Manta, le défi plastivore pour dépolluer les océans
Un nouvel acteur va s’attaquer à l’infernale pollution plastique des océans. Un bateau-usine baptisé Manta et profilé en catamaran plastivore. Dès 2024, il aspirera jusqu’à 10.000 tonnes de déchets plastiques par an et les convertira à son bord en électricité verte. Avec pour but d’être l’exemple à suivre, rejoint par une flotte d’autres nettoyeurs des mers.
Objectif 2024
Ecoeuré par la vision lors de ses courses autour du monde du désolant spectacle de zones maritimes totalement couvertes de déchets plastiques, le skipper français Yvan Bourgnon décidait en 2015 de fonder The Seacleaners.
35 Millions
En euros, le budget global du Manta. Soixante mécènes (dont la société belge Spadel) et cinq labos de recherche ont embarqué dans ce défi plastivore.
Entièrement dédiée à la dépollution des mers, l’association dégainait début 2021 son amorce de solution à l’infernale invasion plastique: le Manta, un catamaran de 56,5 mètres profilé en bateau-usine de récupération, tri, traitement et reconversion des détritus plastiques dont la masse croît chaque année de 12 millions de tonnes dans les eaux du globe. L’innovante raie Manta devrait se porter au secours du milieu aquatique dès 2024.
Principe innovant
Trois chaluts à l’arrière du bateau, deux grues pour extirper des flots les gros débris, des tapis roulants sous la plateforme et entre les deux coques avant… Le Manta est bien paré à “aspirer” les plastiques jusqu’à un mètre profondeur, au rythme de 1 à 3 tonnes à l’heure. Et en cas de zones peu accessibles comme les petits ports, criques ou baies, il y enverra ses “mobula”, deux plus petits bateaux taillés pour ramasser déchets et hydrocarbures dans des zones peu accessibles. Trente-quatre personnes peuvent tenir à bord du navire high-tech, dont 12 passagers (scientifiques invités pour mener des recherches). Une fois le volume utile de déchets embarqué, s’engage la phase de traitement. Après un tri à la main, l’essentiel des déchets seront broyés, compactés et dirigés vers une unité de conversion en énergie par opération de pyrolyse en gaz de synthèse. Lequel sera transformé, via une turbine, en électricité destinée à faire fonctionner le bateau. Les résidus solides (5 à 10%) seront stockés pour être ultérieurement valorisés comme composant de bitume, de ciment ou de combustible.
Courant porteur
Manta collectera et traitera en moyenne 10.000 tonnes par an. Une goutte d’eau face au gigantisme de la tâche et la prévision que si on ne fait rien, en 2050 les océans compteront plus de déchets plastiques (+ 12 millions de tonnes chaque année! ) que de créatures vivantes. Mais les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, Manta veut surtout être l’ambassadeur d’une prise de conscience et l’exemple à suivre, voire le vaisseau-amiral d’une flotte qui ne ferait que s’élargir. D’ailleurs, le Manta du futur est loin d’être seul à s’engager sur la vague verte. On connaît déjà l’Ocean Cleanup, du Néerlandais Boyan Slat et son Interceptor, barge de type catamaran utilisant une barrière flottante pour guider les déchets vers un tapis roulant, dans le but de collecter les rebuts plastiques de centaines de fleuves et rivières parmi les plus pollués du monde. Il y a aussi le Wasteshark ou la Great Bubble Barrier, conçus également pour capter les déchets plastiques avant que ceux-ci n’atteignent la mer. Evidemment, pour éviter que les océans ne deviennent des poubelles, le premier effort est avant tout de réduire l’utilisation du plastique sur la terre ferme.
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