Meta mise sur l’IA
L’intelligence artificielle monte en puissance chez Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui s’apprête à livrer ses résultats du premier trimestre 2024. Des résultats en nette hausse, visiblement, d’ores et déjà dopés à l’IA.
Ce mercredi soir, Meta – la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp – publiera ses premiers résultats trimestriels de l’année 2024, juste après la clôture de Wall Street. Selon les analystes, ils devraient être nettement supérieurs au premier trimestre 2023 avec une augmentation de plus de 25% du chiffre d’affaires du groupe, porté à 36 milliards de dollars pour les trois premiers mois de l’année 2024. Les experts financiers tablent même sur un bénéfice de 12 milliards de dollars pour ce fameux « Q1 », soit un peu plus du double que celui réalisé un an plus tôt.
Toujours selon les analystes nord-américains, ces bons résultats seraient dus à la montée en puissance de l’intelligence artificielle au sein de groupe Meta qui se sert notamment de l’IA pour affiner l’efficacité de ses publicités ciblées et, par conséquent, faire payer davantage les annonceurs qui bénéficient de ce service amélioré.
Le triomphe de l’IA
C’est un fait indéniable : après le succès de ChatGPT porté par la société OpenAI, l’intelligence artificielle s’invite chez les plateformes concurrentes et pas seulement pour envoyer des publicités de plus en plus ciblées. L’expérience utilisateur entre aussi en ligne de compte et Meta vient d’ailleurs d’inaugurer, il y a quelques jours à peine, son nouveau modèle de langage dopé à l’IA : Llama 3, qui alimentera MetaAI et permettra aux utilisateurs d’effectuer diverses tâches telles que l’analyse et la génération de textes, ou encore la création d’images et même de vidéos.
L’explosion prévisible de ces nouveaux contenus générés par l’intelligence artificielle amène cette question posée aujourd’hui par Xavier Degraux, expert en marketing digital : L’IA va-t-elle tuer les réseaux sociaux ? Si la question peut, a priori, sembler racoleuse, elle n’en demeure pas moins pertinente. « Certes, l’IA permet d’améliorer la sacro-sainte ‘expérience utilisateur’ en la personnalisant à outrance, écrit Xavier Degraux, et elle permet aussi de pondre du contenu textuel et visuel plus ou moins potable en des temps records, mais ces volumes vont encore aggraver l’infobésité ambiante, qui pose déjà d’énormes problèmes individuels et collectifs. »
Avec ce danger pointé par l’expert en réseaux sociaux : « L’invisibilisation de certaines voix, y compris celles de médias ‘traditionnels’ et de politiques, noyées dans une espèce de discours gloubiboulga homogénéisé, d’autant que ces voix sont de plus en plus souvent contrées par des campagnes de désinformation et des deepfakes, qui sapent encore un peu plus la confiance dans les sources et les institutions les plus fiables ».
Trois vagues
Mais quid de la réponse définitive à la question : L’IA va-t-elle tuer les réseaux sociaux ? « Elle va les tuer tels qu’ils sont aujourd’hui, répond Xavier Degraux. On a connu une première vague avec des réseaux sociaux qui étaient, au début, dédiés à la famille et aux amis. On a eu ensuite une deuxième vague avec des réseaux qui se sont transformés en des plateformes de divertissement avec beaucoup de consommation passive et un côté social qui s’est réduit ou plutôt déplacé vers les messageries. On assiste à présent à l’émergence d’une troisième vague que je qualifierais de pré-métavers, avec la création d’énormément d’avatars qui pourront communiquer de manière industrielle. Pas sûr que les gens s’y retrouveront… »
C’est clair : le « Facebook de papa » est déjà mort et enterré. Place au « Facebook de l’IA ».
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