Marc Raisière (Belfius): La crise comme accélérateur
Comment dresser les perspectives de son entreprise quand personne ne peut dire si les personnes et les marchandises circuleront normalement d’un pays à l’autre dans les six mois à venir ? Treize chefs d’entreprise et deux consultants tentent d’éclairer cette navigation à vue.
“La vie est sans cesse remplie d’incertitude, souligne Marc Raisière, le patron de Belfius. Celle-ci fait partie de nos métiers, et c’est la force de notre banque de dire que tout peut nous arriver”, ajoute-t-il.
Et puis, l’incertain n’est pas toujours le pire. “En juillet, août et ce début septembre, nous n’avons pas vécu de catastrophe, ni en termes d’exposition de crédits, ni en termes de volatilité des marchés. Et nous avons adapté notre coût du risque.”
Belfius a ainsi provisionné 393 millions d’euros, “essentiellement sur notre portefeuille de 15 milliards d’euros de crédits aux entreprises, après un long travail de screening ligne par ligne. Sur ce montant, 310 millions sont des provisions ex ante (sur des risques non encore matérialisés). Mais en regardant notamment cette appétence que l’on n’anticipait pas pour les restaurants dans les lieux touristiques, je me dis que le pire n’est jamais certain“.
Paradoxalement, la crise est un accélérateur. Elle permet à la banque de renforcer ses parts de marchés dans le crédit aux entreprises. “Curieusement, elle a mis formidablement en avant notre rôle de banquier vis-à-vis des entrepreneurs. Nous accordons davantage de crédits que les années précédentes, ce qui n’est pas le cas de toutes les banques.”
Les projets, aussi, s’accélèrent. “Le Covid nous a occupés en termes de gestion opérationnelle, mais il a permis de libérer du temps – j’avais plusieurs dîners par semaine que je n’ai plus – et donc d’aller plus vite. Sans cette crise, nous n’aurions pu signer avant la fin juin les accords avec Proximus (on devrait en savoir plus en décembre), d’entrer au capital de Skipr (filiale mobilité de D’Ieteren) et Immovlan.”
Et la mise en Bourse ? “Quand cette crise sera derrière nous, je crois que nous retournerons vers le gouvernement, quand il y en aura un, pour lui dire que ce serait bien de repenser à ce dossier”, répond le patron de Belfius.
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