Jensen Huang, CEO de Nvidia, un patron “impitoyable” ?
Comment dirige-t-on une entreprise qui se trouve à la pointe de la technologie et qui vaut plus de 2.200 milliards de dollars ? Sous ses airs cool et rock’n’roll avec son éternelle veste en cuir, Jensen Huang, CEO de Nvidia, est réputé comme un “impitoyable”. Quel est son style de management et quelles sont ses forces et faiblesses ?
Nvidia, une des entreprises dont en parle le plus en ce moment. C’est LE développeur de puces nécessaires à l’intelligence artificielle. Son cours boursier ainsi que ses bénéfices explosent. Nvidia est dans la foulée devenu un véritable pilier du marché.
Qui est donc Jensen Huang, l’homme qui tient la barre d’une entreprise d’une telle importance ? Et comment la tient-il, surtout ? Dans une récente interview à l’émission américaine 60 minutes, le CEO se livre sur son leadership. Interrogés dans le contexte de l’émission, des employés le décrivent comme “exigeant” et “perfectionniste” et trouvent qu’il n’est “pas facile de travailler avec lui”.
Jensen Huang ne dément pas ces attributs. Cela le décrirait “parfaitement”. Il renchérit : “Il devrait en être ainsi. Si vous voulez faire des choses extraordinaires, cela ne devrait pas être facile”.
Un management très direct
Il a cofondé Nvidia en 1993, et se trouve toujours aux rênes de l’entreprise 30 ans plus tard. Fait rare dans la Silicon Valley, rien qu’à cause du fait que de nombreuses entreprises ne survivent pas si longtemps. Mais quel est donc le style de management qui distingue Huang ?
Beaucoup plus de personnes lui rapportent directement que dans d’autres entreprises. Il y en a 50 (contre 10, en moyenne), a-t-il récemment indiqué à la presse. Il souhaite ainsi réduire les “couches inutiles de management”. Il ajoute que les responsables de Nvidia sont supposés être très indépendants et qu’il ne leur donne pas beaucoup de consignes ou de compliments.
Mais même si ces attributs peuvent sembler négatifs, ils ne font pas fuir les collaborateurs, au contraire. “Les travailleurs d’une entreprise très en vue comme Nvidia ont généralement d’autres options, mais ils choisissent de rester aussi longtemps qu’ils le peuvent,” analyse Sankalp Chaturvedi, professeur à l’Imperial College Business School, à Londres, dans les pages de CNBC.
Il ajoute que ces 50 rapports directs peuvent être très chronophages. En avoir moins pourrait être plus efficace, mais Huang aurait trop tendance à tout vouloir contrôler, analyse-t-il.
Orienté sur les tâches
Wladislaw Rivkin, de la Trinity Business School, s’est aussi penché sur le management du CEO né à Taïwan en 1963. Pour l’expert, Huang, qu’il décrit comme “impitoyable”, affiche un “style de leadership qui accorde de l’importance à l’exécution des tâches, à la fixation d’objectifs ambitieux et au contrôle des performances.”
Ce style serait efficace car il permet de motiver les troupes, en les mettant au défi. “Nous disposons d’un grand nombre de preuves, à la fois dans le domaine du leadership et dans celui de la recherche sur la motivation, que les défis peuvent motiver les gens et leur permettre d’atteindre un niveau de performance maximal”, explique l’expert.
Selon ce dernier, il s’agit d’une orientation très impersonnelle, le plus important étant la tâche et pas la personne qui l’effectue. Il estime que Huang pourrait s’améliorer à ce niveau-là. Car, en cas de pénurie de main-d’oeuvre et de talents, cette image dure pourrait dissuader des candidats.
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