Les entreprises wallonnes progressent sur les infrastructures et services numériques de base, ressort-il du Baromètre 2025 de maturité numérique des entreprises wallonnes. La digitalisation des processus est aussi en bonne voie, mais reste trop centrée sur la gestion et les activités existantes, plutôt que sur une véritable vision stratégique.
Selon le Baromètre 2025 de maturité numérique des entreprises wallonnes, publié vendredi par l’Agence du Numérique, le score moyen de maturité numérique des entreprises wallonnes s’établit donc à 29/100. “Ce score peut sembler faible, mais il faut garder en tête que l’échelle de 100 est théorique et que ce baromètre a intégré de nouveaux indicateurs”, a précisé Hélène Raimond de l’Agence du Numérique lors d’une conférence de presse. “Ainsi, si on garde uniquement les indicateurs communs entre les baromètres 2022 et 2024, la maturité numérique atteint 31/100, soit une hausse de trois points par rapport à 2022.”
Ce score est divisé en quatre axes, dont le premier concerne l’infrastructure numérique. Celui-ci a progressé de deux points par rapport à 2022 pour s’établir à 31/100. Les entreprises wallonnes ont bien progressé sur l’usage de nombreux outils. Elles sont par exemple 65% à utiliser les services de base du Cloud, soit une hausse de 16 points. Les technologies liées à l’intelligence artificielle sont celles qui ont le plus augmenté, avec 19 points supplémentaires. Elles sont donc désormais utilisées par 24% des sociétés. Les entreprises restent par contre encore en retrait concernant l’usage de technologies avancées telles que les drones, la blockchain, l’impression 3D ou encore la réalité virtuelle (VR).
La déconnexion numérique en progrès
L’axe “Organisation” est celui qui a le plus progressé passant de 25/100 en 2022 à 35 en 2024. Le nombre d’entreprises ayant mis en œuvre le droit à la déconnexion numérique a bondi de 40 points pour atteindre 68%. Cette forte hausse s’explique en partie par le fait que ce droit est une obligation légale depuis fin 2022. Plus de la moitié des employeurs (53%, +22 points de pourcentage) déclarent que leurs collaborateurs sont compétent dans les domaines du numérique en interne et 42% (+22 pp) ont formé au moins un collaborateur dans ce secteur en 2024 (également une obligation légale depuis 2022). En revanche, seuls 24% (+4 pp) des employeurs affirment avoir formalisé une stratégie de transformation numérique.
C’est d’ailleurs là que les entreprises wallonnes sont le plus à la traine. En effet, la plupart d’entre elles utilisent le numérique comme un support aux activités existantes, plutôt que de l’envisager comme un outil d’automatisation et de transformation des processus. L’exploitation des données est notamment peu optimisée, 48% des entreprises n’ayant aucune stratégie en la matière. L’axe “Processus” a d’ailleurs régressé d’un point entre 2022 et 2024 (29/100).
Près de la moitié des entreprises possèdent un site web
Enfin, l’axe concernant les stratégies s’établit à 26/100. Les indicateurs concernant le nombre d’entreprises mettant en œuvre du marketing digital (60% +20 pp) et celles possédant un site web (49% +4 pp) sont en hausse, alors que la collaboration avec des startups (6%, -3 pp) et le suivi des sites web (41%, -2 pp) chutent. Il faut néanmoins noter que cet axe est “historiquement plus faible en raison du fonctionnement informel des petites structures qui caractérise le tissu régional” wallon.
Le Baromètre révèle d’ailleurs que la maturité numérique est largement supérieure dans les entreprises de grande taille (plus de 99 travailleurs) que chez les indépendants ou dans les TPE.
Pour aider les entreprises wallonnes à progresser, l’Agence du Numérique formule plusieurs recommandations, notamment l’accélération du déploiement de la fibre optique (seuls 17 % des sociétés en disposent), la formalisation de procédures relatives à la cybersécurité et le conditionnement des aides à l’existence d’un socle de cybersécurité minimal, ou la mise en place d’un parcours d’accompagnement à la digitalisation. Aider à une meilleure gouvernance des données et conditionner les aides à une base minimale de gestion des données font également partie des suggestions, tout comme la favorisation de l’adoption de l’IA, et pas uniquement les outils d’IA générative, et la formation des dirigeants et des collaborateurs.