Retour de Trump: “Un moment d’opportunité pour l’Europe”, selon Roberto De Primis (EURintelligence)

Roberto De Primis (EURintelligence)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Trends Tendances interroge des patrons au sujet du retour de Donald Trump. Pour Roberto De Primis, ancien journaliste et spécialiste des affaires publiques, ce retour souligne la nécessité pour l’Europe de renforcer son indépendance stratégique et économique. “Cette élection doit devenir un moment d’opportunité pour la construction européenne”, estime-t-il.

L’élection du 47e président américain doit devenir un moment d’opportunité pour la construction européenne, acquiesce Roberto De Primis, CEO d’EURintelligence, cabinet de stratégie et affaires publiques. Exprimer ses peurs ne sert plus à rien. Critiquer les Américains sans les comprendre ne sert à rien non plus. Craindre et trembler à chaque élection présidentielle américaine est le signe flagrant que nous, Européens, devons définitivement nous engager vers notre ‘indépendance’.”  

Cet ancien journaliste, qui connaît bien les États-Unis pour les avoir couverts, se dit d’ailleurs surpris de voir tout le monde effaré par le retour au pouvoir annoncé du républicain. “Ce pays évolue fortement, il faut arrêter de se voiler la face. D’ailleurs, nous avons déjà eu l’expérience de quatre années avec Donald Trump, ce qui est un avantage. De façon générale, la démondialisation est en route depuis de nombreuses années. Ce n’est pas lié au retour de Trump, c’est une tendance lourde !”  

Selon Roberto De Primis, il s’agit d’abandonner la posture “bien trop émotionnelle” manifestée par certains pour se retrousser les manches. “Que l’on ne me dise pas que l’on ne s’y attendait pas, appuie-t-il. La Commission européenne d’Ursula von der Leyen a organisé des réunions pour élaborer les scénarios en fonction de l’élection de Kamala Harris ou de Donald Trump.”  

Il faut donner davantage de pouvoir à l’Union européenne.

Responsable également du Cercle francophone des affaires européennes, cet ancien diplomate fréquente beaucoup les milieux industriels ou financiers. “Un concept que j’entends sans cesse, c’est celui de ‘souveraineté’, souligne-t-il. Si l’on relit les discours du président français, Emmanuel Macron, on le retrouve souvent. C’est donc bien vers cela que nous devons nous orienter. Il faut donner davantage de pouvoir à l’Union européenne.”  

Les rapports Letta et Draghi, du nom de deux anciens Premiers ministres italiens, sont là pour donner la marche à suivre, dit-il. Le premier concerne l’avenir du marché unique, le second concerne la compétitivité européenne. “Le rapport Letta est peut-être plus facile à appliquer dans sa volonté d’amplifier le marché unique. Il s’agit bel et bien de créer des équivalents d’Airbus dans certaines industries comme la santé, l’énergie, les technologies, les drones… Cela pose quelques soucis en matière de défense, mais des coopérations existent déjà.” Les objectifs poursuivis sont clairs : créer des économies d’échelle, éviter les doublons et doper l’innovation. Pour rivaliser avec les géants américains et chinois.  

“L’Union européenne a retenu la leçon de la crise ukrainienne et cherche à sécuriser ses chaînes d’approvisionnement”, souligne encore Roberto De Primis. Tout n’est pas négatif. Pour les matières premières ou les terres rares, des contacts sont noués positivement avec des pays africains, notamment, où l’approche plus respectueuse et stable véhiculée induit la confiance. “L’Europe possède des atouts à faire valoir… pour autant qu’elle parle d’une seule voix et que l’on simplifie des réglementations trop lourdes. Le message est passé chez Ursula von der Leyen. Il s’agit, par exemple, de passer d’une ‘Green Europe’ à une ‘Clean Europe’.”  

Cet observateur attentif de la cause européenne voit donc une opportunité dans la période qui arrive, si l’on décide enfin franchement de créer “plus d’Europe”, fut-ce en développant des collaborations à des vitesses différentes. “Cela dit, notre destin reste étroitement associé à celui des États-Unis sur le plan économique. Nos rapports commerciaux sont vitaux et nous représentons un marché important. Ce n’est pas parce que Trump va arriver au pouvoir que tout s’arrêtera du jour au lendemain.”  

Partner Content