Laurent Louyet, manager de l’année: “Grandir, dans l’automobile, était une nécessité”
Honoré d’être le quarantième manager de l’année, Laurent Louyet raconte, dans notre Trends Talk, sa passion pour l’automobile et la croissance de son groupe qui emploie désormais 900 personnes. “Si cela peut encourager d’autres personnes à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat, j’en serai heureux”, dit-il. Non sans évoquer la mutation du secteur et un “auto-bashing” qu’il regrette.
Laurent Louyet, CEO du Groupe Louyet et 40e manager de l’année de Trends-Tendances, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. C’est la première fois depuis 1985 qu’un acteur du secteur de l’automobile est primé.
“Je suis très honoré d’avoir remporté ce magnifique prix économique, d’autant que je participais les années précédentes en tant que spectateur, nous dit-il. On parle énormément du secteur de l’automobile pour le moment, surtout dans le cadre des transitions. Je suis ravi que l’on en parle positivement, cette fois.”
Laurent Louyet, à la tête d’un groupe occupant plus de 900 personnes, est l’héritier d’une histoire familiale de trois générations. A 42 ans, il se dit “fier de montrer que tout est possible”: “si cela peut encourager d’autres personnes à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat, j’en serai heureux”.
“Une passion pour l’automobile”
L’histoire est belle. Tout a démarré en 1959 dans une petite concession à Charleroi, quand BMW était loin d’être ce qu’elle est devenue aujourd’hui: la marque la plus vendue en Belgique. Le grand-père de Laurent Louyet, Léon, lance un petit garage après une carrière de cycliste professionnel: il fait partie de ces pionniers qui accompagnent l’explosion de l’automobile. Après que son père ait fait grandir l’entreprise familiale, l’actuel CEO n’hésite guère à se lancer, à 22 ans. “J’avais une passion pour l’automobile, cela a toujours été une évidence pour moi de reprendre l’entreprise depuis que je suis en âge de penser à ce que je vais faire plus tard.”
Une évidence, mais ce n’est pas le cas dans toutes les concessions automobiles, tant le secteur est en mutation. “Le marché changeait déjà énormément, dit-il. Les équipes étaient en train de grandir, on voyait qu’il fait s’orienter vers une logique multi-sites. Nous avions deux implantations, à Charleroi et Sambreville, mais j’avais une vision plus ouverte sur le fait de grandir.” Une ambition.
“Des économies d’échelle”
Laurent Louyet a su saisir les opportunités pour atteindre aujourd’hui les 800 millions de chiffre d’affaires et représenter d’autres marques de prestige, dont Rolls Royce. “Le fait de grandir, ce n’est pas pour le plaisir de grandir ou d’avoir beaucoup plus de volume, explique-t-il. Le principal, c’était de créer des économies d’échelle, il n’y a pas d’autre solutions pour augmenter notre place sur le territoire. Cela permet aussi d’avoir des personnels de qualité et des spécialistes dans chaque département. Aujourd’hui, nous avons la chance de ne plus avoir la nécessité de grandir encore.”
Le secteur est en effet soumis à une pression de plus en plus forte. Pression qui augmente encore avec l’électrification à marche forcée des véhicules et la diminution radicale du service après-vente. “Cela change fameusement le métier, reconnaît Laurent Louyet. Il n’y a pas d’inquiétude à court terme: le thermique ne va pas disparaître du jour au lendemain. Même si la vente des véhicules thermiques est interdite en 2035, il restera un parc automobile important. Cela donne du temps pour s’adapter.”
Cet amoureux de l’automobile souffre-t-il de l’auto-bashing qui accompagne parfois la prise de conscience écologique? “L’automobile est parfois trop décriée à tort. Il y a énormément de progrès qui ont été accomplis. Les émissions de CO2 n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient dans le passé, même pour les moteurs thermiques. C’est le résultat de la pression des pays, c’est vrai. Mais on tape un peu trop fort sur le secteur comme si c’était le seul à l’origine des émissions.”