner. Nous faisons évidemment partie des investisseurs qui ont constitué ce fonds. La transaction a donc été rendue possible grâce aux investisseurs qui nous font confiance. Ils ont permis d’assurer la partie financière de l’opération mais aussi le respect du plan social pour les employés de Cora.”
Inutile d’essayer, le montant de l’opération restera confidentiel. Tout au plus, les deux dirigeants concèdent-ils que c’est leur plus grosse opération à ce jour et un rachat de grande ampleur pour la Belgique. C’est somme toute logique puisqu’il s’agissait de mettre la main sur sept galeries commerçantes d’un coup. L’achat correspond à 228.000 m² de surface locative brute totale, dont 69.000 m² pour les galeries hors hypermarchés. Peu connu finalement chez nous, Mitiska REIM est pourtant le leader européen de l’immobilier de proximité. Elle gère 111 propriétés dans 11 pays européens, soit environ 1,3 million m² de surface locative brute. On y retrouve des retail parks alimentaires, de l’industrie légère multi-locataires, des espaces de self-storage et de logistique urbaine.
Début des travaux en octobre
Aujourd’hui, les hypermarchés occupent collectivement 95.500 m² d’espace commercial net et 64.000 m² destinés au stockage et aux services administratifs. Dans chacune des sept implantations, Mitiska REIM entend redéployer l’espace occupé par l’hypermarché en deux phases. D’ici au mois d’octobre, Cora va progressivement libérer la partie non alimentaire (des soldes et des périodes de liquidation sont en cours ou vont commencer). Les travaux de transformation de ce “demi-hypermarché” pourront alors commencer. Il va accueillir, dans les sept galeries, les deux mêmes enseignes.

“La première sera Dreamland sur environ 2.000 m², explique Axel Despriet. La seconde sera une enseigne alimentaire déjà présente en Belgique et donc, d’une certaine façon, concurrente de Cora. Elle propose une offre alimentaire en termes de qualité et de prix assez comparable à celle de Cora.
Nous avons d’ailleurs consulté le management de Cora pour déterminer, selon lui, l’enseigne la plus adaptée pour les zones de chalandise. L’enseigne annoncera son arrivée le 9 septembre prochain. L’ouverture des magasins est prévue le 1er février, au lendemain de la cessation des activités de Cora. Il faut que nous puissions maintenir la continuité pour la clientèle.”
Dreamland va donc étendre son parc en Wallonie et à Bruxelles. En effet, à Messancy, Rocourt et Woluwe, il s’agira de nouveaux magasins. À Anderlecht, Châtelineau, Hornu et La Louvière, l’arrivée dans la galerie suppose le déménagement, respectivement, des magasins existants de Drogenbos, Laneffe, Jemappes et La Louvière. Le personnel de ces quatre magasins accompagnera évidemment ce déménagement. Dreamland prévoit d’ouvrir Châtelineau, Hornu, La Louvière et Rocourt, après le réaménagement partiel des hypermarchés Cora, soit au 1er février prochain. Anderlecht Messancy et Woluwe ouvriront en août après le réaménagement complet.
Deuxième phase en février
En février, Mitiska REIM commencera donc le réaménagement de la dernière partie occupée par Cora qu’elle va diviser en une dizaine de cellules dont certaines disposeront au moins de 1.000 m². Quarante pour cent des contrats ont déjà été signés mais toutes les enseignes ont déjà été identifiées. Preuve de l’intérêt pour ce redéploiement, la demande a excédé l’offre…
“Le positionnement sera axé sur les besoins du quotidien, confie Sylvie Geuten-Carpentier. Le modèle hypermarché et cash & carry est en souffrance partout en Europe. L’évolution de la consommation et de nos modes de vie l’a rendu moins attractif. Quand un consommateur désire acheter une télévision, il désire du choix, du conseil et du service et donc un magasin spécialisé. Nous allons donc remplacer l’offre de Cora par de multiples magasins spécialisés et qualitatifs : textile, chaussures, électro-ménager, etc. Depuis une dizaine d’années, nous avons construit une véritable expérience dans le domaine. Nous redéployons un Albert Hein XL aux Pays-Bas de la même manière. En Pologne, quand la chaîne Tesco s’est retirée du marché, nous avons transformé l’un de ses hypers en un retail park de 15.000 m².”
“Nous allons remplacer l’offre de Cora par de multiples magasins spécialisés et qualitatifs : textile, chaussures, électro-ménager, etc.” – Sylvie Geuten-Carpentier (Mitiska REIM)
Qu’y retrouvera-t-on?
Le redéploiement de cette dernière partie doit être clôturé en août prochain. Que va-t-on y retrouver ? C’est encore un mystère mais… “Je ne peux rien dévoiler officiellement, sourit Axel Despriet, mais nous travaillons depuis des années pour 60 à 80 enseignes qui cherchent à se développer. Certaines réponses à vos questions s’y trouvent. Il y avait de l’intérêt certain de leur part pour les Galeries Cora mais jusqu’ici les cellules proposées étaient trop petites. C’est une des raisons qui nous ont poussés à regarder le dossier Cora au départ.”
Sur son site internet, Mitiska REIM dévoile des partenariats avec Lidl, Jysk, C&A ou Takko, une chaîne allemande de mode à petits prix. À en juger par les magasins présents à Couvin et à Malines, deux centres commerciaux développés chez nous par Mitiska REIM, on pourrait déduire que Lidl sera la marque alimentaire présente dans les sept galeries et retrouver les trois autres enseignes dans certaines d’entre elles. Par exemple, Takko est déjà présente à Hornu dans le centre commercial concurrent situé juste en face de la galerie Cora…
“L’offre dans cette deuxième partie ne sera, de fait, pas uniforme, poursuit Axel Despriet. Cela va dépendre de la spécificité de la zone de chalandise. Messancy n’est pas Woluwe-Saint-Lambert, par exemple. Mais aussi de la complémentarité avec l’offre déjà présente dans la galerie ou de la présence déjà actée d’une enseigne dans cette même zone de chalandise. Les shopping centers de Cora, ce sont quand même 22 millions de visiteurs chaque année. Nous voulons les garder et en attirer d’autres avec une offre qualitative et cohérente.”
Une nouvelle ambiance
Après la fin de la transformation des hypermarchés, viendra le tour, après l’été 2026, de la rénovation des galeries en elles-mêmes. Tous les locataires restent et semblent même très motivés par le dynamisme insufflé par les nouveaux propriétaires. À Woluwe, vu la demande, la rénovation ira de pair avec la construction d’une extension.
“Nous allons créer une nouvelle ambiance moderne. Un peu à l’image de ce que Galimmo a fait à Rocourt.” – Axel Despriet (Mitiska REIM)
“Nous allons créer une nouvelle ambiance moderne, explique Axel Despriet. Un peu à l’image de ce que Galimmo a fait à Rocourt. Elle aurait dû le faire partout mais la situation économique et financière ne l’a pas permis. Nous allons donner une deuxième vie à ces galeries et les remettre au goût du jour. Vous évoquiez le mauvais état du parking et du toit à Hornu. Il va de soi que tout sera remis à neuf. Le tout dans un délai assez court. C’est notre expérience et notre réseau qui permet cette rapidité. Je dois aussi souligner la bonne collaboration de la Région wallonne qui a répondu très rapidement à un certain nombre de nos questions. Notamment au niveau des différents permis pour rénover et transformer les espaces.”

Quid du personnel ?
Mitiska REIM n’a pas que racheté Galimmo et ses actifs. Elle a aussi décidé de reprendre les 12 personnes qui géraient la boîte au niveau opérationnel. Pour des raisons évidentes d’expertise, d’expérience et de transition réussie.
Le personnel des hypermarchés Cora n’est pas oublié. “Dans le cadre du plan social, nous soutenons la mise en place d’une cellule de reconversion par Cora et le Forem, conclut Sylvie Geuten-Carpentier. Dans chacun des baux que nous signons, le locataire s’engage à communiquer à cette cellule le nombre et le type d’emplois dont il va avoir besoin. Après la transformation, 1.400 emplois seront créés dans les nouveaux magasins. Je peux m’imaginer que nos locataires auront besoin de personnel qualifié qui a l’expérience de la zone de chalandise et de la clientèle. Cet aspect social, soit maintenir et créer de l’emploi, est essentiel dans notre stratégie de redéploiement.”